Archives mensuelles : juin 2022

Victoria Kovalev

La semaine dernière, je vous ai dévoilé le portrait de Nicolas Carteron, un jeune auteur prolifique découvert sur les réseaux sociaux.

Nicolas CarteronEn planifiant son interview, je me suis lancée dans la lecture de son dernier roman : Victoria Kovalev. Une histoire pleine de suspens et de rebondissements entre adultères, homosexualité, proxénétisme, affaires frauduleuses… et je ne vous en dis pas plus.

On est loin du conte de fée. L’héroïne d’ailleurs n’a rien d’attachant. Nombriliste, ni mère poule, ni épouse modèle, pas franchement perspicace et peu maligne, elle a tout de la femme qui cherche à paraitre, à être aimée, plus focalisée sur son nombre de followers que sur ses proches. Des traits de caractère qui la conduisent aveuglément dans un imbroglio infernal, et le lecteur à sa suite.

Le suspens prime sur l’émotion, l’auteur ayant choisi de nous dire plutôt que de nous faire ressentir.  C’est le nombre de rebondissements et l’imagination de l’auteur qui nous tiennent en haleine. Mais comment va-t-elle s’en sortir ? Qui détient le nœud de l’affaire ? Je ne vous dévoilerai rien même sous la torture.

Dans ce récit qui nous transporte du sud au nord de la France en quelques va et vient,  l’auteur ne mégote pas sur les coups de théâtre, jusqu’au dénouement, et c’est bien ce qui fait le charme de ce roman.

Difficile pour moi, après avoir découvert Nicolas comme un confrère de l’écriture, de ne pas appréhender son roman en tant qu’auteure et d’y chercher les aspérités si compliquées à éviter pour les écrivains en devenir que nous sommes. J’en ai trouvées inévitablement et je souhaite de tout cœur à Nicolas qu’un éditeur, un vrai qui fait bien son boulot  ,  soit conquis par son talent de conteur et l’aide à polir son œuvre pour en révéler le meilleur.

L’important est ailleurs, dans l’aventure elle-même, celle de Victoria Kovalev, et je peux vous dire que je n’aimerais pas me trouver à sa place ! A celle du lecteur en revanche, j’en redemande.

 

 

Nicolas Carteron

Portrait d’auteur #1

Il court, il court, Nicolas. J’avais hâte de le rencontrer mais il n’a pas été facile à attraper. Et puis un jour mon téléphone a sonné.

Nicolas Carteron

Je n’ai appris sa performance au marathon de Paris qu’après l’évènement il y a quelques semaines. Mais c’est surtout dans sa vie de tous les jours qu’il se presse, entre un nouveau boulot auquel je n’ai pas compris grand-chose, sa vie de famille et la promotion de son tout nouveau roman. J’ai eu du mal mais j’ai fini par le saisir ce Picard installé depuis peu dans le sud de la France ! On a discuté comme deux vieux potes, parce qu’il est très sympa figurez-vous et que j’avais bien des questions à lui poser.

Pages noircies

Lui, c’est Nicolas Carteron. Nico pour les intimes. Six romans publiés à son actif, le Prix spécial de la nouvelle de Nemours décroché à ses débuts, une vraie communauté de fans, un tiroir rempli d’œuvres non publiées, et seulement trente-trois ans !
Je l’ai connu par les réseaux sociaux. Quand j’ai cherché à améliorer mon blog et ma communication d’auteure plus largement, avec quelques déboires dont je vous ai parlé, j’ai recherché sur Internet des auteurs un peu plus 3.0 que moi, et je suis tombée sur Nicolas.

Fans à l’affût

À peine m’étais-je mise à le suivre sur Instagram qu’une de ses admiratrices me contactait pour m’encourager à lire du Carteron. Quelques jours plus tard, c’est Nicolas lui-même qui m’envoyait un message de bienvenue. J’étais scotchée !
Il est comme ça, Nicolas Carteron, proche de ses lecteurs qui le lui rendent bien. Les réseaux sociaux regorgent de messages dithyrambiques sur ses romans.
Il l’avoue humblement, c’est grâce à ses soutiens qu’il a pu se forger en tant qu’écrivain. Par l’entremise du Web, une communauté de lecteurs s’est constituée dès la publication de son premier roman il y a douze ans déjà et n’a cessé de croître. Sans eux, sans leurs retours, sans l’énergie qu’ils lui apportent, il n’aurait peut-être pas trouvé la force de poursuivre son travail de romancier avec autant d’ardeur.

Fiction pour vocation

Sa passion pour l’écriture l’habite depuis son enfance, dévorante dit-il, et la reconnaissance que lui a apportée son Prix a conforté sa vocation. Le trophée en main, il a compris que ses écrits pouvaient plaire. Sans euphorie ni prétention. Sa légitimité en tant qu’écrivain est une tunique trop large pour lui. Un terme tellement noble, qui fait référence aux grands écrivains qu’ils admirent mais dont il se sent bien loin. « On ne joue pas dans la même cour », dit-il modestement. Il préfère se dire romancier. On sent encore poindre le syndrome de l’imposteur. Romancier donc, il espère « la petite étincelle » qui lui permettrait de toucher un plus grand nombre
de lecteurs, même si ses livres se vendent déjà bien. Elle pourrait venir avec du travail et un peu de chance, mais « on n’en est pas maître », dit-il.

Une œuvre déjà consistante

À ses débuts, son style était comparé par certains à celui de Musso ou de Levy, puis à Bussi et Delacourt, et maintenant à plus personne s’amuse-t-il. Certainement a-t-il trouvé le sien tout simplement, en explorant différents registres. D’ailleurs quand je lui demande quel est le sens de son œuvre, ses obsessions en tant qu’écrivain comme on a coutume de dire, il hésite.
Le fil conducteur il le voit dans les personnages qu’on retrouve d’un opus à l’autre. Pour le reste, il dit traiter les thèmes qui l’interpellent sur le plan personnel et qui évoluent au fur et à mesure de sa propre maturation : la quête d’identité dans son troisième roman, celle du bonheur dans ses quatrième et cinquième, l’adultère dans les deux derniers…
Son livre majeur, il ne l’a pas encore écrit. Il n’a pas atteint la maturité nécessaire pour
l’aboutissement littéraire qu’il devrait représenter, m’assure-t-il. Mais de roman en roman, son style et la profondeur de ses personnages s’affirment, il le sent bien et ses fans, toujours plus fans, sont les premiers à le lui confirmer.
Il vient juste de passer la trentaine, je le rappelle, et déjà publié six romans. À ce rythme, on sent la petite merveille arriver. Peut-être même qu’un grand éditeur l’accueillera prochainement dans son écurie.

En attendant l’étincelle

Pour le moment, il s’autoédite, après avoir pour ses quatre premiers romans connu la difficulté d’être assujetti à un petit éditeur qui n’avait ni la même vision ni les mêmes projets que les siens. « Ça n’en valait pas la peine ». Maintenant il se débrouille seul avec l’aide de proches pour le graphisme, les corrections, la promotion. Des libraires qui l’ont connu à ses débuts continuent à lui proposer des séances de dédicaces. La promo, il doit la mettre un peu de côté ces derniers temps pour se consacrer à son nouveau job. Il faut bien qu’il bosse tant que ses livres ne lui permettent pas d’en vivre assez bien.

Bon moment à passer

Très occupé, Nicolas, je vous le disais. C’est sur sa pause repas qu’il a dû rogner pour m’accorder un peu de disponibilité. Même s’il m’avait assuré prendre le temps nécessaire, je n’ai pas eu le cœur à le priver pour de bon de déjeuner malgré toutes mes questions restées en suspens et celles qui affluaient sans arrêt. J’ai paré au plus utile en lui demandant ce qui pouvait donner, à mes lecteurs, envie de le lire. La diversité, a-t-il répondu avant d’expliquer : Puisqu’il a exploré différents registres littéraires, chacun
trouvera forcément dans l’un de ses six romans ce qui lui plait : introspection, fantastique, suspens, amour… et surtout, espère-t-il, passera un bon moment avec des personnages hauts en couleur.
Victoria kovalev Moi j’ai déjà choisi : c’est son petit dernier, Victoria Kovalev qui m’a attirée. Il s’agit d’une trentenaire qui part s’installer dans le sud après avoir vécu en Île-de-France (ça ne vous rappelle par quelqu’un ?). Son mari fait les allers-retours, découche un ou deux soirs par semaine jusqu’à ce qu’un jour, il ne rentre pas. Victoria va enquêter. Et quand on creuse dans l’intimité d’une personne, même si on croit la connaître par cœur, on découvre forcément des choses…
Le dénouement s’annonce surprenant, saisissant même, selon les témoignages des lecteurs sur les réseaux sociaux. « C’est ce qu’ils disent, tu verras » esquive son auteur. Un retournement en guise d’au revoir, c’est un peu sa marque de fabrique, si j’ai bien compris.

Un 7 e à venir

Un nouveau roman en cours ? Pas encore. Il a bien deux ou trois idées en tête mais qu’il doit approfondir avant d’en choisir une. Et avec la promo de Victoria Kovalev, « ce n’est décidément pas le moment ».
Une question me taraudait en tant qu’auteure que je n’ai pu m’empêcher de poser même si l’heure tournait : « Tu te laisses porter par l’écriture ou tu prévois tout le scénario en avance ? ». C’est bien ce que je pensais, il est du style organisé, lui. Il planifie d’avance tous les rebondissements mais ne s’interdit pas de garder ou même de substituer à d’autres des scènes qu’il n’avait pas envisagées et qui sont spontanément venues se greffer. Ah quand même ! Moi qui ne parviens pas à organiser d’avance mon récit, qui me laisse toujours surprendre par des évènements inattendus, il allait finir
par me donner des complexes.

Je veux savoir !

Sa pause s’achevait, je l’ai laissé partir vers un probable sandwich, tandis que je décidais de reporter mon déjeuner, préférant m’installer confortablement pour poursuivre ma lecture de Victoria Kovalev. J’avais résisté à lire en avance les dernières pages mais cet échange n’avait fait qu’aiguiser ma curiosité ; il fallait que je sache !

Et comme maintenant ma curiosité est satisfaite, je vous parlerai de ce roman dans une prochaine chronique (sans rien spoiler évidemment 😊). Suivez mon blog !

Références :
Portrait de Nicolas Carteron écrit par Fabienne Vincent-Galtié, auteure (d’après une interview réalisée en mai 22).

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Trompe l’oeil

En supprimant des photos de mon téléphone dont la vieillesse croule sous tant d’octets, je suis tombée sur cette page de magazine. Je sais l’avoir photographiée en décembre dernier, c’est le téléphone qui me le dit, dans un magazine dont j’ignore désormais le nom et la date de sortie.

Trompe l’oeil mural

La photo est mauvaise. Il faut y voir, j’y vois en tout cas, un mur peint autour d’une porte-fenêtre, de façon à ce que la fenêtre simule l’écran d’un appareil photo numérique. Je ne sais plus vraiment pourquoi j’ai pris cette photo. J’aime la peinture et les trompe l’oeil il est vrai.

Dans mon studio d’étudiante, en des temps préhistoriques, j’avais peint un arbre sur le mur de la salle de bain et remplacé le feuillage par un collage de fleurs découpés dans des catalogues. Un jour, la baignoire de l’appartement du dessus a débordé, mon arbre a cloqué et la moue du peintre dépêché par l’assureur a sonné le glas de l’arbre. Le mur a retrouvé sa blancheur et je n’ai pas tardé à quitter les lieux.

Détournement

J’aime encore plus les détournements, quand l’artiste construit une oeuvre autour d’un élément existant. Parfois, il ne faut pas grand-chose. Le concept n’a rien de nouveau, mais l’imagination n’ayant pas de limite, la surprise est souvent au rendez-vous.

Dans ce détournement pictural, c’est la dimension de l’oeuvre qui m’a interpellée je crois. Parce qu’elle nous entraîne avec elle dans le coeur de l’appareil photo pour passer de l’autre côté. Du photographe au photographié, en un changement de point de vue.

La fiction, un trompe l’oeil

Je ne peux m’empêcher d’y voir un parallèle avec l’écriture de romans quand la vérité de l’auteur métamorphose la réalité, quand il enrobe, transforme, sublime, défigure des éléments existants pour les besoins de sa fiction. Pour entrainer le lecteur dans son univers comme Roberto Romano nous emmène sur sa terrasse.

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Si comme moi cette porte particulière vous a touché, l’avez-vous été (le serez-vous) par celle-ci ? la porte ouverte du Parc Floral (chronique du mois dernier)