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On ne peut pas vivre l’instant…

« Je parie que tu es écrivain. Ou apprenti écrivain. Ne t’étonne pas : j’ai appris à reconnaître les gens de ton espèce au premier coup d’œil. Ils regardent les choses comme s’il y avait derrière chacune d’elle un profond secret. Ils voient un sexe de femme et le contemplent comme s’il renfermait le clef de leur mystère. Ils esthétisent. Mais une chatte n’est qu’une chatte. Il n’y a pas à baver votre lyrisme ou votre mystique en y noyant vos yeux. On ne peut pas vivre l’instant et l’écrire en même temps.

— Bien sûr que si. On peut. C’est ça, vivre en écrivain. Faire de tout moment de la vie un moment d’écriture. Tout voir avec les yeux d’un écrivain et…

Voilà ton erreur. Voilà l’erreur de tous les types comme toi. Vous croyez que la littérature corrige la vie. Ou la complète. Ou la remplace. C’est faux. Les écrivains, et j’en ai connu beaucoup, ont toujours été parmi les plus médiocres amants qu’il m’ait été donné de rencontrer. Tu sais pourquoi ? Quand ils font l’amour, ils pensent déjà à la scène que cette expérience deviendra. Chacune de leurs caresses est gâchée par ce que leur imagination en fait ou en fera, chacun de leurs coups de reins, affaibli par une phrase. Lorsque je leur parle pendant l’amour, j’entends presque leurs « murmura-t-elle ». Ils vivent dans des chapitres. Un tiret de dialogue précède leurs paroles (…), en fin de compte, les écrivains comme toi sont pris dans leurs fictions. Vous êtes des narrateurs permanents. C’est la vie qui compte. L’œuvre ne vient qu’après. Les deux ne se confondent pas. Jamais. »

Ce texte est extrait du dernier roman de Mohamed Mbougar Sarr (lecture recommandée par mon amie Nicole), La plus secrète mémoire des hommes, qui vient d’obtenir le Prix Goncourt et dont j’aurai très certainement envie de reparler.

C’est la magie des textes réussis de mettre des mots sur des situations, des émotions qu’on a connues, de les faire remonter dans sa mémoire, de leur donner de la matière. En lisant cet extrait, je me suis revue à l’hôpital (loin d’une scène d’amour !) il y a quelques mois en train d’imaginer la façon de décrire ce que je vivais, d’en construire des phrases. Je percevais qu’il s’agissait pour moi d’écrire ces instants douloureux pour ne pas les vivre vraiment. De me placer en observateur pour ne pas en être le sujet. Ah ça, j’en ai mis dans mon récit mental des tirets, des « pensa-t-elle », des « dit-il », des silences et des bruits de crocs dans le couloir !

Page auteur sur Facebook

Photo de Anna Shvets provenant de Pexels

Depuis quelques mois, je suis dans un mood ménage, j’en ai déjà parlé. Je trie, je répare, je recycle (surtout pas de gâchis).

A chaque chose, sa case ; à chaque case, ses choses. Mon profil Facebook n’y échappe pas. Jusque-là il était ouvert à (presque) tous, aux copines comme aux curieux, aux amis d’enfance comme à des confrères auteurs. Evidemment je veillais scrupuleusement à ce que j’y affichais ! Pour le réserver dorénavant aux seules publications personnelles, je viens de créer une page auteur qui, elle, relaiera mon actualité littéraire.

Je vous invite à vous abonner à ce nouveau lieu de rendez-vous : Fabienne Vincent-Galtié – Auteur.

Upcycling

Image par congerdesign de Pixabay

Lors d’une promenade dans le centre-ville, je suis entrée dans une boutique éphémère. L’une des exposantes proposait des créations en upcycling. Des pièces de tissu (rideaux, nappes, draps, foulards…) achetés chez Emmaüs et transformés par ses soins en vêtements. Si cette pratique a désormais le vent en poupe, dans un esprit développement durable, elle n’a rien de nouveau. Nos aïeules avaient cette sagesse et les savoir-faire nécessaires : elles recyclaient ! Les pulls étaient détricotés, la laine lavée et retricotés, les boutons décousus avant de donner un effet, on assemblait, on raccommodait avec ingéniosité et créativité. Les vêtements des adultes étaient retaillés pour les enfants, ceux des ainés pour les plus jeunes, les vieux lainages servaient de bourre à coussin, les tissus fin de doublure… Le recyclage était infini. J’en parle justement dans la nouvelle Point à la ligne de mon recueil éponyme :

« C’est elle (NDLR : il s’agit de la mère d’Adrienne, l’héroïne) qui préparait les repas en prenant bien soin d’éplucher le plus finement possible les pommes de terre, reprisait les chaussettes, cousait des sacs dans les vieux draps pour emballer des aliments ou du linge, ou encore coupait des serviettes hygiéniques pour ses deux filles et elle dans les draps de bain élimés. »

Upcycling aujourd’hui, usage de bon sens autrefois.

Le renard qui lit

Par Hera de Herakut – 2021

J’étais passée devant sans la voir, cette oeuvre de street art de Hera de Herakut qui orne depuis quelques semaines une façade de ma librairie favorite, Millepages à Vincennes. C’était bien dommage, elle mérite qu’on s’attarde à la regarder.

Les enfants demandaient au renard comment s’évader au quotidien. Il répondit : c’est facile. il suffit d’ouvrir un livre.

Le monstre de verre et de béton

Zoom sur ma robe Little Marcel

Le motif imprimé de ma robe m’évoque l’immeuble qui fait face à celui dans lequel habitent Virginie, Adrian et Greg, les héros de mon roman Le voisin du 7e. A chaque fois que je la sors de l’armoire, ça ne rate pas !

Cet immeuble-là ! Extrait, un seul pour ne pas tout dévoiler :

Puis il (pour ceux qui ne suivent pas, il s’agit de Greg, le fameux voisin du 7e 🙂 )sirote sa tasse de café, debout, en contemplant l’immeuble de verre à travers la vitre de la porte-fenêtre. Il scrute les balcons à la recherche d’un œil curieux. En vain. Ce monstre, c’est celui de sa vie. Un monstre dont il ignore le dessein mais qui est là, près de lui. Aussi impénétrable qu’immuable.   

Une autre époque lotoise

Tout juste terminée la lecture de Nature humaine de Serge Joncour. Quelle surprise de retrouver mon enfance lotoise ! En vrac, entre Cahors et Cénevières, le déclin de l’agriculture traditionnelle, l’attrait des jeunes pour la ville et le dilemme insoutenables des enfants de paysans, l’arrivée du portable, les magnifiques paysages du Causse lotois, les activistes du Larzac, la construction de l’autoroute, la discothèque le Sherlock, la découverte de vestiges gallo-romains, la tempête de 1999… tout y est ! C’est d’abord un roman qui retrace 30 années d’une époque, de mon époque, et en dépeint avec humanisme les acteurs.

Ce livre va parler à ma mère, c’est sûr, et éclairera mes enfants sur ce qu’on a vécu et nous a forgés. Merci ma Geneviève de cœur pour ce cadeau si bien choisi.

Nouvel ordi, ça repart !

Et voilà, mon nouveau PC est prêt pour quelques années d’aventures avec moi (je croise les doigts). Je vais pouvoir reprendre l’écriture dans quelques semaines, j’espère, sur son doux clavier quand j’aurai terminé mon traitement médical, et d’ores et déjà rédiger des posts plus régulièrement. Il n’y a plus qu’à comme dirait le grand Yaka !

Un grand merci à mon fiston qui a configuré l’engin parce que moi je suis nulle pour tous ces trucs-là !

Et sinon, le retour du soleil c’est pour quand ?