Shopping dans le Marais

Fiston a besoin d’une nouvelle tenue. Après une rude concertation, nous nous décidons pour une virée shopping dans le Marais, Petit chéri devrait y trouver son bonheur.

Fais ta liste de boutiques à visiter et rendez-vous à Hôtel de ville à 10h !

Devant la première boutique de la liste, déception. Elle n’ouvre qu’à 10h30. Nous reviendrons.

A bien y regarder, le quartier est encore en pyjama. Une boutique attire notre attention avec ses lumières et ses beaux costumes en vitrine.

Le vendeur nous demande ce que l’on souhaite. Nous répondons évasivement tout en passant d’étagère en étagère. Il n’y avait rien d’autre d’ouvert dans le quartier, c’est ça ? Je réponds d’un sourire pour saluer son humour matinal. Petit chéri essaie une veste. Vraiment trop guindé. Mais le vendeur déballe tout son argumentaire commercial sur la trame du lainage, l’entoilage, les finitions main, patin-couffin. Je suis la seule boutique ouverte, c’est ça ? réplique-t-il quand il décèle enfin notre ennui. Un peu gênés, nous regardons poliment les pulls avant de regagner la sortie soulagés. A très vite certainement ! lui disons-nous. Si vous ne trouvez rien d’autre, certainement, réplique-t-il.

Pendant ce temps, la première boutique a ouvert ses portes. Petit retour en arrière. Petit chéri essaie des chaussures. Trop grandes et la pointure en dessous n’est pas disponible. Vous ne pourriez pas les commander ou les faire venir d’un autre magasin ? tenté-je. La vendeuse m’explique que dans ce cas, il faut que je les règle immédiatement et que nous aurons cinq jours pour venir les chercher. Et si nous ne les récupérons pas à temps ou si elles ne conviennent pas ? demandè-je. C’est simple, il me faudra venir retirer un avoir dans le mois. Un avoir valable six mois. Pas un remboursement. Nous quittons bredouilles la boutique. C’est dommage dit Petit chéri, elles étaient vraiment jolies ces chaussures.

On va en trouver d’autres, le rassurè-je. Cap sur la deuxième boutique de la liste. Porte close. Nous cherchons du regard les horaires du magasin. Un minuscule panneau posé dans un angle de la vitrine indique une ouverture à 10h30. Je consulte ma montre : 10h50. Mais rien ne bouge derrière les vitrines qui pourrait nous promettre une ouverture imminente. Nous capitulons. C’est dommage, regrette Fiston. J’aime bien ce qu’ils proposent.

La troisième boutique repérée en amont se trouve à deux pas. Petit chéri essaie un costume. Pas mal, mais les manches sont un peu longues. Pas de problème, on peut les retoucher, répond la vendeuse. Mais je préfèrerai un modèle de veste plus court, réplique fiston. On peut raccourcir celle-ci, répond à nouveau la vendeuse. Vous n’auriez pas plutôt un autre modèle ? demandè-je surprise.  Non, on fait des retouches, insiste la vendeuse. Et si on veut un col plus étroit, vous retouchez aussi ? Et sans attendre la réponse, j’entraine fiston vers la sortie.

Après le commerçant qui te culpabilise d’entrer dans sa boutique, celle qui te vendrait n’importe quoi ! Je fulmine.

Chéri qui comprend que la virée shopping est en train de tourner court avise une boutique de chaussures de sport. Toi qui veux des Converses, viens ! dit-il. Le modèle que je convoite n’est pas disponible dans ma pointure. Loin de m’en proposer un autre, le vendeur s’est déjà tourné vers un autre client. Je le rappelle. Dans la gamme Junior, vous avez le même modèle. Vous l’auriez en 38 ? Il va le chercher, c’est parfait pour moi, je rejoins Fiston aux mains d’un autre vendeur. Alors ? Il me faut une demi pointure et ils ne l’ont pas. Plutôt, il me dit qu’il n’y a pas. Mais je sais très bien que Converse fait des demi pointures, peste Petit chéri. C’est tout, y’a pas ? confirmé-je.  Pas moyen d’en savoir plus, je les commanderai sur Internet, dit mon fils désappointé. Je règle mes chaussures et nous quittons la boutique. Pas très commerçants, soupirons-nous.

Une dernière boutique ? proposé-je en avisant un chausseur pour hommes pour tenter de relancer un entrain bien émoussé. Nous regardons quelques modèles pendant que le vendeur encaisse un client. Fiston ne se montre pas particulièrement emballé par les chaussures en rayon mais je tente de négocier – des mocassins peut-être ? – en jetant un oeil vers le vendeur qui, après avoir raccompagné son client jusqu’à la porte, a regagné sa place derrière le comptoir. Il a décidé de ne pas s’occuper de nous ou quoi ? Petit chéri fait la moue. On y va, je lui dis. Et j’ajoute bien fort : Au revoir, monsieur, rien ne nous convient. Le jeune homme relève la tête. Ah, d’accord, au revoir ! Il n’a pas fait le moindre geste vers nous.

Dis moi, Chéri, c’est la journée de la non-vente aujourd’hui ou quoi, j’ai manqué quelque chose aux infos ? Cet endroit est une super école de vente : un condensé d’anti-vente, ils doivent halluciner les touristes américains et leur Customer first.

Mam, t’as le temps de déjeuner ? Je connais un chouette resto à deux pas.

La carte était parfaite, les restaurateurs charmants. Nous avons partagé un sympathique moment, Fiston et moi, avant de reprendre le métro, les bras légers. Une bonne matinée finalement.

Images par Stocksnap et Pexels de Pixabay

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2 réflexions sur « Shopping dans le Marais »

  1. Tellement ça ! Et on croit que la pointure absente c’est juste un coup de pas de chance. De plus en plus les magasins dont des galeries d’expositions. Pour leur défense, ils savent que beaucoup de clients vont les chercher, moins chers, sur internet. En tout cas la virée avec fiston est très présente et on sent une maman toute aussi présente

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