Archives de catégorie : Humeur

Les soeurs Poubelle

Ce matin, en petit-déjeunant dans ma cuisine, j’observe la sororie Poubelle. Elles ont chacune leur caractère.

La plus constante est Verre, une vraie force tranquille qui ne paie pas de mine.

La petite dernière Déchets Organiques est déjà goulue. Comme dans bien des famille il a fallu pousser les murs pour l’accueillir mais elle a rapidement trouvé sa place. Je dois l’avouer, elle est ma préférée.

Déchets Ménagers, qui la laisse allègrement lui piquer sa pitance a considérablement minci. Elle flotte dans son manteau qu’il va falloir retailler sans tarder. Elle est ainsi Déchets Ménagers, toujours prête à se serrer la ceinture. Il y a trois ans déjà, elle a décidé de se mettre au régime sec et de laisser cette folle de Recyclable s’en mettre plein la panse.

Elle m’inquiète celle-là. Je perçois sa souffrance et ses efforts à tenter de cacher sa boulimie derrière un sourire enjôleur. Je ne sais pas encore où elle va vomir en cachette mais, franchement, il va falloir s’attaquer au problème. Ca ne peut pas durer !

Mon petit déjeuner est terminé, à ce soir les Poubelle !

Image : Pixabay

 

Les trous de conjugaison

L’une de mes pépites de ces derniers jours, ce roman d’Ingrid Naour ! Je ne saurais dire ce qui me réjouit le plus, d’avoir lu ce texte débordant de vie et d’humour ou d’avoir déniché cet ouvrage dans le rayonnage d’une bibliothèque d’hôtel. Les deux assemblés certainement comme un gâteau et sa cerise.

Quelle belle idée que cette bibliothèque bien fournie dans un hôtel paumé dans la campagne ! C’est le format du roman, je crois, qui m’a attirée. Une centaine de pages pour un court séjour, c’était jouable. Le titre aussi. Les trous de conjugaison, késako ? L’auteure que je ne connaissais pas, la collection qui n’était pas celle d’un roman de gare. Et la 4e de couverture évidemment que je vous livre en photo parce que je ne saurais faire mieux pour vous décrire ce texte à dévorer comme une bouchée au chocolat.

Au fait, il semble que les trous de conjugaison, ce sont des orifices situés de part et d’autre de la colonne vertébrale. Et quand les nerfs rachidiens qui y passent s’y coincent, ça fait très mal ! Voilà pour le sens propre. Quant au sens figuré que je suppose voulu par l’auteure, disons que notre héroïne, gourmandes des mots, les envoie pas mal virevolter ! Et c’est tordant.

 

Wabi-sabi

Je me suis lancée, enfin !

J’ai participé à un atelier de kintsugi, depuis un moment cela me titillait, je vous en avais parlé. J’ai lu pas mal de romans (dont La patience des traces) et d’articles sur cet art japonais ancestral de la réparation de céramiques, qui consiste à souligner les défauts, à les sublimer, au lieu de les cacher. Un art qui demande du temps, de la patience où il est question de wabi-sabi et dont je voulais mieux appréhender la philosophie.

A l’hôpital des céramiques

Deux heures au chevet de mon pot cassé, à le recoudre, le panser, le perfuser avec de l’urushi, cette sève naturelle au coeur de la technique. L’observer et apprendre à connaitre son grain, sa blessure pour la magnifier sous la poudre d’or.

En soignant ma céramique, je pensai à mes propres cicatrices, à ces dessins que, devant le miroir de ma chambre, j’avais parfois tracés par-dessus, au stylo bille, avant de m’habiller. Une longue tige sur la balafre abdominale se ramifiant en autant de roses que de marques laissées par le passage de drains. Et un papillon sous l’omoplate droite, sur la couture qui enferme encore la chambre d’injection. Mes cicatrices ont blanchi, à n’être désormais qu’à peine visibles. Plus jeune, plus marquée, j’aurais, je pense, envisagé de prêter mon corps à un kintsugi de tatouages. Les analogies que je découvrais dans ces deux techniques me troublaient, mais la suite ne fit que m’ébranler encore un peu plus.

Quand l’incident surgit

Je quittai l’atelier ma céramique ornée d’or insuffisamment sèche, calée dans un sac à fond plat. Bousculade sur le quai du métro, sac serré contre moi dans une rame bondée. Je sentais vaciller la santé du pot. Quand je le déballai enfin sur la table de ma cuisine, je ne pus que constater ses nouveaux stigmates. Des filets d’urushi dorés dégorgeant de rouge, comme autant de sutures exhalant un pus sanguinolant. Il n’y avait rien d’autre à espérer que d’attendre la fin complète du séchage et imaginer comment composer un nouveau dessin en intégrant ses nouvelles imperfections. Dans un tatouage, dans un kintsugi, comme dans l’existence, aucun retour possible en arrière.

Que la patine triomphe

Quelques années plus tôt, j’aurais pesté contre cet accident, englobant dans mon courroux l’animatrice de l’atelier, les usagers du métro, la RATP et ma petite personne qui n’avait su gérer ce transport. Et certainement, bougonne, aurais-je remisé dans un coin sombre le pot mal foutu.

Je déposai ma céramique blessée sur une étagère de mon salon, bien en vue. Posai à ses côtés un chevalet de papier. Ne pas toucher, en séchage long, le temps de la résilience. Plusieurs fois je passais devant, je la regardais, me demandant si j’allais la retoucher ou bien laisser à nu les marques de son histoire. Mais l’évidence ne tarda pas à s’imposer, c’est ainsi que je l’aimais avec son rouge bavant sous son or, avec la patine et les cicatrices de son parcours de vie, avec sa beauté dans l’imperfection que les  japonais nomment le Wabi-Sabi.

Il n’était plus question de retouche.

puzzle

Pièces de vérité

Ma nouvelle Une nuit aussi blanche qu’une feuille a fait couler de l’encre… Des lecteurs m’ont témoigné leur sollicitude et apporté des conseils pour favoriser le sommeil. Merci beaucoup à eux, à vous.

Mais rassurez-vous, je dors plutôt bien. Dois-je rappeler que les histoires que je vous livre sont des fictions ? Certaines, je le signale parfois, sont proches du récit, mais toutes renferment une part d’imaginaire majoritairement prépondérante. Si j’opte souvent pour une narration à la première personne du singulier, c’est pour mieux incarner mon personnage mais c’est bien lui qui s’exprime. Pas moi.

Certains d’entre vous peuvent se souvenir de mon premier roman, Point à la ligne, dans lequel je prêtais des confidences à un couteau, à une quinquagénaire trompée, à une jeune Community manager ainsi qu’à une vieille dame. Aucun lecteur ne s’est essayé à m’imputer des activités tranchantes, bien heureusement, ni à m’imaginer en maison de retraite ou en geek esseulée, mais quelques-uns se sont aventurés à croire mon couple en danger. Evidemment c’était facile. Que dire de mon dernier roman Le voisin du 7e où il est question d’un couple doublement adultère ? Je vous laisse transposer…puzzle

Dans tout récit il y a de la fiction et dans toute fiction de l’autobiographie, il ne peut en être autrement, je crois. J’affirme d’ailleurs que l’un des plaisirs de l’écriture réside dans la faculté à piocher par-ci par-là des pièces de réalité et à les déposer sur la grande toile de la narration.

Au fait, pour bien dormir, j’ai les gélules Garantie nuit complète, celles de la pub à la télé. A moins qu’elles ne soient que le fruit de mon imagination, allez savoir…

Skandar

Frustrantes sagas jeunesse

A Noël 22, j’ai reçu le 1er tome de Skandar, de A.F. Steadman, un roman pour ado – de quelqu’un qui me connait bien !- mais j’ai attendu presque un an pour l’atteindre dans ma Pal et, captivée, j’ai filé jusqu’à ma librairie pour m’offrir le second tome et le lire dans la foulée (in extremis, le dernier exemplaire, celui avec la fiche de lecture collée dessus !). Dès le mois de mai, je devrais pouvoir dévorer le tome 3, mais il me faudra attendre une année supplémentaire pour le tome 4 et une de plus pour le 5. Et pendant tout ce temps, je fais quoi, moi ?, à me demander si Skar va sauver l’île ou non ?

Cela me rappelle bien des sagas jeunesse, Harry Potter, de la célébrissime J.K. Rowling,  dont j’avais englouti les 4 premiers tomes en quelques semaines et dû patienter des années pour parvenir au bout de la série ; Eragon de Christopher Paolini dont la sortie du dernier opus a pris des années-lumière. Par chance, j’ai connu La passe-miroir de Christelle Dabos une fois toute la série publiée. Et ça change tout ! Alors j’en fais le serment – doigts croisés dans le dos – je ne lirai plus que des sagas entièrement publiées, foi de lectrice !

PS : Et mince, en vérifiant l’orthographe du nom de l’auteur, je viens d’apprendre qu’un nouveau Eragon est sorti il y a quelques semaines. Hé les auteurs jeunesse, vous n’avez pas fini de jouer avec mes nerfs !

Les pépites

Chaque journée contient sa pépite, j’en suis convaincue, mais parfois il faut attendre le soir pour tomber dessus, parfois encore il faut se creuser les méninges pour identifier quel est ce moment qui a illuminé, ne serait-ce qu’un instant, sa journée.

Et parfois, la grâce vous tombe dessus dès le matin et de façon criante, et votre journée est ensoleillée pour de bon.

Il y a quelques jours, pour me rendre au boulot, je circulais dans un couloir de la station Nation. Dans l’escalier qui mène à la ligne 6, je remarquai un jeune homme qui s’était arrêté et disait à une femme coiffée d’un étrange chapeau mou : « Vous n’avez plus qu’à grimper ces trois marches et vous y serez. Ca ira ? » La femme lui répondit, sans que je comprenne ses propos, d’une voix de petite fille niaise qui dénotait avec sa large carrure.

J’étais installée dans une voiture de la ligne 6 quand j’entendis cette même voix de gamine. Je quittai des yeux mon bouquin pour apercevoir le chapeau de laine avachi. « Y’a quelqu’un qui descend à Nationale ? Parce que j’ai besoin d’être accompagnée. » Je lui fis signe que non, les autres voyageurs de notre petit groupe la regardèrent sans répondre. J’allais lui suggérer d’interroger l’autre extrémité de la voiture quand une femme élégante lui proposa de s’asseoir à côté d’elle. « Je vais plus loin que vous mais je descendrai pour vous aider. » La chapeautée la remercia vivement de sa gentillesse après lui avoir expliqué qu’elle avait des vertiges et qu’elle risquait, sans aide, de tomber dans les escaliers. « C’est tout à fait normal, madame, lui répondit l’élégante, dans la vie il faut se soutenir ».

Je quittai la rame avant elles, heureuse d’avoir assisté à cette scène. Ma journée commençait bien !

Quelques jours plus tard, je piétinai sur le quai à Nation, en rentrant après le travail, quand j’entendis à nouveau cette voix flûtée si reconnaissable. « C’est gentil, madame. » La femme au chapeau informe était accrochée au bras d’ une jeune fille qui semblait la guider jusqu’à l’escalier.

Je souris et les remerciai toutes les deux en pensée pour cette pépite du soir.

Depuis plus de 1000 jours

Il y a trois ans un cancer du pancréas m’était diagnostiqué. Taux de survie à 5 ans, 11%, ça fiche un coup sur la tête. Pourtant jamais au cours de ces plus de 1000 jours je n’ai cessé de croire en ma bonne étoile.

Aujourd’hui je vais bien. Le petit renflement sous ma clavicule droite, là où a été implantée une chambre d’injection, me rappelle quotidiennement qu’une récidive est encore probable, c’est mon Memori à moi. Je me souviens, mais la vie est la plus forte.

Plus que jamais, je suis reconnaissante envers le corps médical qui m’accompagne, le système de prise en charge français, mes amis et ma famille qui m’entourent. Merci à tous !  Et à mon étoile aussi, merci.

Image par Florian Pircher de Pixabay

Méfiance

Méfiance ? Oui, des mots.

Mais pourquoi donc ?

Les mots blessent, endorment l’esprit, envoûtent, pervertissent, trompent, dénoncent, assassinent, déçoivent, attristent, peuvent nous faire crier de douleur ou d’indignation, être des ennemis, des usurpateurs, des snippers, des félons, des ingrats…

Les mots peuvent aussi être ensorceleurs, cajoleurs, câlins, complices, amis, dépaysants, entrainants, galvanisants, nous donner la pêche, nous faire rire, pleurer de joie, danser, hurler de bonheur, nous divertir, nous apaiser, nous ouvrir des ailleurs, nous sauver.

Les mots sont tout, je vous laisse poursuivre ces listes en commentaire.

Photo prise rue de Belleville à Paris.

 

Gribouillis

Vous gribouillez, vous aussi ? Moi, souvent, surtout en réunion. Autrefois en classe. Une habitude impossible à maîtriser, le stylo appelle ma main, c’est ainsi. D’ailleurs je ne cherche plus à m’en défendre. Voyez un peu mon cahier de notes professionnelles, une page sur deux au moins a son gribouillage !

Mais il parait que ce n’est pas si grave que ça. Ouf ! Le gribouillage aurait même ses vertus. Il doit y avoir des tas de trucs écrits sur le sujet, mais ce vieil article en dit assez pour rassurer : bienfaits du gribouillage.

Il y a peu, mes gribouillages m’ont inspiré des toiles.

Prudence ! Pour épargner mes murs, mieux vaut que j’aie toujours un stock de papier à portée…