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Plaisanteries des dieux

« Le destin est vieux comme le monde. Il a bien vu des choses, probablement toutes, ce qui explique sans doute son besoin irrépressible de brouiller les cartes dans l’espoir qu’adviennent des évènements imprévus. Des péripéties dont il s’amuse, et que certains qualifient de plaisanteries des dieux. Brouiller les cartes, brouiller les vies, se distraire en faisant des noeuds, en installant un virage à tel endroit, en cassant un pont à tel autre, en ballotant nos coeurs, en assénant à l’existence des pitchenettes de manière à bouleverser ce qui est immobile et solidement enraciné. »

Une définition ô combien poétique de la vie, surprenante et pourtant si juste, extraite de Ton absence n’est que ténèbres de Jon Kalman Stefansson.

Un merveilleux roman ; à chaque ligne, l’auteur parvient à procurer au lecteur une émotion, une révélation,  l’entraîner dans des sentiments puissants, des tourmentes psychologiques. Je n’en ai pas encore terminé la lecture et j’aurai plaisir à vous en reparler très prochainement.

Bonne année sourire !

Première galette des rois, première fève. Et pas n’importe quelle fève, une fève Smiley, pour moi qui adore les sourires !

Un sourire parce qu’une nouvelle année commence, que chaque journée apportera son lot de surprises et de rencontres. Qu’il y aura de tout à n’en pas douter dans ce que nous réserve 2023 et de belles opportunités assurément.

Je vous souhaite une excellente année à l’instar de cette galette, appétissante, moelleuse et souriante !

ciel

Ciel, des nuages !

J’aime contempler le ciel. Son bleu, plus ou moins foncé, plus ou moins gris. Rayonnant, menaçant.

Ses nuages bien dodus ou tout effilochés. Denses ou clairsemés. Ceux qui nous observent, posés, et ceux qui font la course comme des chiots joueurs.

J’aime deviner des formes. Des cumulus aux joues gonflées, aux yeux rieurs, des continents imaginaires, des îles accueillantes.

Des yeux, je peins le ciel, comme Magritte ou Ian Fisher, sur une toile imaginaire. Ou comme Klein dans un uni impeccable.

J’ai adoré lire, il y a quelques années déjà, La théorie des nuages de Stéphane Audeguy, l’histoire d’un couturier japonais qui voue un véritable culte aux nuages et y initie la jeune femme qu’il a embauchée pour l’aider à classer sa collection d’ouvrages sur le sujet.

J’aimerais, comme le héros, bénéficier d’une verrière haut perchée et contempler sans fin le ciel qui offre ses émotions. Sans pudeur ni fard.

Et vous, observez-vous souvent le ciel ?

cloche

Ca cloche

N’ayant pas lu Souvenirs dormants, je l’avoue, j’ignore tout du contexte dans lequel Patrick Modiano a inclus ce propos. Qui n’a pas quelque chose qui cloche chez lui ? Nous sommes tous des névrosés, a minima, c’est bien connu. Alors forcément il y a des trucs de travers en chacun de nous, plus ou moins moches, plus ou moins prégnants. Des trucs avec lesquels il faut vivre et que l’on exprime comme on peut, parce que les refouler c’est pire que tout. Et la création, peu importe la forme qu’elle prend, est un bien bel exutoire qui, justement, donne à la vie une saveur dont on peut facilement se contenter.

Et vous, vous en pensez quoi ?

Citation proposée par le site ABC-citations

Photo : image-gratuite.com

câble alimentation ordinateur

Grillée !

Ce serpent noir n’est autre que le câble d’alimentation de mon ordinateur. Resté sur la
prise ! Pour la toute première fois, je suis partie en vacances sans ordi. Sans chargeur, c’est tout comme.câble alimentation ordinateur
Acte manqué ?

Je vous ai annoncé une pause, souhaitant me déconnecter des réseaux sociaux. Elle n’en fut que plus totale.
De l’écriture aussi cet oubli m’a privée. Quelques notes sur un carnet, à l’ancienne, mais point de texte. Sans mon clavier, je suis un peu perdue.
Sur le moment, je dois avouer m’être sentie dépossédée. Mais pas flouée comme je l’aurais pensé, et c’est une surprise.

Mais ce n’est pas tout : à mon retour, j’ai retrouvé mon PC professionnel verrouillé ! Mot de passe erroné. J’étais pourtant certaine de mon coup. Il m’a fallu accepter l’évidence après maintes tentatives, mon ordi ne voulait plus de moi. Ou c’est moi qui ne voulais plus de lui. Sans l’aide de mes collègues du support technique, je serais toujours et encore en vacances forcées. Une première là encore que cet oubli.

Actes manqués vous me direz ? Peut-être bien. Cerveau grillé, c’est sûr ! 😂

Rassurez-vous ! J’ai repris du poil de la bête et suis ravie de retrouver mon clavier après cette pause forcée.

Et pour vous les vacances et la reprise, c’est du style mer d’huile ou court-circuit ?

Gare déserte

La gare de Cahors un mardi de mai, quelques minutes seulement avant l’arrivée du train de 23h12 en provenance de Paris.
Une gare vide.
Hall fermé. Quais déserts.
Pas même un chat qui traîne, un papillon qui voltige.
Immobilité à perte de vue.




On pourrait imaginer un homme, ou une femme, arpentant le quai, seul.e,
attendant on ne sait quoi, on ne sait qui, peut-être rien d’autre que de fuir de sombres pensées,
une ombre planant, large, couvrante, menaçante,
un cri déchirant,
et puis plus rien que la nuit ;
un train fantôme qui passe le long du dernier quai et disparaît au loin
ou encore un train chargé à bloc qui s’arrête et se déverse soudainement, donnant à cette petite gare, un air de Châtelet-Les Halles un samedi soir,
une fête qui s’installe avec sono, bières et kebab…

On pourrait imaginer bien des choses, je pourrais m’en donner à cœur joie dans une fiction.
Peut être un jour, mais pas celui-ci. Je vous laisse la main ! N’hésitez pas à déposer votre texte, même mini, même ébauché en commentaire. Je suis impatiente !

Un peu moins déserte, matinale, la gare d’Austerlitz m’a inspiré récemment une micro-nouvelle. Pour la relire ou la découvrir, c’est par ici.

Vieux miroir

Miroir au tain fané

Miroir terni
Immense, autrefois majestueux
Le tain piqué d’innombrables tâches de vieillesse
Il en a vu passer des silhouettes
se regardant dans son eau
Celles qui doutaient, celles qui s’aimaient
D’autres qui filaient devant lui sans même le voir, sans même se voir.
Pressées ou indifférentes.
Il a vu bien des tables, des canapés, des papiers peints et des tapis,
Changé de lieu plusieurs fois
Il en a aimé certains plus que d’autres
Des gens aussi.
C’est la vie.
Aujourd’hui il est fatigué.
Son tain s’obscurcit toujours plus
Il ne réfléchit plus guère,
n’a plus à tête à ça.
Un antiquaire pourrait le rajeunir
Lui offrir une seconde vie
À quoi bon ? la première a été riche
Il attend son heure
Inutile, serein, ridé.
On le laisse tranquille,  jusqu’à ce que quelqu’un décide qu’il n’est plus bon à rien et le mette au rebut.
Ça viendra un jour.
En attendant Il continue à observer la vie, les gens
Immuable et muet, ignorant son âge.
Il sait juste qu’il est bien vieux, las
Mais que la vie est intéressante à regarder.
Alors de son œil cataracté, il veille la vie qui passe.

Vieux miroir

En entrant chez mon fils, ce miroir aussi défraîchi qu’imposant m’a tout de suite frappé. Parce qu’il renvoie une image troublée, parce qu’il parait si vieux que bien des vies ont dû passer devant ses yeux, il m’a donné envie d’écrire ces quelques mots.

violentomètre

Le violentomètre

Retrouvé en rangeant quelques affaires sur mon bureau, ce violentomètre. Rien que le nom, ça fait peur ! Quand je l’avais découvert entre tartines et jus d’orange, la tête à peine sortie de l’oreiller, j’en avais frémi. Laissez-moi me réveiller en paix, sans me parler de toutes ces horreurs !

Mais la curiosité avait envoyé au tapis (mauvais jeu de mot sur le sujet !) ma mauvaise humeur matinale et, tout en croquant mes tartines, j’avais lu barre par barre les critères de ce mesureur de malheurs.

Rabaisse systématiquement mes opinions, se moque de moi sans arrêt, est jaloux de moi, menace de se suicider à cause de moi… des confidences parfois entendues dans la bouche de proches. Ou encore c’est moi qui me disais en fin d’un dîner houleux, mais qu’est-ce qu’il avait à dénigrer ainsi tous ses propos ?

Ni coup, ni sang, ni arme, juste des mots. Des mots qui blessent comme des poignards. La violence c’est aussi cela, une violence ordinaire et insidieuse, il faut en être conscient.

Les tartines avaient du mal à passer, l’écœurement les refoulait. Toutes ces femmes violentées, des hommes aussi certainement, qui peut-être même refusaient de l’admettre. Se montrer plus vigilante avec ses proches, ne pas hésiter à alerter, voilà ce que me rappelait ce sachet à pain un matin comme les autres.

(Merci à ma commune pour cette initiative en fin d’année dernière.)

Tout passe

Tout passe

Tout passe, les années, les souffrances, les problèmes, l’enfance, les souvenirs, les rêves, les douleurs, la vie… J’ignore ce qu’a voulu dire cet artiste africain sur cette peinture murale mais, oui, tout passe, comme chaque Homme sur cette terre. Dieu merci, rien ni personne ne résiste au temps.

Tout passe
Panneau-photo exposé sur la place devant le RER de Vincennes (Val-de-Marne) dans le cadre du Festival L’Afrique en marche. Avril 2022
vagues sur la plage

Laisser venir l’inspiration

Ecouter le grondement du ressac assise sur un rocher et penser à son roman. Laisser les idées affluer comme les vagues, en conserver certaines, laisser les autres repartir au large. Un exercice que j’affectionne.

J’ai été marquée par les confidences de Joël Dicker lors d’une émission de télé récente. Il y a affirmé écrire sans avoir de plan, se laisser porter par son imagination, une idée en entrainant une autre, pour aboutir à plusieurs versions de son récit qu’il sauvegarde soigneusement ne sachant celle qu’il va retenir.

Alors que dans les ateliers d’écriture, on nous parle plan, chapitres, découpage, j’ai jusque-là été incapable de m’y tenir. Aucun de mes quatre romans, si j’inclus celui en cours, ne s’est sagement tenu à l’intrigue initiale. Des personnages s’y sont invités, des rebondissements sont apparus et la fin en a été modifiée, voire tout le roman a été chamboulé. Ce désordre me chagrinait, je dois dire, mais si le talentueux Joël Dicker s’y laisse aller également, je ne peux que me sentir un peu plus rassurée.

Pour reprendre la formule de Marianne Jaeglé, il y a les écrivains architectes qui construisent soigneusement leur œuvre et les écrivains jardiniers qui sèment et attendent de voir ce qui pousse. Je vais continuer de semer.