Archives de catégorie : Mes livres

Le portefeuille de Julia

Vous êtes une fée ! elle m’a lancé au téléphone.

Comme si ça ne suffisait pas. Comme si la rencontre avec son portefeuille ne m’avait pas assez troublée.

C’est mon chéri qui a trouvé l’objet ce matin-là devant la porte du garage de notre immeuble.

Nous avons tout de suite pensé à un voisin qui l’aurait laissé tomber. En l’ouvrant pour identifier son propriétaire, on a bien vu qu’il n’en était rien. Aucune Julia R. parmi nos voisins, mais des documents d’identité que sa propriétaire devait rager d’avoir égarés.

Et c’est alors, pour la retrouver et la rassurer rapidement, que j’ai mis le nez dans ses affaires.

Ce qui m’a sauté aux yeux, c’est que le contenu de son portefeuille aurait pu être le mien. Je veux dire qu’il est quasiment le même que le mien.

Une carte d’identité ancien format, un permis de conduire en trois volets de carton rose, des cartes de mes boutiques favorites, une carte sécu, un badge d’entreprise… Tout pareil !

En l’absence de numéro de téléphone, j’ai déplié sa carte mutuelle pour vérifier son adresse, en principe plus à jour que les documents d’identité. Et là, le choc ! Julia et moi sommes nées la même année, nos époux aussi, tout comme nos fils. Une famille clone à quelques encablures de chez nous.

En trois clics, j’ai trouvé Julia et son fils sur Internet et leur ai laissé des messages. Je vais attendre ce soir pour déposer le portefeuille au commissariat, je pars demain pour quelques jours, j’ai précisé.

C’est le fils qui m’a répondu en premier, comme je m’y attendais. Plus connecté que sa mère.

Et juste après Julia m’a appelée. On n’a pas beaucoup parlé, elle était tout excitée. Elle m’a dit qu’elle allait venir récupérer son portefeuille. Et c’est alors qu’elle a ajouté, Vous êtes une fée !

Elle aurait pu dire plein d’autres choses, Vous me sauvez ! Vous êtes tombée du ciel ! C’est le Seigneur qui vous envoie ! C’est rare les gens honnêtes. Ou rien du tout. Mais elle a dit Vous êtes une fée, exactement comme je l’exprime dans Merci Gary, mon deuxième roman, en y défendant l’idée que le meilleur est souvent possible parce qu’on peut tous être la fée (ou le génie, les hommes aussi !) de quelqu’un.

Et vous ne savez pas la meilleure ? Elle partait en vacances le lendemain. Comme nous !


Excellente rentrée à toutes et tous !

Les paroles s’envolent

« Les paroles s’envolent, les écrits restent, dit le proverbe, je n’y crois pas ! Les paroles sont assassines, trompeuses ou excessives alors que les écrits sont réfléchis, sincères et précis.
Les paroles ne s’envolent pas ; elles s’incrustent.
Les écrits ne restent pas, ils caressent. »

En lisant ces lignes attribuées à Bruno Combes dans Ce que je n’oserai jamais te dire, je pense à mon premier roman, Point à la ligne, dont le fil rouge réside dans les écrits. Des écrits dans lesquels des femmes en proie à des doutes trouvent la force d’avancer, de dépasser leurs hésitations.

« Les paroles s’envolent, les écrits restent » ai-je fait dire à la mère de l’une des héroïnes qui vouait un véritable culte à la lecture. Tel un mantra.

La force des écrits est assurément plus puissante que celle des paroles. Les écrits assassins ont des lames en acier trempé. Les écrits caresses sont infeutrables. Mais que penser des écrits jetés à la vite dans un mail, un post ou sur un bout de papier ? Ceux-là très certainement échappent à la règle.

Image par Gerd Altmann et Talpa de Pixabay

boite a tabac ancienne

La boîte à tabac

boite a tabac ancienneDans ma bibliothèque cette kitchissime tête de marin. Une boîte ancienne offerte par un oncle en souvenir de ses parents il y a longtemps déjà. C’est elle qui m’a inspiré ce passage dans  Point à la ligne :

Adrienne parcourt du regard les bibelots alignés. Des bougeoirs, une lampe à pétrole, des bonbonnières, des vide-poches, des cendriers, des statuettes. Elle s’accorde d’en conserver seulement trois et son choix se porte d’abord sur la boîte en fine porcelaine représentant une tête de marin coiffée d’une casquette, avec le nom Deauville écrit sur la visière. Marcel et elle avaient tellement ri de cette tête grisonnante et barbue, pipe à la bouche, en imaginant Marcel ainsi quelques décennies plus tard, qu’ils l’avaient achetée. C'était lors de leur premier voyage ensemble, son mari et elle. Son second mari à vrai dire.

J’ai découvert depuis qu’il s’agit d’une boîte à tabac. Adrienne ne pouvait l’ignorer.

Bizarres rencontres

Des rencontres bizarres, on en fait tous. J’ai déjà parlé du drôle de montagnard du métro. Mais il y a quelques semaines, ce fut un âne, tiré par une jeune femme  avenue Daumesnil à Paris. Plus récemment, près de la station Chevaleret un homme simplement vêtu d’un slip et d’un pull, dont le visage était barbouillé de blanc, comme à la gouache. Et ce matin, dans le métro, une fillette dont la tête m’évoqua celle d’un jeune renard. Yeux ronds, petit nez, menton court et oreilles pointues.

Sur l’instant chacune de ces rencontres me renvoie à la récurrente interrogation sur la possibilité d’existences parallèles. Ces gens-là viennent-ils d’un autre monde, d’un monde fantastique qui cohabiterait avec le nôtre ? Qui ferait que tout est encore plus possible , le meilleur comme le pire, tel que Marie, l’héroïne de mon roman Merci Gary, le découvre ?

Extrait :

Marie, déjà revenue dans le séjour, l’entendit à peine. Elle ouvrit la baie vitrée. S’appuya sur le muret de brique entourant la terrasse, comme pour reprendre son souffle après avoir manqué d’air. Jetant un œil à la courette arborée en contrebas, elle y aperçut un chat blanc qui la traversait. Sa course lui parut bizarre, il bondissait comme un lièvre. À cet instant, un hululement de chouette retentit à proximité. Elle ne s’en étonna pas plus. Rien, ce jour-là, ne pouvait la surprendre au-delà de ce qu’elle était en train de vivre à l’instant.

Image Pixabay

Devenez lecteur ou lectrice privilégié.e

Je vous l’ai annoncé récemment, j’ai revu ce blog pour être en mesure de mieux dialoguer avec vous. Si vous me confiez votre adresse mail (promis je ne vais ni la vendre ni l’utiliser sans votre accord, j’ai quelques principes !), je pourrai vous adresser en avant-première des infos, et surtout une micro-fiction que je ne publierai que plus tard. J’espère parvenir à en écrire une par mois tout en continuant à avancer sur mon roman en cours. Une façon pour vous de devenir lecteur ou lectrice privilégié.e et pour moi de compter sur un cercle rapproché de lecteurs.

Je vais très prochainement envoyer la première newsletter mensuelle. Vous êtes prêt.e ? Il suffit de vous inscrire tout de suite sur la page dédiée.

Un cadeau vous attend déjà, la nouvelle Lignes et lames extraite de Point à la ligne, à découvrir ou re-découvrir.

La réalité dépasse la fiction

Quand la réalité dépasse la fiction !

Aux Etats-Unis, deux jumeaux viennent de naître deux années différentes, l’un le 31 décembre 2021 à 23h45, l’autre le 1er janvier 2022 à 0h. Un évènement relayé dans les médias internationaux. Une chance sur deux millions que cela arrive, dit un article.

Quinze minutes et une année civile d’écart pour Alfredo et Aylin, les deux bébés jumeaux. Une différence spectaculaire qui n’aura très certainement rien d’anodin sur la vie de ces deux enfants. Parce qu’avec désormais un ainé et un cadet, ces jumeaux n’en sont plus.

C’est le prétexte de mon roman en cours d’écriture et je ne pouvais supposer, quand j’ai commencé à imaginer cette histoire il y a près de trois ans déjà, que la réalité viendrait crédibiliser mon histoire.

Pierre et Lucas, mes deux héros, sont eux aussi nés jumeaux à une année civile d’écart. Un commencement inimaginable pour une vie d’incompréhension…

…mais il va vous falloir encore patienter pour découvrir leurs aventures.

 

Le petit polémiste

Il y a deux semaines, j’avais annoncé la lecture d’une pépite. Je vous la dévoile.

Le petit polémiste de Ilan Duran Cohen (Actes Sud) est la satire d’une société dominée par la bien pensance, la régulation des relations sociales, les interdits et injonctions à tout va au nom de la santé morale et psychique, de l’avenir de la planète et de l’équité multilatérale. Cette dystopie fait autant grincer des dents qu’elle étire les zygomatiques. Je l’ai adorée et aussitôt recommandé sa lecture à des proches. Et à vous maintenant.

J’ai découvert cette petite merveille grâce à un post de Pascal Perrat, sur Linkedin je crois. Pascal et son épouse Sylvianne, tous deux coachs en écriture, ont eu la gentillesse de m’accueillir dans leur merveilleuse maison girondine il y a quelques années déjà, quand j’écrivais Point à la ligne. Leurs conseils et encouragements furent décisifs.
Dans son blog Entre2lettres, Pascal propose très régulièrement des exercices d’écriture créative qui sont de petites perles pour délier les doigts et les neurones. Avis aux amateurs !

Un instant dans la vie de JK Rowling

Intéressante lecture que ces nouvelles de Marianne Jaeglé rassemblées sous le titre Un instant dans la vie de Léonard de Vinci et autres histoires. Marianne, qui fut l’animatrice d’un atelier auquel j’ai participé en 2016-17 quand j’écrivais Le voisin du 7e, a imaginé le moment décisif dans la création d’une œuvre, celui qui fait basculer l’existence d’un artiste. Elle nous raconte ainsi avec son talent de conteuse les instants majeurs de 21 artistes mondialement célèbres. Parmi eux, JK Rowling, l’auteure qui me fascine et pour laquelle j’ai moi-même imaginé une scène de « révélation » dans Merci Gary, mon deuxième roman. Loin de celle de Marianne, assurément à des années lumière de la vérité. D’ailleurs mon héroïne à moi s’appelle Jenna R. King et a écrit Gary Plotter. Toute ressemblance est bien sûr fortuite. 🙂

Upcycling

Image par congerdesign de Pixabay

Lors d’une promenade dans le centre-ville, je suis entrée dans une boutique éphémère. L’une des exposantes proposait des créations en upcycling. Des pièces de tissu (rideaux, nappes, draps, foulards…) achetés chez Emmaüs et transformés par ses soins en vêtements. Si cette pratique a désormais le vent en poupe, dans un esprit développement durable, elle n’a rien de nouveau. Nos aïeules avaient cette sagesse et les savoir-faire nécessaires : elles recyclaient ! Les pulls étaient détricotés, la laine lavée et retricotés, les boutons décousus avant de donner un effet, on assemblait, on raccommodait avec ingéniosité et créativité. Les vêtements des adultes étaient retaillés pour les enfants, ceux des ainés pour les plus jeunes, les vieux lainages servaient de bourre à coussin, les tissus fin de doublure… Le recyclage était infini. J’en parle justement dans la nouvelle Point à la ligne de mon recueil éponyme :

« C’est elle (NDLR : il s’agit de la mère d’Adrienne, l’héroïne) qui préparait les repas en prenant bien soin d’éplucher le plus finement possible les pommes de terre, reprisait les chaussettes, cousait des sacs dans les vieux draps pour emballer des aliments ou du linge, ou encore coupait des serviettes hygiéniques pour ses deux filles et elle dans les draps de bain élimés. »

Upcycling aujourd’hui, usage de bon sens autrefois.