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Jour de marché

J’ai dit au revoir à Bruno, mon marchand de légumes du marché. Il prend sa retraite et son absence à venir me touche. Nous ne nous connaissons guère mais des années à échanger heddomadairement quelques mots, cela rapproche. Toujours souriant, toujours positif, jamais une plainte même quand il fut touché par un cancer (on ne le sut que pour expliquer deux mois d’absence). Les clients comme ses employés n’avaient pas besoin de ça. Aussi quand on prenait de ses nouvelles, il répondait invariablement que tout allait bien. Même si certainement ce n’était pas tout à fait la vérité. Ainsi il n’avait jamais froid, je l’ai raconté précédemment.

Un sage, je vous dis, qui me manque déjà.

Escapade

Après le besoin de rangement, la nécessité de s’aérer et de retrouver sa famille. Décidément, je suis bien ordinaire !

Cap donc sur Cahors, ma ville natale. Quelques jours tendres et rafraichissants (aux sens propre et figuré !) auprès de ma mère. Pluie quasi-incessante, feu dans l’âtre, baisers de retrouvailles après des mois séparées, discussions animées… que c’était bon !

En photo, dans le jardin de ma mère, une espèce d’orchidées parmi les dizaines d’espèces sauvages présentes dans le Lot.

Rangement

Confinement, problèmes de santé… besoin d’oxygène, d’espace… j’ai moi aussi succombé au besoin de rangement. En 25 années passées dans mon appartement, tant de choses devenues inutiles s’y sont accumulées. Alors je range, trie, vide tiroir après tiroir, placard après placard. Comme pour me préparer à un nouveau départ.

De semaine en semaine, je prépare des sacs. Pas question de jeter bêtement. Un pour mes proches dont certains aimeront réutiliser ces objets, un autre pour ce qui peut être proposé sur Freecycle*, un troisième pour Emmaüs, un quatrième pour la déchetterie et un dernier destiné au bac de recyclage.

C’est laborieux mais ce que ça fait du bien !

*Freecycle, association pour favoriser les dons entre particuliers. Objectif : limiter le gaspillage. J’ai découvert cette asso au Canada il y a des années de cela et en suis membre depuis.

Un éditeur, oui mais…

Je viens d’apprendre, sans surprise et avec une bonne dose de contentement je dois avouer, la faillite de Les Editions Absolues (LEA), la maison née sur les cendres de Les Editions Abordables (LEA) (éditeur de mon premier ouvrage Point à la ligne, un vrai fiasco !), par un tour de passe-passe (LEA vs LEA, ah, ah !) dont le principal protagoniste a le secret.

(J’espère que ne renaitra pas une 3e LEA du style Les Editions Arnaques, mais au moins les auteurs et les lecteurs sauraient à quoi s’attendre…)

Loin de moi, habituellement, l’envie de me réjouir d’une faillite, bien au contraire. Cependant l’édition est un milieu bien particulier avec, pour schématiser, les grands éditeurs, inabordables, les petits qui font ce qu’ils peuvent avec plus ou moins de réussite et les véreux qui font rêver les auteurs telle que je suis en promettant la lune et les étoiles.

Un auteur met ses tripes dans son récit, sacrifie des heures et des heures à l’écriture, rêve, peut-être naïvement, de séduire des lecteurs mais met tout son coeur dans cette perspective alors, quand il se retrouve entre les pattes d’un escroc, c’est ô combien douloureux, ô combien désespérant, le plus souvent irrécupérable. Un énorme travail passé à la trappe. Parfois celui d’une vie. J’ai connu l’accablement devant mon premier roman massacré par l’éditeur, espérant qu’il ne le vende pas ! Un comble. J’avais tellement honte du résultat, de ce qu’allaient penser les lecteurs inévitablement déçus. Et j’ai su depuis n’être pas la seule auteure dans cet état d’esprit alarmant. Combien d’auteurs ont été brisés par ces charlatans ?

Alors oui, j’espère qu’un jour mon éditeur viendra. Un vrai éditeur qui saura m’accompagner. En attendant, j’ai choisi l’autoédition pour la liberté qu’elle me procure afin de rencontrer mes lecteurs comme bon me semble et pouvoir leur apporter la qualité qu’ils méritent. Et s’il y a des imperfections (hélas…), je suis à même de les corriger sans délai. Voilà pourquoi je suis friande de vos retours, chers lecteurs !

Autres lectures

Autres lectures durant ma pause forcée, ces deux romans « feelgood ».

Le dernier opus de Grégoire Delacourt d’abord, dont j’apprécie le style et le regard humaniste. Il y est question des gilets jaunes, d’autisme, de radicalisme religieux, de désespérance, de violence, d’impuissance… et surtout de rêves, d’amour et d’espoir. L’auteur s’emballe, c’est son style, il veut croire en une société plus juste, plus accueillante, que l’intelligence et la bienveillance gagneront. Un récit vibrant qui m’a emportée vers un monde méilleur.

Celui de Julien Sandrel ensuite, « la vie qui m’attendait », emprunté à ma mère à la veille de mon intervention chirurgicale, le titre certainement !, qui s’est révélé une belle surprise. A quarante ans, Romane découvre qu’elle a une soeur jumelle, Juliette. Comment est-ce possible ? Si les deux soeurs se ressemblent trait pour trait, leurs vies sont bien différéntes. Une réflexion sur la valeur de l’existence, sur la quête du bonheur et le courage de changer de vie.

Deux romans tendres et optimistes pour quelques heures de lecture apaisantes.

Une bien belle journée

Il n’est pas 5 h quand je m’extrais de mon lit. Migraine.

Dehors, il fait nuit. Pluie à verse.

La grille du métro est fermée. Panne du mécanisme, m’expliquent les deux agents qui s’escriment à la relever.

Je cours jusqu’à l’accès suivant. La pluie redouble.

Je m’égoutte sur le quai, les lunettes embuées, en attendant la rame.

À la station Gare de Lyon, l’escalier roulant est HS. Plutôt que d’en chercher un autre plus vaillant, qui sait ?, je saisis la poignée de ma valise et m’attaque à la longue volée de marches avec l’entrain d’un alpiniste en début d’ascension.

Au-dessus de la Seine, en plein milieu du Pont d’Austerlitz, une des deux roulettes de ma valise lâche. Il faut dire que la roulante n’est pas jeune.

Je la tire tant bien que mal, comme on remorquerait un avion posé sur un demi train d’atterrissage.  

Je monte dans le train trois minutes avant que le sifflet du départ retentisse. Ma montre ne va tarder à annoncer 6h.

Au fil des années, l’heure de ce premier train de la journée à destination de Toulouse via Limoges avance inexorablement, tandis que l’heure d’arrivée stagne. Il vaut mieux sans hésitation se rendre à Bordeaux qui se rapproche de Paris, elle, d’année en année. Mais c’est à Cahors que vit ma mère…

Tandis que le train s’ébranle, je change mon masque, déjà humide. Pose mes lunettes à cheval sur ma cuisse afin qu’elles sèchent elles-aussi. Et je somnole.

Je vais chercher un café un peu plus tard. Regagne ma place. Attrape un livre au fond de mon sac à dos, par habitude car je suis bien incapable de lire tandis que ma tête tambourine, ôte mon masque pour siroter le nectar fumant. Mes lunettes ne sont plus sur mon nez. Damned !

Je me lève brusquement craignant de m’être assise dessus – ça m’est déjà arrivée voyez-vous, renverse une partie de mon café sur mon jeans – il était mouillé, il le reste ; il était bleu, il se charge de marron ; il était frais, il devient chaud, mais pas au point de me brûler la peau, c’est déjà ça. La question des lunettes est la seule qui me préoccupe de toute façon à cet instant-là.

L’examen de mon siège ne révèle rien qui évoquerait de loin ou des près des prothèses d’œil, Mais où sont-elles passées que diable ? Quand mon regard balaie l’allée, remontant virtuellement le chemin accompli avant de me rasseoir, je les voie à quelque deux mètres de moi – vous remarquerez que je me débrouille sans elles, mais c’est quand même mieux avec ! – alanguies sur la moquette gris chiné.  Intactes. Pas piétinées, même pas bousculées. Un miracle.

Dans deux heures le jour se lèvera sur une bien belle journée.