Archives mensuelles : février 2022

Smiley

Le temps de sourire

Smiley a 50 ans !

Je viens d’apprendre qu’il est né en 1972, qu’il a été utilisé pour la première fois le 1er janvier de cette année-là par le journaliste Franklin Loufrani dans le journal France-Soir.  Il s’agissait pour lui de mettre en avant des récits qui remontaient le moral des Français. Cette opération, baptisée «Prenez le temps de sourire », fut un succès immédiat (Quelle bonne idée ! Dans la morosité actuelle, il faudrait en relancer une très vite !).

Je me souviens surtout comme on s’est emparé dans les années 70 de cette tête ronde, jaune et souriante. Année après année, on l’a vue se décliner en différentes couleurs, avec des mimiques drôles et moins drôles, être détournée, parfois maltraitée, virer à l’émoticône. Mais Smiley est resté, sans jamais passer de mode, sans prendre une ride (il a bien de la chance !).

Un copain de toujours

Smiley est pour moi comme un copain d’enfance, un copain un peu plus jeune à la bonne humeur communicative, et toujours présent dans ma vie sous une forme ou une autre. J’en ai eu des tee-shirts à l’effigie du joyeux luron, des trousses, des porte-clés, des carnets et même un ordi. La preuve, je viens de retrouver cette photo dans une chronique de 2018.

J’ai changé d’ordi depuis mais je vais vous avouer quelque chose, sans chercher bien loin dans mes tiroirs, je peux vous montrer un tee-shirt, un sweat, un porte-clé, des chaussettes avec sa mimique dessus. Je l’ai dessiné, peint, brodé… c’est facile, vous me direz, un cercle, deux yeux, une bouche, pas besoin d’être Van Gogh. Quatre traits pour faire naître un sourire. Et sourire en retour. « Use your smile to change the world, but don’t let the world change your smile. » 50 ans que je craque !

Le temps de Smiler

Il est toujours temps de sourire, il est même plus que jamais ce temps-là, et plus seulement qu’avec les yeux. Les masques sont en train de tomber, profitons-en ! Alors, sans attendre je vais porter mon sweat, me rendre aux galeries Lafayette qui organisent un évènement en l’honneur de mon ami de 50 ans et sourire avec lui !

Take the time to smile – Prenons le temps de sourire !

Vous avez certainement vous-aussi vos Smiley préférés. N’hésitez pas à m’envoyer des photos !

feu de cheminée

Petit éloge du feu de bois

Un bon feu dans la cheminée, mon bonheur campagnard !

Quand je me rends chez ma mère entre octobre et mars, allumer le feu dans la cheminée est un rituel. Dans mon appartement, je n’ai pas cette possibilité-là et ça me manque !
Le feu qui crépite dans l’âtre est mon bonbon d’hiver. Avec son goût sucré qui s’installe sur la langue et dans les souvenirs.
Le plaisir commence par les quelques pas jusqu’au bûcher souvent dans un froid ardent. La morsure du gel avant celle du chaud. Tout le contraire du salutaire sauna que je laisse aux nordistes.
Il  convient de bien choisir ses bûches, ni trop épaisses ni trop fines, en évaluant la durée de la flambée.
Les bras chargés des bûches et de petit bois, on regagne la maison en laissant derrière soi une trainée de débris. Le gros pull qu’on a sur le dos sera à secouer lui-aussi. Le bois mort est friable, sa copine, la balayette, n’est jamais bien loin
Puis vint l’installation du bois dans la cheminée, tout un art. Un lit de papier journal et de branchages, deux bûches en V reposant sur les chenets. Chacun y va de son conseil, la soirée commence !
Enfin la tête de l’allumette qu’on frotte contre la boîte. Le papier s’enflamme. Quelques minutes à regarder le feu naître. Attentifs. Comment va t-il se comporter ? Un réajustement des bûches parfois. Quelques coups de soufflet. Le bufadou, on l’appelle en occitan.
On surveille, on jauge, on apprécie, la naissance des braises, la hauteur, la couleur, la vaillance des flammes. Certains feux se la coulent douce, d’autres sont gaillards, certains hésitants. Tout un spectacle ! On en parle, on l’entretient, on l’asticote, le feu est comme un jeune enfant, il ne peut laisser indifférent. Et la soirée file au coin du feu.

Un plaisir sensuel et plus encore

Le feu active tous nos sens. La lueur, les craquements, l’odeur, la chaleur et même le plaisir des papilles quand on y fait rôtir une châtaigne, un chamallow, un quartier d’agrume.
Il invite à discuter, à échanger, à lire… et à bouger. Vous en connaissez, vous, des feux avec télécommande ?
En somme, il nous épargne la télé et ses abêtissants programmes.

En voie de disparition

Du bien, il en fait, à l’âme, au corps, au cœur, c’est indéniable. On pourrait le considérer à recommander, à ajouter à sa liste des attitudes forme, entre les 5 fruits et légumes et les 10 000 pas quotidiens. Mais non !
Selon le ministère de la Transition écologique, un feu de bois de deux heures dans une cheminée à l’ancienne recracherait autant de particules fines qu’un vieux diesel lors d’un aller-retour Lille-Perpignan. Alerte pollution !
Equiper la cheminée d’un insert, d’un feu factice, la remplacer par un poêle à bois… il y a bien sûr des solutions plus écologiques. Sans odeur ni saveur. Des bonbons d’hiver au goût et à la couleur synthétiques.
Mon feu de joie d’hiver va disparaitre. L’allumer me pince désormais le cœur. Je pense au camion diesel, à la cheminée qui, un jour, s’affaissera sous les coups de marteau. Et je me love tout près de lui comme mes aïeuls autrefois dans le cantou, attendant, les prunelles enflammées et les joues cramoisies, parlant peu, que l’heure du coucher vienne les tirer de cette douce léthargie.

 

 

 

 

 

lettre

L’homme de la gare vous attend

lettrePour découvrir en avant-première, L’homme de la gare, un court récit, inscrivez-vous immédiatement à ma newsletter !

Bug, bug, bug

C’aurait pu être le refrain d’une chanson, c’est malheureusement ce qui m’est arrivé dans mes tentatives éditoriales en ligne. Ca n’a pas arrêté de buguer et rebuguer. Ca a bogué et rebogué, devrais-je peut-être écrire.

Ces derniers jours, j’avais l’impression de danser au rythme du refrain. Un pas en avant, bug, un pas en arrière. Un pas en avant, bug, un pas en arrière. Je faisais du surplace. En musique, bug, bug, bug*, dans une danse forcée.

Des extensions nécessaires impossibles à installer, des fenêtres qui valsaient, un éditeur de texte cabotin… j’ai bien failli jeter l’ordi par la fenêtre. Heureusement, mon geek préféré, Jérôme, est toujours là pour me venir en aide. Il a reconnu que je n’avais pas de chance sur ce coup-là, que des bugs, j’en avais plus que mon lot.

Mais sa cape de super héros du Net restait insuffisante contre l’adversité. Il séchait lui aussi et je restais incapable de m’adresser à mes lecteurs privilégiés. Il a fallu mettre sur l’affaire l’éditeur du logiciel lui-même. Après quelques jours d’attente et deux ou trois allers-retours, le bug a été résolu. Je ne vous dis pas quel était le problème, je n’ai rien compris.

L’homme  de la gare  en avant-première

Allez hop, c’est le nouveau refrain. Beaucoup plus joyeux. L’homme de la gare est le titre de la micro-nouvelle écrite à votre attention. Il ne me reste plus qu’à l’adresser à ceux et celles qui la souhaitent avec ma toute première newsletter. Je suis impatiente.

Juste un petit problème

Le truc pas cool, c’est que j’ai perdu dans le trou noir numérique les adresses mail des personnes qui se sont inscrites avant mardi dernier. Si c’est votre cas, SVP, veuillez vous  réinscrire. Je suis désolée !

Je vous attends. A très vite !

* Cette double répétition me rappelle le titre de l’une de mes anciennes nouvelles, Bise, bise, bise. Vous vous en souvenez ? Pour ceux et celle qui veulent la retrouver, c’est par là.

Illustration Pixabay

Ignorance

Il y a un an, à peine remise de l’intervention chirurgicale qui me débarrassait d’une tumeur, je me préparais à endurer six mois de chimiothérapie. Je me préparais façon de dire, on connait si peu d’une épreuve tant qu’on n’y a pas goûté.

Savoir sans savoir

Je ressentais de la part de mes amies étant passées par une épreuve similaire une délicatesse fleurtant avec de la gêne à vouloir m’en informer sans me miner le moral. Je m’en suis contentée, préférant ignorer ce qui m’attendait réellement, me convainquant que chacun avait son ressenti, et que le mien ne pouvait que se révéler moins désagréable.

J’ignorais combien les six premières séances allaient se révéler dures, j’ignorais que tous les quatorze jours j’en passerais trois à absorber du poison et sept à tenter de l’évacuer, que mes doigts, mes orteils, mon nez, ma gorge ne supporteraient plus le moindre contact avec du froid, qu’avaler seulement une gorgée d’eau à température ambiante me crisperait douloureusement la mâchoire, que la nutritionniste allait me tancer (et chercher des solutions !) pour chaque kilo envolé, moi l’éternelle abonnée aux kilos en trop.

J’ignorais que j’allais perdre tous mes cheveux (coupe radicale gratuite), que ma famille souffrirait autant mais se montrerait si forte, que mes copines égrèneraient avec moi le compte à rebours des douze séances, que, telle une amoureuse, j’attendrais fébrilement un homme un dimanche sur deux. L’aussi dévoué qu’efficace Royce, qui me libérait de la fiole de poison, un financier devenu infirmier par vocation.

J’ignorais que j’aurais l’impression de sortir de la mine quand la septième séance et les suivantes furent allégées (plus que sept jours pourris sur quatorze, ça change la vie, croyez-moi), que je rencontrerais des infirmières en oncologie aussi attentionnées (on peut tout leur demander ou presque, ça donne presque envie d’abuser !) et des patients aussi formidables , qui sourient à la vie malgré les crasses qu’elle leur fait.

J’ignorais que je mettrais six mois de plus pour retourner au travail, que je ne pourrais pas reprendre mon poste, qu’il me faudrait en quémander un autre moins contraignant, que la façon de travailler évoluerait autant en quelques mois de Covid que changer d’entreprise ne m’aurait pas fait de plus grand effet. J’ignorais qu’une journée de huit heures au bureau pouvait se révéler aussi exténuante, que mes collègues ne me reconnaitraient pas avec mes cheveux courts poivre et sel, mes nouvelles lunettes et ma silhouette amincie. Le masque sanitaire n’aide pas, il est vrai.

J’ignorais ce qui m’attendait comme j’ignore ce qui m’attend. La vie est pleine de surprises, des pires comme des meilleures, c’est ce qui lui donne du goût.

Aimer la vie

Tous les trois mois désormais, un rituel, analyses de sang, scanner, consultation et le même verdict jusque-là, état de rémission. Je pourrais être en train de me savoir condamnée à court terme mais j’ai repris le travail. J’ignore comment je réagirai si jamais un jour le traitement doit reprendre. J’ai côtoyé des patients sous traitement de chimio depuis des années, en continu ou au fil des récidives, qui acceptent leur situation avec gratitude, heureux de chaque jour gagné. Il faut sacrément aimer la vie pour accepter cette souffrance. Et dire que d’autres la gaspillent.

J’ai aussi appris l’essentiel. La valeur de l’amitié, du temps. À profiter des miens, de chaque jour, de chaque bonheur. À accepter de n’être que de passage. Un pas forcé vers un semblant de nécessaire sagesse. Pourtant, comme chacun, j’oublie souvent cet essentiel-là et me laisse entraîner vers bien des futilités. Dans le mouvement de la vie, tout simplement.

Et l’illustration dans tout ça ?

Mais que vient faire la photo du Lot dans cette chronique ? me direz-vous. Douée comme tu es avec l’informatique, tu as dû te planter d’image.

Cette fois-ci pas de bug, c’est bien celle que j’ai choisie. Je l’ai prise depuis le village de Douelle, en aval de Cahors, il y a quelques jours. Ses contours flous m’évoquent l’ignorance ; le courant de la rivière, la vie et l’ambiance apaisée, la sagesse.

Plus honnêtement, peut-être avais-je surtout envie de partager cette photo avec vous comme mon humeur du jour.

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