Archives mensuelles : octobre 2016

tenir-la-mainIl la tenait par l’épaule. Ils étaient quasiment de la même taille. Nous étions proches, eux et moi, dans cette rame chargée de fin de journée de travail.

Elle caressait son visage tandis que son autre main était agrippée à la barre. « Ca te va bien un peu de barbe » lui dit-elle en lissant du bout des doigts les quelques poils blonds de ce visage adolescent. « Tu fais moins jeune. Ma tante m’a dit que je t’avais choisi trop jeune ». Il la regarda en souriant, ses yeux bleus pétillaient de malice. Avec son polo porté sous un bomber et sa mèche rebelle, il avait un air de Tintin.   « Comment ça trop jeune ? Pourtant elle était présente à notre mariage ; je faisais pas homme dans mon costume ? » Elle le regarda avec amour.

La rame de métro ralentit. Il la serra plus fort contre lui. Leurs joues se touchèrent. Il déposa un léger baiser au coin de ses lèvres. Elle ferma les yeux un instant. Elle était aussi pâle que lui mais on devinait que sa carnation à elle devait beaucoup à un fond de teint. Ses cils étaient allongés et collés en petits paquets par une couche de mascara noir. Sa bouche était rouge carmin.Elle  n’avait pas d’âge.

Je réalisai alors qu’on ne voyait pas ses cheveux, cachés sous un foulard gris fer bien ajusté sous le cou et qui retombait en cascade sur son blouson en jeans.Ils firent un pas vers la porte et quand ils quittèrent la rame je remarquai sa longue jupe noire informe qui descendait à terre masquant même ses chaussures.

Je regardai songeuse leurs silhouettes s’éloigner sur le quai, main dans la main.

 

Deux nouvelles raisons d’écrire !

cartes

Cartes achetées à La Chaise Longue rue de Rivoli.

 

cat-photosIl n’y a pas que les mots pour raconter des histoires. Avec ses clichés en noir et blanc, mon amie Lydie nous révèle superbement son canal Saint-Martin, dessus et dessous.

Exposition ce week-end à l’Agence du canal, rue Beaurepaire.

http://lydiehacquet.wixsite.com/histoiresdl

118169_couverture_Hres_0Ce livre de Marcello Fois explore les relations entre deux jumelles. Ses propos tout en nuances et suggestions nous révèlent deux femmes tiraillées entre complicité et rivalité, tels des animaux sauvages.

À propos de l’une : « Soudain, elle prenait cet aspect de prédateur qui digère à l’ombre, après avoir nettoyé une carcasse. Fier, indolent, les pattes croisées. »

Au sujet de l’autre : « Elle était furieuse, mais envers elle-même, parce qu’elle savait qu’elle retomberait dans le piège. Qu’elle tenterait encore une fois d’avoir raison. »

Angela et Natacha, les deux jumelles héroïnes de mon premier roman, inabouti, sont ainsi, toujours prêtes à sortir les griffes mais inséparables. J’ai hâte de les retrouver…

Présentation de l’éditeur :

http://www.seuil.com/ouvrage/cris-murmures-et-rugissements-marcello-fois/9782021181692

Ligne 9, ma 13899607833_ac4b9ae863_bligne 5 jours sur 7. Deux femmes viennent s’asseoir à côté de moi tout en poursuivant leur conversation, une aubaine pour elles ces deux places face à face.

Elles parlent fort. « Antony s’est cassé le bras en faisant du skate… »

« République » annonce la sono du train.

« Une méchante fracture ». Je ferme mon livre. « Il ne s’est pas déjà cassé la clavicule l’année dernière ? »- « Oui, c’est un vrai casse-cou, sa mère n’arrive pas à le faire tenir tranquille… »

« Strasbourg-St Denis »

« Il a quel âge maintenant ton petit-fils ? » – « Tout juste dix ans. » – « Mon fils, il s’est cassé pas mal de choses aussi quand il était gamin. Entre le ski et le foot, il avait toujours quelque chose de travers, et aujourd’hui il n’a aucune séquelle.  » – « Mais là c’est différent. Il a fait des examens complémentaires… »

« Bonne Nouvelle »

« … on lui a diagnostiqué un cancer des os. »

 

 

 

Finituen-attendant-bojangles-223x330de, cette petite maison d’édition bordelaise, n’avait édité que 4 romans arrivés par la Poste quand le manuscrit d’Olivier Bourdeaut leur parvient. Coup de coeur. Avant parution, ils le proposent à des éditeurs étrangers. C’est un carton : avant d’être publié le livre est vendu dans huit pays, puis dix de plus… Folio achète les droits du format poche.

Les journalistes s’emballent, les libraires s’enflamment, le succès est au rendez-vous. Des centaines de milliers d’exemplaires vendus…

Le couple gérant la maison d’édition garde la tête froide. Il gère le succès, se débrouille pour produire suffisamment et engrange des capitaux  qui lui donneront la sérénité nécessaire pour éditer peu et bien comme il le souhaite depuis toujours.

Une belle histoire !

« En attendant Bojangles » est désormais dans ma liste des prochaines lectures…

Source : Le magazine littéraire, juin 2016 (Merci à Nicole !)

https://www.finitude.fr/index.php/livre/en-attendant-bojangles-2/