Vu dans Les Echos Week-end d’aujourd’hui (17 sept).
Entre découragement et hésitations, il est vrai que parfois la tentation me prend.
Vu dans Les Echos Week-end d’aujourd’hui (17 sept).
Entre découragement et hésitations, il est vrai que parfois la tentation me prend.
« Il est fou ! » s’exclamaient mes amis à qui je confiais mes déboires avec « mon » éditeur.
Comme la plupart des écrivains en herbe j’étais pourtant alertée contre les éditeurs véreux, ceux qui rechignent à verser les droits, ceux qui ne respectent pas les créations…
Mais le primo-auteur, inconnu par ailleurs, doit prendre des risques, n’ayant guère d’autres choix que de s’adresser à de petits éditeurs. Il prie juste qu’il ne soit pas trop mauvais, espérant vendre quelques dizaines de livres (des centaines ?) si l’un d’eux s’intéresse à son oeuvre. J’étais donc préparée.
Quand un éditeur, m’a laissé un message favorable pour « Les écrits, c’est pas comme les paroles », un recueil de nouvelles, j’étais aux anges. J’allais bientôt tenir entre les mains le fruit de mon labeur !
J’ignorais que l’homme n’était qu’un hologramme, quelqu’un qui disparaît des mois « pour se reposer » (c’est ce qu’il a fait après son premier message), qui sait à peine écrire un mail, considère les SMS et les sites web comme des outils d’un monde futur et qui n’a guère édité que lui-même. « Il faudra réécrire ces textes sous forme de contes » m’a t-il asséné au retour de son hibernation. Puis « J’ai besoin de vous pour superviser la mise en page d’un ouvrage que j’écris » ou encore « Il faudra me changer ce titre, on n’invente pas de mots en littérature ! ». Quand je bronchais, il le prenait de haut. Médusée devant ses demandes incohérentes, je m’accrochais toutefois, pensant que je ne n’avais rien à perdre, juste à gagner que mon livre soit édité.
Eh bien si, j’avais à perdre : du temps (deux ans d’errance tout de même), de la confiance en moi et surtout dans le milieu de l’édition. J’ai fini par prendre les jambes à mon cou. C’était il y a deux ans et « Les écrits » en est resté là.
Je refuse d’écrire le nom de cette créature, tout aussi orgueilleuse et mythomane qu’incompétente, pour ne pas améliorer son référencement sur la toile, mais si vous voyez apparaître un fantôme dont le nom commence par Z tout comme celui de sa boîte d’édition, passez votre chemin !
Depuis que j’ai terminé l’écriture de « Les écrits, c’est pas comme les paroles », je tergiverse : recueil de nouvelles ou roman en plusieurs volets ? Une nouvelle, ce n’est pas seulement une histoire courte, il faut aussi que l’intrigue soit condensée et le dénouement rapide, surprenant. Un roman, c’est une histoire cohérente, un ensemble bien nourri formant un tout. Quelle importance cette précision ? me direz-vous, si l’histoire est intéressante.
Il y a au moins deux raisons de choisir son camp. Pour le lecteur d’abord, qui doit savoir à quoi s’attendre. Pour rechercher un éditeur ensuite. Ceux qui éditent des romans ne sont pas ceux qui éditent des nouvelles, et inversement évidemment. Le premier éditeur qui s’est intéressé à ma prose a crié à l’infamie : « Il ne s’agit nullement de nouvelles, pauvre inculte ! » S’en est suivi un cours caricatural sur les différents formats. Son attitude hostile m’a traumatisée. Je n’aurais pas dû l’être : il est aussi fou qu’incapable en tout.
Certains, éditeurs ou auteurs, s’embarrassent moins et biaisent : « Polyptyque romanesque », « recueil de courtes histoires », « novelas ». Cette voie m’a tentée, je dois l’avouer, mais j’étais également constamment déstabilisée par la lecture de livres identifiés comme recueils de nouvelles qui ressemblaient au mien dans leur structure. Des histoires plus ou moins enchâssées, plus courtes que des romans courts et plus longues que des nouvelles longues, plus détaillées que des nouvelles mais trop rapides pour un roman. Alors j’ai hésité encore et encore – probable réminiscence des propos ulcérés du vieux fou, et c’est finalement le magnifique « Guide du loser amoureux » de Junot Diaz qui m’a convaincue d’adopter, une fois pour toute, le terme « Nouvelles ».
« Nouvelles peu académiques » pourrais-je préciser à l’attention du lecteur ? Au secours, je reviens inexorablement à mon point de départ telle l’aiguille d’une pendule !
Vite, j’écris « Nouvelles » sur la première page et je ferme le fichier.
Pour la nouvelle année, mon amie Nicole m’a offert ce livre de Martin Page, sans l’avoir lu (ce qui n’est pas dans ses habitudes), juste pour son sujet qui ne pouvait que m’intéresser. Et elle avait vu juste !
Présentation de l’éditeur : « Dans ce livre, Martin Page répond aux interrogations d’une jeune écrivaine. Elle s’appelle Daria, elle veut écrire un roman. Au fil de leurs échanges, il lui donne des conseils d’écriture, mais surtout il esquisse des moyens de se débrouiller avec le monde, avec le milieu littéraire, avec ses propres névroses et fragilités. C’est d’abord un livre sur la réalité des écrivains d’aujourd’hui : l’envoi d’un manuscrit, les rapports avec les éditeurs, et avec les autres auteurs, l’argent, la maladie (…) Il s’agit de concilier l’exigence d’une pratique artistique et la vie quotidienne.
Au fil de ce dialogue, Martin Page dessine une sorte d’autoportrait. Entre dépression et exaltation, il nous parle de l’art sauvage de l’écriture, un art encore jeune, riche de possibilités. Sans escamoter la dureté sociale ni la réalité des coups et des blessures, il défend l’imagination comme forme de résistance. Pour lui, la littérature est un sport de combat autant qu’un des grands plaisirs de l’existence. »
La modeste auteure que je suis s’est retrouvée dans des observations ou interrogations de l’auteur. Ses propos ont conforté certains de mes points de vue et m’ont encouragée, aussi. Surtout.
Je dois avoir avouer que je ne connaissais pas Martin Page et j’ai découvert là un auteur sensible, plein d’humilité, ouvert aux autres et à leurs difficultés, que j’espère rencontrer un jour.
Son blog : http://www.martin-page.fr/
« Les écrits, c’est pas comme les paroles. Ils restent, ils mûrissent, ils aident, bien mieux que n’importe quelle parole qui s’envole au moindre souffle ! » ai-je écrit dans la première nouvelle de mon recueil de nouvelles.
Et pourtant certains peuvent s’étirer, s’effacer, se désintégrer dans un souffle… tout comme les paroles. Il suffit qu’ils soient portés par le ciel !
Lire l’article : la communication est dans le ciel
Mes autres sites
« Chaque jour sans nouvelle idée est une mauvaise journée »
Quand je n’écris pas, je fabrique des accessoires de mode avec des bricoles glanées par ci par là — aXessoires.alittlemarket.com — ou je peins, mais c’est plus rare par les temps qui courent :aXessoires.jimdo.com
Jusque-là j’ai refusé de m’engager dans la voie de l’auto-édition pour mon recueil de nouvelles, me laissant le temps de trouver un éditeur (je raconterai prochainement mes déboires avec l’un d’eux) sérieux.
J’opposais en premier lieu la nécessité d’un regard éditorial. Il y a tant d’ouvrages médiocres en circulation dont les auteurs sont fiers par manque de recul et de conseils de professionnels. J’ai encore eu l’occasion d’en lire un cet été. Un premier roman comportant de belles trouvailles, une bonne syntaxe… Mais au fait que voulait dire l’auteur ? Et que dire des fautes d’orthographe qui m’ont piqué les yeux à chaque page tournée ? Je n’en blâme absolument pas le jeune auteur. Je crois que tous les écrivains en herbe en passent par là, et je n’en suis guère éloignée encore malgré mes deux livres aboutis, mes deux autres en cours et mes nombreuses formations. Seulement quelques semaines de travail supplémentaires sous la houlette d’un regard extérieur et professionnel auraient bien amélioré cette prose-là pour la plus grande satisfaction des lecteurs.
En second lieu me freinait la question de la promotion du livre. Non accompagnée par un éditeur, elle se révèle complexe. Bien sûr nous connaissons tous les success stories de l’auto-édition. Mais dans les faits ces livres ne sont devenus des best-sellers que grâce à la mise en oeuvre, par leurs auteurs, d’une stratégie de promotion gagnante. Aucun succès n’arrive par hasard. En tant que professionnelle de la com, je devrais savoir opérer… Eh bien non ! Savoir se promouvoir soi-même est plus un état d’esprit qu’un métier, et j’en suis dépourvue.
Seulement voilà, « Les écrits, c’est pas comme les paroles » est finalisé depuis deux ou trois ans maintenant. Les textes se sont affinés au fil de mes autres écrits et ont été corrigés et recorrigés par des yeux de lynx (Merci Nicole !). Le recueil est passé entre les mains de deux éditeurs (pas si intéressés que ça mais suffisamment pour avoir envisagé de l’éditer) et il attend une heure qui ne viendra qu’avec un peu d’aide puisque, comme écrit plus haut, rien ne vient par hasard.
Alors (résolution de l’été, bien plus fiable que celles, impulsives, du 1er janvier) je tente une soumission du manuscrit à un nouvel éditeur et, en cas de refus, je ferai appel à un pro de l’auto-édition. C’est décidé !
Ce premier roman de Véronique Mougin est une belle surprise. Pour une fois, j’ai succombé à l’attrait du corner « Best-sellers » de la Fnac et je ne l’ai pas regretté, bien au contraire.
Je me suis rapidement laissée happer par les déconvenues de Françoise, une gouvernante chez les très riches. Les considérations de l’auteure sont subtiles, son humour caustique est irrésistible, ses propos intelligemment renforcés par des images fortes et originales.
Extraits choisis :
« Puis, à moins que j’aie rêvé, il m’offrit ce qui ressembla fort à un câlin, un demi-baiser timide, un serrage furtif, en tout cas quelque chose de très doux, de très ancien et dont le goût retrouvé me fit presque mal »
« L’inquiétude, le chagrin, l’appréhension, la colère – cet attelage que la majorité des individus tient fermement en laisse par manque de temps libre ou par obligation, pour garder leur travail – tous ces sentiments caracolaient à bride abattue sous son crâne, trustant sa matière grise, dilapidant son énergie. Véritable drame ou petite contrariété, son cortex ne faisait plus le tri (l’avait-il jamais fait ?), Madame plongeait dans un abîme de douleurs. »
« Sa voix grave et lente, à l’accent indéfinissable, semblait malaxer chaque mot de notre vieille langue pour lui conférer une intensité neuve. Enchâssées les unes aux autres, rechignant aux points finaux, ses phrases composaient une mélodie enivrante qui me baladait des palais du Golfe aux hôtels particuliers de la vieille Europe, sur ces rives enchantées où il vivait depuis toujours.
La lecture de ce roman est instructive, fort amusante et on ne peut qu’adhérer aux messages de l’auteure qui prend avec délicatesse la cause des petites gens. Une cause qu’elle connait bien à en croire sa bibliographie.
https://www.facebook.com/PourVousServir.VeroniqueMougin/
J’avais décidé d’ouvrir un site d’auteur quand l’un de mes romans serait publié et pas avant. Un blog sans lecteur, c’est comme… – et là, la machine à images de l’écrivain se met en route – c’est comme une mer sans poisson, comme une nuit sans rêve ou plutôt comme une maison sans habitant. Ca ne sert à rien.
Mais l’envie me tenaille, l’occasion vient à moi et mes recherches d’éditeur stagnent. Le calendrier me taquine, alors à mon tour je vais le chatouiller : j’ouvre ce blog sans lecteur. Aucun ! Il sera prêt pour le jour où… peut-être…