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Nicolas Carteron

Portrait d’auteur #1

Il court, il court, Nicolas. J’avais hâte de le rencontrer mais il n’a pas été facile à attraper. Et puis un jour mon téléphone a sonné.

Nicolas Carteron

Je n’ai appris sa performance au marathon de Paris qu’après l’évènement il y a quelques semaines. Mais c’est surtout dans sa vie de tous les jours qu’il se presse, entre un nouveau boulot auquel je n’ai pas compris grand-chose, sa vie de famille et la promotion de son tout nouveau roman. J’ai eu du mal mais j’ai fini par le saisir ce Picard installé depuis peu dans le sud de la France ! On a discuté comme deux vieux potes, parce qu’il est très sympa figurez-vous et que j’avais bien des questions à lui poser.

Pages noircies

Lui, c’est Nicolas Carteron. Nico pour les intimes. Six romans publiés à son actif, le Prix spécial de la nouvelle de Nemours décroché à ses débuts, une vraie communauté de fans, un tiroir rempli d’œuvres non publiées, et seulement trente-trois ans !
Je l’ai connu par les réseaux sociaux. Quand j’ai cherché à améliorer mon blog et ma communication d’auteure plus largement, avec quelques déboires dont je vous ai parlé, j’ai recherché sur Internet des auteurs un peu plus 3.0 que moi, et je suis tombée sur Nicolas.

Fans à l’affût

À peine m’étais-je mise à le suivre sur Instagram qu’une de ses admiratrices me contactait pour m’encourager à lire du Carteron. Quelques jours plus tard, c’est Nicolas lui-même qui m’envoyait un message de bienvenue. J’étais scotchée !
Il est comme ça, Nicolas Carteron, proche de ses lecteurs qui le lui rendent bien. Les réseaux sociaux regorgent de messages dithyrambiques sur ses romans.
Il l’avoue humblement, c’est grâce à ses soutiens qu’il a pu se forger en tant qu’écrivain. Par l’entremise du Web, une communauté de lecteurs s’est constituée dès la publication de son premier roman il y a douze ans déjà et n’a cessé de croître. Sans eux, sans leurs retours, sans l’énergie qu’ils lui apportent, il n’aurait peut-être pas trouvé la force de poursuivre son travail de romancier avec autant d’ardeur.

Fiction pour vocation

Sa passion pour l’écriture l’habite depuis son enfance, dévorante dit-il, et la reconnaissance que lui a apportée son Prix a conforté sa vocation. Le trophée en main, il a compris que ses écrits pouvaient plaire. Sans euphorie ni prétention. Sa légitimité en tant qu’écrivain est une tunique trop large pour lui. Un terme tellement noble, qui fait référence aux grands écrivains qu’ils admirent mais dont il se sent bien loin. « On ne joue pas dans la même cour », dit-il modestement. Il préfère se dire romancier. On sent encore poindre le syndrome de l’imposteur. Romancier donc, il espère « la petite étincelle » qui lui permettrait de toucher un plus grand nombre
de lecteurs, même si ses livres se vendent déjà bien. Elle pourrait venir avec du travail et un peu de chance, mais « on n’en est pas maître », dit-il.

Une œuvre déjà consistante

À ses débuts, son style était comparé par certains à celui de Musso ou de Levy, puis à Bussi et Delacourt, et maintenant à plus personne s’amuse-t-il. Certainement a-t-il trouvé le sien tout simplement, en explorant différents registres. D’ailleurs quand je lui demande quel est le sens de son œuvre, ses obsessions en tant qu’écrivain comme on a coutume de dire, il hésite.
Le fil conducteur il le voit dans les personnages qu’on retrouve d’un opus à l’autre. Pour le reste, il dit traiter les thèmes qui l’interpellent sur le plan personnel et qui évoluent au fur et à mesure de sa propre maturation : la quête d’identité dans son troisième roman, celle du bonheur dans ses quatrième et cinquième, l’adultère dans les deux derniers…
Son livre majeur, il ne l’a pas encore écrit. Il n’a pas atteint la maturité nécessaire pour
l’aboutissement littéraire qu’il devrait représenter, m’assure-t-il. Mais de roman en roman, son style et la profondeur de ses personnages s’affirment, il le sent bien et ses fans, toujours plus fans, sont les premiers à le lui confirmer.
Il vient juste de passer la trentaine, je le rappelle, et déjà publié six romans. À ce rythme, on sent la petite merveille arriver. Peut-être même qu’un grand éditeur l’accueillera prochainement dans son écurie.

En attendant l’étincelle

Pour le moment, il s’autoédite, après avoir pour ses quatre premiers romans connu la difficulté d’être assujetti à un petit éditeur qui n’avait ni la même vision ni les mêmes projets que les siens. « Ça n’en valait pas la peine ». Maintenant il se débrouille seul avec l’aide de proches pour le graphisme, les corrections, la promotion. Des libraires qui l’ont connu à ses débuts continuent à lui proposer des séances de dédicaces. La promo, il doit la mettre un peu de côté ces derniers temps pour se consacrer à son nouveau job. Il faut bien qu’il bosse tant que ses livres ne lui permettent pas d’en vivre assez bien.

Bon moment à passer

Très occupé, Nicolas, je vous le disais. C’est sur sa pause repas qu’il a dû rogner pour m’accorder un peu de disponibilité. Même s’il m’avait assuré prendre le temps nécessaire, je n’ai pas eu le cœur à le priver pour de bon de déjeuner malgré toutes mes questions restées en suspens et celles qui affluaient sans arrêt. J’ai paré au plus utile en lui demandant ce qui pouvait donner, à mes lecteurs, envie de le lire. La diversité, a-t-il répondu avant d’expliquer : Puisqu’il a exploré différents registres littéraires, chacun
trouvera forcément dans l’un de ses six romans ce qui lui plait : introspection, fantastique, suspens, amour… et surtout, espère-t-il, passera un bon moment avec des personnages hauts en couleur.
Victoria kovalev Moi j’ai déjà choisi : c’est son petit dernier, Victoria Kovalev qui m’a attirée. Il s’agit d’une trentenaire qui part s’installer dans le sud après avoir vécu en Île-de-France (ça ne vous rappelle par quelqu’un ?). Son mari fait les allers-retours, découche un ou deux soirs par semaine jusqu’à ce qu’un jour, il ne rentre pas. Victoria va enquêter. Et quand on creuse dans l’intimité d’une personne, même si on croit la connaître par cœur, on découvre forcément des choses…
Le dénouement s’annonce surprenant, saisissant même, selon les témoignages des lecteurs sur les réseaux sociaux. « C’est ce qu’ils disent, tu verras » esquive son auteur. Un retournement en guise d’au revoir, c’est un peu sa marque de fabrique, si j’ai bien compris.

Un 7 e à venir

Un nouveau roman en cours ? Pas encore. Il a bien deux ou trois idées en tête mais qu’il doit approfondir avant d’en choisir une. Et avec la promo de Victoria Kovalev, « ce n’est décidément pas le moment ».
Une question me taraudait en tant qu’auteure que je n’ai pu m’empêcher de poser même si l’heure tournait : « Tu te laisses porter par l’écriture ou tu prévois tout le scénario en avance ? ». C’est bien ce que je pensais, il est du style organisé, lui. Il planifie d’avance tous les rebondissements mais ne s’interdit pas de garder ou même de substituer à d’autres des scènes qu’il n’avait pas envisagées et qui sont spontanément venues se greffer. Ah quand même ! Moi qui ne parviens pas à organiser d’avance mon récit, qui me laisse toujours surprendre par des évènements inattendus, il allait finir
par me donner des complexes.

Je veux savoir !

Sa pause s’achevait, je l’ai laissé partir vers un probable sandwich, tandis que je décidais de reporter mon déjeuner, préférant m’installer confortablement pour poursuivre ma lecture de Victoria Kovalev. J’avais résisté à lire en avance les dernières pages mais cet échange n’avait fait qu’aiguiser ma curiosité ; il fallait que je sache !

Et comme maintenant ma curiosité est satisfaite, je vous parlerai de ce roman dans une prochaine chronique (sans rien spoiler évidemment 😊). Suivez mon blog !

Références :
Portrait de Nicolas Carteron écrit par Fabienne Vincent-Galtié, auteure (d’après une interview réalisée en mai 22).

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personne qui lance un coup de gueule

Liberté d’expression

Vous connaissez mon admiration pour JK Rowling, j’en ai parlé et reparlé. Et si je l’ai choisie comme personnage (masqué) de mon roman Merci Gary, un personnage secondaire mais décisif dans l’intrigue, ce n’est évidemment pas par hasard.  Jenna R. King, la généreuse amie de Claire, est Joanne K. Rowling, mes lecteurs et lectrices l’ont compris.

Diktat de la bien pensance

Alors quand elle se fait clouer au pilori pour ses propos jugés transphobes, je me sens attaquée en tant qu’auteure et groupie de l’auteure. Je n’ai pourtant l’intention ni d’analyser, ni de défendre ni même de condamner ses paroles, je veux juste qu’on la laisse tranquille, qu’on la laisse s’exprimer. Ce n’est pas parce qu’elle est un porte-parole extraordinaire pour la jeunesse qu’il faut la museler, lui dicter ses pensées. Eduquer c’est amener les jeunes à penser par eux-mêmes pas les endoctriner. Elle est, et reste, une fabuleuse romancière.

Quant le New-York Times s’en mêle, c’est la catastrophe !

Quand au nom de la bien pensance, les maisons d’édition américaines emploient des Sensitivity readers (lecteur en sensibilité) pour expurger les textes littéraires de tous les éléments qui pourraient être qualifiés de transphobie, homophobie, sexisme, atteinte aux religions, c’est pire que tout !

Liberté d’expression dans la littérature

J’ai partagé ces derniers jours sur les réseaux sociaux le Coup de gueule de Jérôme Vialleton. Je lui ai aussi piqué son illustration. Et je ne peux que, comme lui, rappeler combien la liberté d’expression, dans la littérature plus qu’ailleurs, est primordiale. Il reste à espérer que cette chasse aux sorcières ne trouvera pas d’écho en Europe.

 

Ecrire c’est se rebeller

J’aime bien cette idée, elle me parle comme on dit. Ecrire de la fiction c’est se rebeller contre la fatalité de la réalité. C’est Guillaume Musso qui l’a écrit dans La vie est un roman (que je n’ai pas lu) et il en connait un rayon sur le sujet !

Il est jouissif en effet pour les auteurs de fiction de tordre le cou à la triste réalité, de détourner des destins, d’enfanter des héros si attachants. C’est pour cela qu’on écrit, que j’écris en tout cas.

Les vases communicants

Une illustration tirée du site lecercledugrau.com

Ces vases communicants seraient un peu comme les deux hémisphères de mon cerveau s’il devait y en avoir un dédié à la lecture et l’autre à l’écriture. Quand j’écris beaucoup, je ne lis pas du tout. Quand je n’écris pas, je lis beaucoup. Question de temps évidemment, de disponibilité et d’état d’esprit surtout.

J’ai lu pas mal de témoignages d’écrivains. Certains se nourrissent de lectures alors qu’ils écrivent, d’autres les bannissent au contraire pour mieux se concentrer sur leur œuvre. A chacun ses besoins.

En ce moment, j’écris un peu et je lis un peu. Moitié-moitié, c’est assez nouveau pour moi, comme pas mal de choses de ma vie actuelle.

Ainsi je me délecte en ce moment d’un petit roman dont je parlerai certainement dans quelques jours. Mais là il est l’heure pour moi d’écrire. Ou de lire. Ou plutôt un peu des deux certainement d’ici ce soir.

Un instant dans la vie de JK Rowling

Intéressante lecture que ces nouvelles de Marianne Jaeglé rassemblées sous le titre Un instant dans la vie de Léonard de Vinci et autres histoires. Marianne, qui fut l’animatrice d’un atelier auquel j’ai participé en 2016-17 quand j’écrivais Le voisin du 7e, a imaginé le moment décisif dans la création d’une œuvre, celui qui fait basculer l’existence d’un artiste. Elle nous raconte ainsi avec son talent de conteuse les instants majeurs de 21 artistes mondialement célèbres. Parmi eux, JK Rowling, l’auteure qui me fascine et pour laquelle j’ai moi-même imaginé une scène de « révélation » dans Merci Gary, mon deuxième roman. Loin de celle de Marianne, assurément à des années lumière de la vérité. D’ailleurs mon héroïne à moi s’appelle Jenna R. King et a écrit Gary Plotter. Toute ressemblance est bien sûr fortuite. 🙂

Loin !

Ce premier roman d’Alexis Michalik m’a empêchée d’écrire le week-end dernier ! Impossible de le lâcher avant la dernière page. Du coup pas de temps à consacrer à mes propres personnages.

Il faut dire que Loin nous emporte très loin. Ses personnages truculents nous entraînent avec eux dans des situations rocambolesques, des aventures incroyables, de pays en pays à travers l’Histoire, à la recherche de leurs origines.

Cet hymne à l’amour, à la liberté, à la tolérance et à l’amitié est drôle, émouvant, visuel, très documenté. On ne pouvait en attendre moins de cet auteur, acteur, scénariste, metteur en scène – et j’en oublie certainement – brillantissime.

Retrouvailles

Technologie photo créé par standret – fr.freepik.com

Après des mois d’inactivité littéraire – la santé d’abord !, sauf quelques rares posts sur ce blog, Facebook et Insta, j’ai repris mon tapuscrit en cours et retrouvé avec un immense plaisir mes deux héros, Lucas et Pierre. J’ai beau les connaître par cœur – je suis leur génitrice, non ? , je me laisse toujours surprendre en relisant leurs aventures.

J’avais déjà promis, je crois, en février de ne plus les laisser tomber, j’ai failli, je dois l’avouer. Je croise les doigts, je crache (virtuellement), je promets à nouveau. Mes deux protagonistes ont encore bien des choses à nous révéler qu’il me faut aller chercher, et cette fois-ci, c’est pour de bon !

Un éditeur, oui mais…

Je viens d’apprendre, sans surprise et avec une bonne dose de contentement je dois avouer, la faillite de Les Editions Absolues (LEA), la maison née sur les cendres de Les Editions Abordables (LEA) (éditeur de mon premier ouvrage Point à la ligne, un vrai fiasco !), par un tour de passe-passe (LEA vs LEA, ah, ah !) dont le principal protagoniste a le secret.

(J’espère que ne renaitra pas une 3e LEA du style Les Editions Arnaques, mais au moins les auteurs et les lecteurs sauraient à quoi s’attendre…)

Loin de moi, habituellement, l’envie de me réjouir d’une faillite, bien au contraire. Cependant l’édition est un milieu bien particulier avec, pour schématiser, les grands éditeurs, inabordables, les petits qui font ce qu’ils peuvent avec plus ou moins de réussite et les véreux qui font rêver les auteurs telle que je suis en promettant la lune et les étoiles.

Un auteur met ses tripes dans son récit, sacrifie des heures et des heures à l’écriture, rêve, peut-être naïvement, de séduire des lecteurs mais met tout son coeur dans cette perspective alors, quand il se retrouve entre les pattes d’un escroc, c’est ô combien douloureux, ô combien désespérant, le plus souvent irrécupérable. Un énorme travail passé à la trappe. Parfois celui d’une vie. J’ai connu l’accablement devant mon premier roman massacré par l’éditeur, espérant qu’il ne le vende pas ! Un comble. J’avais tellement honte du résultat, de ce qu’allaient penser les lecteurs inévitablement déçus. Et j’ai su depuis n’être pas la seule auteure dans cet état d’esprit alarmant. Combien d’auteurs ont été brisés par ces charlatans ?

Alors oui, j’espère qu’un jour mon éditeur viendra. Un vrai éditeur qui saura m’accompagner. En attendant, j’ai choisi l’autoédition pour la liberté qu’elle me procure afin de rencontrer mes lecteurs comme bon me semble et pouvoir leur apporter la qualité qu’ils méritent. Et s’il y a des imperfections (hélas…), je suis à même de les corriger sans délai. Voilà pourquoi je suis friande de vos retours, chers lecteurs !

La classe de neige

En lisant La classe de neige d’Emmanuel Carrère dans la voiture, je n’ai pas vu les kilomètres défiler (dois-je préciser que je n’étais pas au volant mais reléguée à l’arrière contre un tas de sacs ? 😊) !

Quand Nicolas, un enfant craintif, trop couvé, part en classe de neige, il s’attend au pire. Dès le début, on sait qu’une menace plane sur lui. Il le sent aussi, probablement depuis longtemps. Son seul monde est celui que lui décrivent ses parents, peuplé des monstres contre lesquels ils le mettent en garde.

Mal préparé à la vie en collectivité, au bonheur et aux plaisirs simples, il aura en effet bien du mal à trouver sa place dans cet univers inconnu et ce n’est que grâce à l’attention dont l’entoureront l’institutrice et l’animateur qu’il trouvera un peu de réconfort et échappera au calvaire.

Jusqu’à ce qu’un drame arrive et qu’un monstre bien réel cette fois se dresse devant lui.

Un récit intimiste, avec un cheminement psychologique si bien décrit qu’on souffre et se réconforte avec le jeune héros. Une tension palpable dès les premières lignes, qui monte inexorablement et nous embarque pour deux heures de lecture en haleine.

Avez-vous lu cette œuvre ou vu son adaptation audiovisuelle, et qu’en avez-vous pensé ? Ou d’autres romans d’Emmanuel Carrère peut-être ? (vos réponses en commentaires SVP)