Archives de catégorie : Mon univers

boite a tabac ancienne

La boîte à tabac

boite a tabac ancienneDans ma bibliothèque cette kitchissime tête de marin. Une boîte ancienne offerte par un oncle en souvenir de ses parents il y a longtemps déjà. C’est elle qui m’a inspiré ce passage dans  Point à la ligne :

Adrienne parcourt du regard les bibelots alignés. Des bougeoirs, une lampe à pétrole, des bonbonnières, des vide-poches, des cendriers, des statuettes. Elle s’accorde d’en conserver seulement trois et son choix se porte d’abord sur la boîte en fine porcelaine représentant une tête de marin coiffée d’une casquette, avec le nom Deauville écrit sur la visière. Marcel et elle avaient tellement ri de cette tête grisonnante et barbue, pipe à la bouche, en imaginant Marcel ainsi quelques décennies plus tard, qu’ils l’avaient achetée. C'était lors de leur premier voyage ensemble, son mari et elle. Son second mari à vrai dire.

J’ai découvert depuis qu’il s’agit d’une boîte à tabac. Adrienne ne pouvait l’ignorer.

Bizarres rencontres

Des rencontres bizarres, on en fait tous. J’ai déjà parlé du drôle de montagnard du métro. Mais il y a quelques semaines, ce fut un âne, tiré par une jeune femme  avenue Daumesnil à Paris. Plus récemment, près de la station Chevaleret un homme simplement vêtu d’un slip et d’un pull, dont le visage était barbouillé de blanc, comme à la gouache. Et ce matin, dans le métro, une fillette dont la tête m’évoqua celle d’un jeune renard. Yeux ronds, petit nez, menton court et oreilles pointues.

Sur l’instant chacune de ces rencontres me renvoie à la récurrente interrogation sur la possibilité d’existences parallèles. Ces gens-là viennent-ils d’un autre monde, d’un monde fantastique qui cohabiterait avec le nôtre ? Qui ferait que tout est encore plus possible , le meilleur comme le pire, tel que Marie, l’héroïne de mon roman Merci Gary, le découvre ?

Extrait :

Marie, déjà revenue dans le séjour, l’entendit à peine. Elle ouvrit la baie vitrée. S’appuya sur le muret de brique entourant la terrasse, comme pour reprendre son souffle après avoir manqué d’air. Jetant un œil à la courette arborée en contrebas, elle y aperçut un chat blanc qui la traversait. Sa course lui parut bizarre, il bondissait comme un lièvre. À cet instant, un hululement de chouette retentit à proximité. Elle ne s’en étonna pas plus. Rien, ce jour-là, ne pouvait la surprendre au-delà de ce qu’elle était en train de vivre à l’instant.

Image Pixabay

Deux millions moins un

Il y aurait deux millions de possesseurs illégaux d’armes, commenta ma mère après avoir découvert l’article de son journal favori sur la campagne de désarmement.
Deux millions moins un, ils n’ont pas actualisé leur chiffre, j’ai répondu.
Si tu avais attendu un peu, on aurait pu aller dans un Armodrome.
Un Desarmodrome, plutôt, mais on aurait manqué la rencontre avec l’armurier et la gendarme Cadillou. Cela aurait été moins drôle
Et, dans un ultime souffle de rancune, j’ajoutai : Tu vois bien qu’il fallait s’en débarrasser de ces fichues pétoires, si La Dépêche le dit.
Retrouvez le récit : Chez l’armurier
A la gendarmerie, récit à venir. Pour le recevoir dans votre boite mail le mois prochain, inscrivez vous à ma newsletter.
Photo empruntée à la Dépêche du Midi

Jolies reprises

Réparer en soulignant ses blessures plutôt qu’en les masquant, j’aime cette idée, ces actes de résilience.

C’est le principe du Kintsugi, cet art japonais millénaire, qui consiste à réparer une faïence ébréchée par un ajout d’or. Je n’ai pas encore testé mais ça me titille.

C’est aussi celui du raccommodage créatif avec des reprises apparentes. Ca fait bien longtemps que mes vêtements préférés n’y échappent pas !

C’est encore le cas du tatouage qui joue avec les cicatrices. Il pourrait bien me tenter celui-là aussi, parce que, des cicatrices, je n’en manque pas. Mais ce sera pour plus tard… ou jamais.

Dans cet esprit, je viens de découvrir les reprises de trottoirs en mosaïque d’Ememem. Mais comment ai-je pu échapper à cette information jusque-là, moi qui adore les mosaïques ? J’ai eu envie il y a quelques années de me lancer dans une mosaïque en miroir pour « réparer » un parquet abimé. J’ai renoncé et c’est bien dommage. Ememem a osé et avec quel talent ! De petits rayons de soleil dans la grisaille du béton. C’est sublime, poétique et coloré, j’adore !

J’espère bien en voir une pour de vrai un jour dans une rue de la capitale, ou ailleurs.

Connaissez-vous d’autres façons de réparer artistiquement sans cacher ? Je suis impatiente et curieuse de les connaître (en commentaire s’il vous plait !).

Photos empruntées (sans permission, ce n’est pas bien, alors je vous joins les liens) aux sites d’esprit kintsugi, des éditions Saxe, de Itek et d’Ememem.

Le peintre et les abeilles

Ce pourrait être le titre d’une nouvelle, c’est celui d’une rencontre : Stéphane Illand et la peinture à la cire d’abeille.

Stéphane peint avec talent la nature, les animaux comme les végétaux. je suis son travail depuis quelques années déjà et il m’a fait le bonheur, en 2018 je crois, d’exposer quelques toiles dans les locaux de l’asso que je dirigeais pour le ravissement de nos visiteurs.

Passant d’un champ large à un détail infime, il écrit la nature avec son pinceau, nous montre comme elle est chatoyante et surprenante.

Récemment, il s’est converti à la peinture à la cire d’abeille, délaissant l’acrylique. Une façon pour lui d’aller plus loin dans son engagement de naturaliste.

Le chemin est ardu, la cire d’abeille pigmentée difficile à trouver, la technique à maîtriser, explique-t-il, mais le résultat est bluffant. J’ai eu plaisir à l’apprécier de près lors de sa première expo à Paris dans une galerie du côté de Raspail. Gageons que d’autres suivront très vite et que la cote de l’artiste va grimper !

Pour boucler la boucle, comme on dit, je te suggère, Stéphane, de peindre une aile d’abeille avec le sens du détail et de la couleur qui te caractérise. Pour une prochaine expo ?

Site de Stéphane Illand, artiste-peintre

 

Trompe l’oeil

En supprimant des photos de mon téléphone dont la vieillesse croule sous tant d’octets, je suis tombée sur cette page de magazine. Je sais l’avoir photographiée en décembre dernier, c’est le téléphone qui me le dit, dans un magazine dont j’ignore désormais le nom et la date de sortie.

Trompe l’oeil mural

La photo est mauvaise. Il faut y voir, j’y vois en tout cas, un mur peint autour d’une porte-fenêtre, de façon à ce que la fenêtre simule l’écran d’un appareil photo numérique. Je ne sais plus vraiment pourquoi j’ai pris cette photo. J’aime la peinture et les trompe l’oeil il est vrai.

Dans mon studio d’étudiante, en des temps préhistoriques, j’avais peint un arbre sur le mur de la salle de bain et remplacé le feuillage par un collage de fleurs découpés dans des catalogues. Un jour, la baignoire de l’appartement du dessus a débordé, mon arbre a cloqué et la moue du peintre dépêché par l’assureur a sonné le glas de l’arbre. Le mur a retrouvé sa blancheur et je n’ai pas tardé à quitter les lieux.

Détournement

J’aime encore plus les détournements, quand l’artiste construit une oeuvre autour d’un élément existant. Parfois, il ne faut pas grand-chose. Le concept n’a rien de nouveau, mais l’imagination n’ayant pas de limite, la surprise est souvent au rendez-vous.

Dans ce détournement pictural, c’est la dimension de l’oeuvre qui m’a interpellée je crois. Parce qu’elle nous entraîne avec elle dans le coeur de l’appareil photo pour passer de l’autre côté. Du photographe au photographié, en un changement de point de vue.

La fiction, un trompe l’oeil

Je ne peux m’empêcher d’y voir un parallèle avec l’écriture de romans quand la vérité de l’auteur métamorphose la réalité, quand il enrobe, transforme, sublime, défigure des éléments existants pour les besoins de sa fiction. Pour entrainer le lecteur dans son univers comme Roberto Romano nous emmène sur sa terrasse.

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Si comme moi cette porte particulière vous a touché, l’avez-vous été (le serez-vous) par celle-ci ? la porte ouverte du Parc Floral (chronique du mois dernier)

Vieux miroir

Miroir au tain fané

Miroir terni
Immense, autrefois majestueux
Le tain piqué d’innombrables tâches de vieillesse
Il en a vu passer des silhouettes
se regardant dans son eau
Celles qui doutaient, celles qui s’aimaient
D’autres qui filaient devant lui sans même le voir, sans même se voir.
Pressées ou indifférentes.
Il a vu bien des tables, des canapés, des papiers peints et des tapis,
Changé de lieu plusieurs fois
Il en a aimé certains plus que d’autres
Des gens aussi.
C’est la vie.
Aujourd’hui il est fatigué.
Son tain s’obscurcit toujours plus
Il ne réfléchit plus guère,
n’a plus à tête à ça.
Un antiquaire pourrait le rajeunir
Lui offrir une seconde vie
À quoi bon ? la première a été riche
Il attend son heure
Inutile, serein, ridé.
On le laisse tranquille,  jusqu’à ce que quelqu’un décide qu’il n’est plus bon à rien et le mette au rebut.
Ça viendra un jour.
En attendant Il continue à observer la vie, les gens
Immuable et muet, ignorant son âge.
Il sait juste qu’il est bien vieux, las
Mais que la vie est intéressante à regarder.
Alors de son œil cataracté, il veille la vie qui passe.

Vieux miroir

En entrant chez mon fils, ce miroir aussi défraîchi qu’imposant m’a tout de suite frappé. Parce qu’il renvoie une image troublée, parce qu’il parait si vieux que bien des vies ont dû passer devant ses yeux, il m’a donné envie d’écrire ces quelques mots.

vagues sur la plage

Laisser venir l’inspiration

Ecouter le grondement du ressac assise sur un rocher et penser à son roman. Laisser les idées affluer comme les vagues, en conserver certaines, laisser les autres repartir au large. Un exercice que j’affectionne.

J’ai été marquée par les confidences de Joël Dicker lors d’une émission de télé récente. Il y a affirmé écrire sans avoir de plan, se laisser porter par son imagination, une idée en entrainant une autre, pour aboutir à plusieurs versions de son récit qu’il sauvegarde soigneusement ne sachant celle qu’il va retenir.

Alors que dans les ateliers d’écriture, on nous parle plan, chapitres, découpage, j’ai jusque-là été incapable de m’y tenir. Aucun de mes quatre romans, si j’inclus celui en cours, ne s’est sagement tenu à l’intrigue initiale. Des personnages s’y sont invités, des rebondissements sont apparus et la fin en a été modifiée, voire tout le roman a été chamboulé. Ce désordre me chagrinait, je dois dire, mais si le talentueux Joël Dicker s’y laisse aller également, je ne peux que me sentir un peu plus rassurée.

Pour reprendre la formule de Marianne Jaeglé, il y a les écrivains architectes qui construisent soigneusement leur œuvre et les écrivains jardiniers qui sèment et attendent de voir ce qui pousse. Je vais continuer de semer.

Smiley

Le temps de sourire

Smiley a 50 ans !

Je viens d’apprendre qu’il est né en 1972, qu’il a été utilisé pour la première fois le 1er janvier de cette année-là par le journaliste Franklin Loufrani dans le journal France-Soir.  Il s’agissait pour lui de mettre en avant des récits qui remontaient le moral des Français. Cette opération, baptisée «Prenez le temps de sourire », fut un succès immédiat (Quelle bonne idée ! Dans la morosité actuelle, il faudrait en relancer une très vite !).

Je me souviens surtout comme on s’est emparé dans les années 70 de cette tête ronde, jaune et souriante. Année après année, on l’a vue se décliner en différentes couleurs, avec des mimiques drôles et moins drôles, être détournée, parfois maltraitée, virer à l’émoticône. Mais Smiley est resté, sans jamais passer de mode, sans prendre une ride (il a bien de la chance !).

Un copain de toujours

Smiley est pour moi comme un copain d’enfance, un copain un peu plus jeune à la bonne humeur communicative, et toujours présent dans ma vie sous une forme ou une autre. J’en ai eu des tee-shirts à l’effigie du joyeux luron, des trousses, des porte-clés, des carnets et même un ordi. La preuve, je viens de retrouver cette photo dans une chronique de 2018.

J’ai changé d’ordi depuis mais je vais vous avouer quelque chose, sans chercher bien loin dans mes tiroirs, je peux vous montrer un tee-shirt, un sweat, un porte-clé, des chaussettes avec sa mimique dessus. Je l’ai dessiné, peint, brodé… c’est facile, vous me direz, un cercle, deux yeux, une bouche, pas besoin d’être Van Gogh. Quatre traits pour faire naître un sourire. Et sourire en retour. « Use your smile to change the world, but don’t let the world change your smile. » 50 ans que je craque !

Le temps de Smiler

Il est toujours temps de sourire, il est même plus que jamais ce temps-là, et plus seulement qu’avec les yeux. Les masques sont en train de tomber, profitons-en ! Alors, sans attendre je vais porter mon sweat, me rendre aux galeries Lafayette qui organisent un évènement en l’honneur de mon ami de 50 ans et sourire avec lui !

Take the time to smile – Prenons le temps de sourire !

Vous avez certainement vous-aussi vos Smiley préférés. N’hésitez pas à m’envoyer des photos !