Sous le vent côtier les arbres s’amusent. Ils rient, se contorsionnent, s’enroulent comme un escargot ou foncent, immobiles, toutes cornes devant, se hissent sur la pointe des racines, piquent du nez ou font le pont. Ils ne veulent pas être pris au sérieux et ils ont bien raison !
Photos prises dans la baie de Cayola en Vendée, en juillet 23.
Nous sommes au cœur du mois d’août. Dans mon magasin bio, la file d’attente s’étire devant la seule caisse ouverte. Le jeune employé patauge. C’est quoi ? l’entends-je demander à sa cliente en désignant un bouquet de blettes. Et ça, une courgette ? Non, un concombre. La cliente, une femme d’âge mûr comme on dit poliment, lui a-t-elle fait les gros yeux en le renseignant ? Je n’étais pas sûr, se justifie-t-il pour faire bonne figure.
Plus facile pour un jeune rat des villes de différencier un Iphone 12 d’un 11 qu’un navet d’une betterave. J’imagine le formateur voué à l’intégration des nouvelles recrues, devant une planche PowerPoint de courges, pointant avec son stylo laser une cucurbitacée jaune. Et faisant répéter en cœur : courge spaghetti. Puis, passant à une forme verte : concombre. Avec pour contrôle des connaissances un test comme dans les jeux d’été où il s’agit de relier noms et images. Et les élèves qui se creusent la tête : concombre ou courgette ? melon jaune ou courge spaghetti ? Tandis que les copains font des math ou posent du carrelage…
Une employée secourable s’invite dans la file. Paiement en carte bleue ? interroge-t-elle pour orienter ces clients-là, dont je fais partie, vers les caisses automatiques.
En un tour de main, elle active les écrans et nous attribue à chacun une caisse.
Me voyant batailler – comme d’habitude ! – lors de l’étape de la pesée, elle se tourne vers moi et m’aide à chercher mon article dans la liste aussi longue que celle des fournitures pour une rentrée des classes. Graines de courge.
L’homme à la voix forte
Derrière nous, un homme parle fort au jeune employé de caisse. Je veux voir le responsable, clame-t-il. Nadia ? appelle doucement le novice.
Je termine avec ma cliente et je viens, répond l’employée, Nadia donc, sans se détourner de ma pesée.
C’est elle la responsable ? s’assure la grosse voix. Oui, Monsieur.
Courge ? Graine ? En vain. L’article est bel et bien absent de la liste du vrac. Venez, je sais qu’il est référencé au niveau des caisses centrales, me dit Nadia en m’invitant à patienter derrière une cliente qui déballe nonchalamment ses achats sur le tapis roulant.
J’ai laissé… tente alors aussitôt l’homme à la voix de stentor.
Bonjour Monsieur, que puis-je faire pour vous ?
Je sens la responsable aussi contractée que des abdos d’haltérophile.
Bonjour M’dame, j’ai laissé mon CV à lui-là à la caisse. Je peux travailler quand vous voulez. Je suis réglo vous savez. Carré, souligne-t-il en dessinant un cube avec ses mains. Carré.
L’homme est grand, massif, coiffé d’un casque de moto. Juste a-t-il pris la peine d’en soulever la visière.
D’accord, Monsieur, répond Nadia, le feuillet dans une main, l’autre occupée à scanner l’article sur lequel butte son apprenti.
Du genre balourd
Vous vous lavez les cheveux à l’huile d’argan ? lance-t-il.
Nadia, le regard toujours rivé sur la caisse en service, ne moufte pas. Je remarque seulement un imperceptible froncement de ses yeux.
Vous vous lavez les cheveux à l’huile d’argan ? insiste le lourdingue de sa voix toujours aussi tonitruante.
Cette fois, c’est la mâchoire de Nadia que je vois réagir avant d’entendre sa réplique.
Vous voyez tout le monde-là ? Vous trouvez que c’est le moment de me parler de mes cheveux ?
Elle l’a à peine regardé, juste pour lui faire comprendre qu’il était bien la source de son indignation. Je perçois dans son trouble combien il la met mal à l’aise.
Ils sont beaux vos cheveux pourtant.
Nadia hausse les épaules. C’est bon ! lâche-t-elle excédée.
Ils sont beaux pourtant, comme vous, ajoute-t-il en croyant chuchoter.
La cliente ayant terminé de compter sa menu monnaie, Nadia saisit mes deux articles pour les déposer sur le tapis, se détournant ainsi clairement de l’importun qui choisit enfin de s’en aller.
C’est quoi ça ? demande le jeune caissier en ouvrant le sachet de graines.
Des graines de courges, lui répond sa superviseuse. Là, regarde.
Recalé sans sommation
Tandis que le jeune s’active sur son écran tactile, je pense gaiement aux apprentis vendeurs bataillant avec l’identification des dizaines de sortes de graines en rayon : graines de chia, de courges, de tournesol, de pavot… De quoi laminer un formateur même jeune, dynamique et ambitieux.
Nadia se tourne vers moi, affable, avec un rien d’irritation encore accroché au visage. Voilà, l’article est passé.
Merci, lui dis-je en posant ma carte bancaire sur le terminal de paiement. Et en lui décernant un sourire amusé, j’ajoute en désignant du menton le CV qu’elle tient toujours en main : Vous allez vous empresser de l’embaucher celui-là ?
Je vois sa main se crisper légèrement. Le temps que je range mes articles dans mon sac, elle s’est ressaisie. Captant mon regard, elle écarte ostensiblement les doigts.
Le CV se détache de sa main.
Et chute comme une feuille morte.
Elle n’a pas lâché mes yeux.
La feuille disparait derrière le comptoir comme s’il venait de l’avaler. Alors seulement nous échangeons un sourire complice.
Certaines images trottent dans la tête. De la rétine, elles s’infiltrent dans notre esprit et y restent le temps qu’elles veulent.
Mon amie Nicole m’avait dit avoir été titillée par la photo de la porte ouverte que j’ai postée l’année dernière. Cet été elle lui a inspiré un joli texte que je partage avec plaisir, et avec son autorisation.
Territoires
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Dans le parc familier, si souvent arpenté à l’affût des surprises rituelles. Des
arbres émaciés et noircis se couvrant d’une brume verte, s’étoffant de
frondaisons aux multiples nuances, jaunissant, brunissant, s’effeuillant.
–
Dans le parc familier, un matin d’hiver, une porte a poussé sur la pelouse
raréfiée. Bien fixée sur son chambranle blanc laqué. Rouge. Ouverte. Délimitant
un en-deçà et un au-delà. Du connu et de l’inconnu.
Dans le froid, le parc désert et silencieux devient menaçant.
–
Le lendemain. La porte est fermée. Au delà de la cloison invisible, une autre
porte se dresse. Bleue, ouverte. Plus loin, une autre, mauve, entrebâillée ?
D’autres encore. Et le parc se morcelle en zones interdites et désirables.
La porte oscille sous le vent et s’ouvre sur le parc étranger. Sa végétation encore
en devenir sous les débris de l’année précédente. Aucun mur ne soutient les
nombreuses portes, l’accès est libre partout. Quelques oiseaux cachés dans les
buissons d’épineux pépient, se taisent, reprennent leur chant.
L’air est léger, le chemin du retour vers l’issue habituelle est dégagé.
–
Une tache rouge grandit au fur et à mesure de l’avancée. C’est la porte. Fermée.
Enchâssée dans sa structure de verre. Inébranlable.
–
(NL – août 2023)
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Notez que j’ai dû ajouter des tirets dans le texte pour respecter les sauts de ligne de l’autrice. Parce que pas de signe pas d’interligne, sacré code !
Notez aussi que je me décide enfin, mais toujours à contrecœur, à écrire autrice et non auteure)
Et cette autre porte, croisée plus récemment, inspire-t-elle l’un de vous ?
Comme si ça ne suffisait pas. Comme si la rencontre avec son portefeuille ne m’avait pas assez troublée.
C’est mon chéri qui a trouvé l’objet ce matin-là devant la porte du garage de notre immeuble.
Nous avons tout de suite pensé à un voisin qui l’aurait laissé tomber. En l’ouvrant pour identifier son propriétaire, on a bien vu qu’il n’en était rien. Aucune Julia R. parmi nos voisins, mais des documents d’identité que sa propriétaire devait rager d’avoir égarés.
Et c’est alors, pour la retrouver et la rassurer rapidement, que j’ai mis le nez dans ses affaires.
Ce qui m’a sauté aux yeux, c’est que le contenu de son portefeuille aurait pu être le mien. Je veux dire qu’il est quasiment le même que le mien.
Une carte d’identité ancien format, un permis de conduire en trois volets de carton rose, des cartes de mes boutiques favorites, une carte sécu, un badge d’entreprise… Tout pareil !
En l’absence de numéro de téléphone, j’ai déplié sa carte mutuelle pour vérifier son adresse, en principe plus à jour que les documents d’identité. Et là, le choc ! Julia et moi sommes nées la même année, nos époux aussi, tout comme nos fils. Une famille clone à quelques encablures de chez nous.
En trois clics, j’ai trouvé Julia et son fils sur Internet et leur ai laissé des messages. Je vais attendre ce soir pour déposer le portefeuille au commissariat, je pars demain pour quelques jours, j’ai précisé.
C’est le fils qui m’a répondu en premier, comme je m’y attendais. Plus connecté que sa mère.
Et juste après Julia m’a appelée. On n’a pas beaucoup parlé, elle était tout excitée. Elle m’a dit qu’elle allait venir récupérer son portefeuille. Et c’est alors qu’elle a ajouté, Vous êtes une fée !
Elle aurait pu dire plein d’autres choses, Vous me sauvez ! Vous êtes tombée du ciel ! C’est le Seigneur qui vous envoie ! C’est rare les gens honnêtes. Ou rien du tout. Mais elle a dit Vous êtes une fée, exactement comme je l’exprime dans Merci Gary, mon deuxième roman, en y défendant l’idée que le meilleur est souvent possible parce qu’on peut tous être la fée (ou le génie, les hommes aussi !) de quelqu’un.
Et vous ne savez pas la meilleure ? Elle partait en vacances le lendemain. Comme nous !
A bientôt ! Car j’ai la chance de pouvoir faire un break estival et c’est maintenant.
Chez vous ou à l’autre bout de la planète, à la montagne ou à la mer, au travail ou en plein farniente… où que vous soyez profitez bien de cet été. On se retrouve en septembre !
Liv Maria, une femme pleine de paradoxes, comme je les aime. Libre et forte de choix audacieux, fragilisée et entravée par son passé, une personnalité complexe qui ne parvient qu’à fuir. Un portrait subtil admirablement dépeint par Julia Kerninon.
Vous gribouillez, vous aussi ? Moi, souvent, surtout en réunion. Autrefois en classe. Une habitude impossible à maîtriser, le stylo appelle ma main, c’est ainsi. D’ailleurs je ne cherche plus à m’en défendre. Voyez un peu mon cahier de notes professionnelles, une page sur deux au moins a son gribouillage !
Mais il parait que ce n’est pas si grave que ça. Ouf ! Le gribouillage aurait même ses vertus. Il doit y avoir des tas de trucs écrits sur le sujet, mais ce vieil article en dit assez pour rassurer : bienfaits du gribouillage.
Il y a peu, mes gribouillages m’ont inspiré des toiles.
Prudence ! Pour épargner mes murs, mieux vaut que j’aie toujours un stock de papier à portée…
– Des herbes, des branches… Les zébrours sont végétariens. Mais sais-tu que ça n’a pas toujours été ainsi, que les zébrours étaient des ours polaires il y a longtemps ?
– Des ours polaires ?
– Il y a un siècle, peut-être plus, des ours entièrement blancs vivaient en Arctique quand les pôles étaient encore formés de glace. Ils se nourrissaient de poissons qu’ils pêchaient, de petits mammifères marins et d’oiseaux trouvés sur la banquise. Et puis quand il y a eu le Grand changement climatique, que toute la glace a fondu, les ours se sont retrouvés sur la toundra. La plupart sont morts tout bonnement, ils n’avaient plus de quoi se nourrir correctement et leur pelage épais leur tenait beaucoup trop chaud. Mais les espèces ont des capacités d’adaptation extraordinaires. Quelques ours ont résisté et au fil des générations leur pelage s’est aminci et s’est mis à foncer pour mieux résister au soleil. Et ils ont enrichi leur nourriture par des végétaux, les oiseaux n’étant plus assez nombreux. Aujourd’hui, comme les zèbres, des animaux qui ressemblaient à des chevaux rayés et vivaient en Afrique jusqu’au siècle dernier, ils naissent noirs et peu à peu leur peau se pare de raies blanches, certainement un reste de leur ancienne fourrure, et ils ne mangent plus que des végétaux. Comme l’homme en fait. Lui aussi mangeait des animaux il y a longtemps.
– Berk !
– C’était comme ça avant. Allez zoup au lit,il est l’heure de dormir.
Un ours origami aperçu dans la vitrine d’une boutique Emmaüs, un peu de peinture et le zébrours est né ! Il restait à lui trouver une histoire.
Fiston a besoin d’une nouvelle tenue. Après une rude concertation, nous nous décidons pour une virée shopping dans le Marais, Petit chéri devrait y trouver son bonheur.
Fais ta liste de boutiques à visiter et rendez-vous à Hôtel de ville à 10h !
Devant la première boutique de la liste, déception. Elle n’ouvre qu’à 10h30. Nous reviendrons.
A bien y regarder, le quartier est encore en pyjama. Une boutique attire notre attention avec ses lumières et ses beaux costumes en vitrine.
Le vendeur nous demande ce que l’on souhaite. Nous répondons évasivement tout en passant d’étagère en étagère. Il n’y avait rien d’autre d’ouvert dans le quartier, c’est ça ? Je réponds d’un sourire pour saluer son humour matinal. Petit chéri essaie une veste. Vraiment trop guindé. Mais le vendeur déballe tout son argumentaire commercial sur la trame du lainage, l’entoilage, les finitions main, patin-couffin. Je suis la seule boutique ouverte, c’est ça ? réplique-t-il quand il décèle enfin notre ennui. Un peu gênés, nous regardons poliment les pulls avant de regagner la sortie soulagés. A très vite certainement ! lui disons-nous. Si vous ne trouvez rien d’autre, certainement, réplique-t-il.
Pendant ce temps, la première boutique a ouvert ses portes. Petit retour en arrière. Petit chéri essaie des chaussures. Trop grandes et la pointure en dessous n’est pas disponible. Vous ne pourriez pas les commander ou les faire venir d’un autre magasin ? tenté-je. La vendeuse m’explique que dans ce cas, il faut que je les règle immédiatement et que nous aurons cinq jours pour venir les chercher. Et si nous ne les récupérons pas à temps ou si elles ne conviennent pas ? demandè-je. C’est simple, il me faudra venir retirer un avoir dans le mois. Un avoir valable six mois. Pas un remboursement. Nous quittons bredouilles la boutique. C’est dommage dit Petit chéri, elles étaient vraiment jolies ces chaussures.
On va en trouver d’autres, le rassurè-je. Cap sur la deuxième boutique de la liste. Porte close. Nous cherchons du regard les horaires du magasin. Un minuscule panneau posé dans un angle de la vitrine indique une ouverture à 10h30. Je consulte ma montre : 10h50. Mais rien ne bouge derrière les vitrines qui pourrait nous promettre une ouverture imminente. Nous capitulons. C’est dommage, regrette Fiston. J’aime bien ce qu’ils proposent.
La troisième boutique repérée en amont se trouve à deux pas. Petit chéri essaie un costume. Pas mal, mais les manches sont un peu longues. Pas de problème, on peut les retoucher, répond la vendeuse. Mais je préfèrerai un modèle de veste plus court, réplique fiston. On peut raccourcir celle-ci, répond à nouveau la vendeuse. Vous n’auriez pas plutôt un autre modèle ? demandè-je surprise. Non, on fait des retouches, insiste la vendeuse. Et si on veut un col plus étroit, vous retouchez aussi ? Et sans attendre la réponse, j’entraine fiston vers la sortie.
Après le commerçant qui te culpabilise d’entrer dans sa boutique, celle qui te vendrait n’importe quoi ! Je fulmine.
Chéri qui comprend que la virée shopping est en train de tourner court avise une boutique de chaussures de sport. Toi qui veux des Converses, viens ! dit-il. Le modèle que je convoite n’est pas disponible dans ma pointure. Loin de m’en proposer un autre, le vendeur s’est déjà tourné vers un autre client. Je le rappelle. Dans la gamme Junior, vous avez le même modèle. Vous l’auriez en 38 ? Il va le chercher, c’est parfait pour moi, je rejoins Fiston aux mains d’un autre vendeur. Alors ? Il me faut une demi pointure et ils ne l’ont pas. Plutôt, il me dit qu’il n’y a pas. Mais je sais très bien que Converse fait des demi pointures, peste Petit chéri. C’est tout, y’a pas ? confirmé-je. Pas moyen d’en savoir plus, je les commanderai sur Internet, dit mon fils désappointé. Je règle mes chaussures et nous quittons la boutique. Pas très commerçants, soupirons-nous.
Une dernière boutique ? proposé-je en avisant un chausseur pour hommes pour tenter de relancer un entrain bien émoussé. Nous regardons quelques modèles pendant que le vendeur encaisse un client. Fiston ne se montre pas particulièrement emballé par les chaussures en rayon mais je tente de négocier – des mocassins peut-être ? – en jetant un oeil vers le vendeur qui, après avoir raccompagné son client jusqu’à la porte, a regagné sa place derrière le comptoir. Il a décidé de ne pas s’occuper de nous ou quoi ? Petit chéri fait la moue. On y va, je lui dis. Et j’ajoute bien fort : Au revoir, monsieur, rien ne nous convient. Le jeune homme relève la tête. Ah, d’accord, au revoir ! Il n’a pas fait le moindre geste vers nous.
Dis moi, Chéri, c’est la journée de la non-vente aujourd’hui ou quoi, j’ai manqué quelque chose aux infos ? Cet endroit est une super école de vente : un condensé d’anti-vente, ils doivent halluciner les touristes américains et leur Customer first.
Mam, t’as le temps de déjeuner ? Je connais un chouette resto à deux pas.
La carte était parfaite, les restaurateurs charmants. Nous avons partagé un sympathique moment, Fiston et moi, avant de reprendre le métro, les bras légers. Une bonne matinée finalement.
Entre nous, tout va bien, rassurez-vous ! Ce qui nous sépare est le titre d’un roman d’Anne Collongues, offert par mon amie Nicole qui a le don de dénicher des pépites, et qui rappelle Au prochain arrêt de Hiro Arikawa, le livre qu’elle m’a précédemment fait découvrir et dont je vous ai déjà parlé.
Dans Ce qui nous sépare, on n’est pas au Japon dans un train, on est en France dans un RER. Il ne s’agit pas de rencontres mais d’introspection. Le lecteur passe de personnages en personnages, les découvre au fil des rencontres. Les destins ne se croisent pas mais les fêlures, en se dévoilant, font de ces personnages aussi différents des mêmes êtres cabossés et attachants. Encore un beau texte humaniste comme je les aime dans un style où les émotions dominent.
Et parce que j’aime partager les beaux textes, plutôt que de vous dévoiler un personnage, c’est la description de cet instant violent où deux trains se croisent, qui ne l’a pas vécu ?, que je vous propose.