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Sourires en boîte à lettres

J’écris des lettres à des inconnu.e.s. Je vous raconte !

Ces dernières années ma mère vivait seule chez elle. Son grand âge l’ayant isolée de son voisinage, je lui téléphonais quotidiennement, ou presque, pour qu’elle ait eu au moins une opportunité de raconter à quelqu’un les petits riens de sa journée. Un rituel bien installé qui la conduisait à prendre des notes pour être certaine d’avoir quelque chose à me raconter. Pour moi aussi, c’était important. Je ne raccrochais pas tant qu’elle n’avait pas ri. Souri du moins, un sourire s’entend, même au téléphone. Je lui racontais des bêtises, des anecdotes, des broutilles.

Ils me manquent aujourd’hui ces échanges quotidiens. Je me prends encore à prévoir de raconter ceci ou cela le soir même. Mais il n’y aura pas d’appel en rentrant du travail.

Ce temps, je le consacre désormais à l’association 1 lettre 1 sourire. J’écris des lettres à des personnes âgées inconnues hébergées en maison de retraite, en pensant à ma mère. En tenant de les faire rire ou peut-être seulement sourire. J’aimerais être une petite souris et observer le visage de mes lecteurs, voir si mes mots agissent sur eux comme un câlin. Et peut-être un jour franchirai-je le pas en rendant visite à l’un d’eux.

Vous vous souvenez comme j’aime les smiley ? Rien n’est hasard, tout est destinée.

 

Dans le bruit d’un café

Depuis longtemps, probablement depuis la Covid et tout ce qui en a découlé pour moi, je n’avais pas écrit, attablée dans un bistrot. Mais tout dernièrement, en attendant une amie, j’ai commandé un café, sorti mon ordinateur et j’ai commencé à écrire. Et immédiatement retrouvé ce plaisir de laisser vaquer son esprit dans le bruit des verres choqués, du percolateur, de la rue, et de bribes de conversation. Jusqu’à ce que deux copines viennent s’installer à la table voisine et se confient l’une à l’autre. Pour l’une il s’appelle Medhi, pour l’autre Nico… et je n’ai pas plus écrire plus longtemps. 🤭 😇

Une limace dans le panier anti-gaspi

Tu trouves pas qu’il a un goût étrange ce saucisson ? – Non, c’est du saucisson halal.

Et pourquoi on mange des œufs de caille, c’est pas une idée bizarre ? – Les poules se sont fait la malle ce matin.

Deux gâteaux dans le week-end, c’est beaucoup, non ?, on va prendre dix kilos – J’avais des tonnes de fruits mûrs à écouler.

Elle est bonne ta soupe, mais je ne parviens pas à en définir le goût dominant. – Normal, y’a tout un tas de trucs dedans.

Chéri ne se formalise pas, il a l’habitude. La faute aux paniers anti-gaspi, tout ça. On ne sait jamais sur quoi on tombe et c’est justement ce qui m’attire.  Quand je vais en chercher un, bien fermé, dans une boutique voisine, je suis comme une gamine de cinq ans devant son cornet surprise, je n’attends même pas de sortir de la boutique pour fourrer le nez dedans.

Deux sachets de laitue périmés le jour même, c’est beaucoup. Bons pour la soupe.

Des légumes racines et des pommes défraichis ? Frites au four et compote.

Du hachis végétal ? Ca te dit, chéri, un Chili végé ?

Chéri est bon public. Et moi, je dois avoir l’âme d’un chasseur-cueilleur. Plus cueilleur que chasseur, sans la crainte de revenir bredouille et avec un placard bien garni au cas où la cueillette serait décevante. Ca aide sans aucun doute.

Voyons voir de quoi sera constitué notre dîner… C’est devenu un jeu. Quand la routine de la préparation des repas me lasse, je cherche un panier sur ToGoodToGo. Plus cher certainement qu’une grille de loto mais sans risque de perdre et avec, en numéro complémentaire, une bonne conscience écolo assurée par le système.

Une fois cependant, j’ai laissé perdre un article. Honte à moi, je devrais reverser l’équivalent en compensation carbone. Vous auriez vu ma tête lorsque j’ai extirpé d’un panier Naturalia un tuyau noir sous cellophane d’une belle longueur !  Un truc gluant prétendant être une « friandise au goût réglisse ».

La tête d’un chasseur-cueilleur devant une limace !

Illustrations empruntées aux sites Les jardins bleus et Le jardin de Petitou

 

Les pépites

Chaque journée contient sa pépite, j’en suis convaincue, mais parfois il faut attendre le soir pour tomber dessus, parfois encore il faut se creuser les méninges pour identifier quel est ce moment qui a illuminé, ne serait-ce qu’un instant, sa journée.

Et parfois, la grâce vous tombe dessus dès le matin et de façon criante, et votre journée est ensoleillée pour de bon.

Il y a quelques jours, pour me rendre au boulot, je circulais dans un couloir de la station Nation. Dans l’escalier qui mène à la ligne 6, je remarquai un jeune homme qui s’était arrêté et disait à une femme coiffée d’un étrange chapeau mou : « Vous n’avez plus qu’à grimper ces trois marches et vous y serez. Ca ira ? » La femme lui répondit, sans que je comprenne ses propos, d’une voix de petite fille niaise qui dénotait avec sa large carrure.

J’étais installée dans une voiture de la ligne 6 quand j’entendis cette même voix de gamine. Je quittai des yeux mon bouquin pour apercevoir le chapeau de laine avachi. « Y’a quelqu’un qui descend à Nationale ? Parce que j’ai besoin d’être accompagnée. » Je lui fis signe que non, les autres voyageurs de notre petit groupe la regardèrent sans répondre. J’allais lui suggérer d’interroger l’autre extrémité de la voiture quand une femme élégante lui proposa de s’asseoir à côté d’elle. « Je vais plus loin que vous mais je descendrai pour vous aider. » La chapeautée la remercia vivement de sa gentillesse après lui avoir expliqué qu’elle avait des vertiges et qu’elle risquait, sans aide, de tomber dans les escaliers. « C’est tout à fait normal, madame, lui répondit l’élégante, dans la vie il faut se soutenir ».

Je quittai la rame avant elles, heureuse d’avoir assisté à cette scène. Ma journée commençait bien !

Quelques jours plus tard, je piétinai sur le quai à Nation, en rentrant après le travail, quand j’entendis à nouveau cette voix flûtée si reconnaissable. « C’est gentil, madame. » La femme au chapeau informe était accrochée au bras d’ une jeune fille qui semblait la guider jusqu’à l’escalier.

Je souris et les remerciai toutes les deux en pensée pour cette pépite du soir.

Reprises en azulejos

La semaine dernière, je vous ai parlé du travail de Jan Vormann qui rafistole les monuments avec des plaques de lego. En y citant l’oeuvre d’Ememen, et sa façon bien à lui de réparer les trottoirs avec de la mosaïque, cela m’a rappelé un article de radio France,  signalé par mon amie Nicole (dont je vous parle souvent) à la suite justement de mon post sur cet artiste.

Il y est question d’une autre initiative de réparation de la chaussée, cette fois-ci par un collectif de femmes, les K-releuses, qui oeuvrent dans le nord-est de Paris, le long du canal de l’Ourq, avec des carreaux qu’elles fabriquent dans l’esprit Azulejos. La ville de Pantin en parle aussi.

Je m’étais promis d’écrire quelques lignes sur ce blog après être partie aux beaux jours sur les traces de ces carreaux bleus et blancs. Je ne les ai toujours pas vus de près mais l’envie est toujours bien ancrée dans mon esprit. Les initiatives de street art telles que celles-ci, vraiment, je trouve qu’elles embellissent la ville et la vie.

Méfiance

Méfiance ? Oui, des mots.

Mais pourquoi donc ?

Les mots blessent, endorment l’esprit, envoûtent, pervertissent, trompent, dénoncent, assassinent, déçoivent, attristent, peuvent nous faire crier de douleur ou d’indignation, être des ennemis, des usurpateurs, des snippers, des félons, des ingrats…

Les mots peuvent aussi être ensorceleurs, cajoleurs, câlins, complices, amis, dépaysants, entrainants, galvanisants, nous donner la pêche, nous faire rire, pleurer de joie, danser, hurler de bonheur, nous divertir, nous apaiser, nous ouvrir des ailleurs, nous sauver.

Les mots sont tout, je vous laisse poursuivre ces listes en commentaire.

Photo prise rue de Belleville à Paris.