Tous les articles par Fabienne Vincent-Galtié - Auteure

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Le hasard peut tout changer dans la vie, a écrit, sur ce blog, il y a quelque temps déjà, une amicale lectrice au sujet de Point à la ligne.

Bonsoir Fabienne, Je viens de tourner la dernière page du recueil de nouvelles que tu as écrit et je m’empresse d’écrire ce petit mot sur ton blog. Merci pour ce petit bonheur de lecture. J’ai adoré ces instants de vie de chacun des personnages avec une préférence pour l’histoire de Constantin et Adrienne. Comme quoi…des petits riens, le hasard peuvent tout changer dans la vie… Un recueil de nouvelles qui booste, qui apporte de l’espoir et donne le sourire. J’ai hâte de lire tes prochains écrits. Bonne soirée, Sandrine S.

Voilà bien le fil rouge de Point à la ligne et de Merci Gary Plotter. Dans ces deux livres, c’est les rencontres qui font avancer les héroïnes dans leurs quêtes. Rencontres avec des écrits, rencontres avec des personnes, hasard des circonstances. Tout peut arriver et j’aime à y croire.

dessin-ecrivainDécidément, M. Ochin (fondateur et directeur des Editions Abordables, auteur également), nous sommes en désaccord sur bien des points !  Je viens de lire cette phrase dans une de vos interviews : « Pour moi le terme écrivain s’emploierait pour une personne qui aurait écrit au moins quinze romans, je suis donc plutôt auteur. », et vos propos m’interpellent. Je sais, hélas, puisque vous m’avez, il y a quelque temps déjà, fait part de votre théorie, qu’il ne s’agit nullement d’une maladresse de votre part ou de celle de l’interviewer.  Alors, je m’insurge. Non ! définitivement, non !, il ne peut être question de quantité ! 

Est-ce que Muriel Barbery, l’auteure du magnifique L’élégance du hérisson, qui n’a écrit, je crois, à cette heure « que » quatre ouvrages n’est pas une talentueuse écrivaine ? Que dire d’Aurélie Valogne aux millions de lecteurs qui vient de signer son cinquième roman ? Delphine de Vigan, Elena Ferrante, Joël Dicker… et je pourrais citer bien d’autres romanciers, connus et appréciés, qui n’ont pas écrit les quinze romans requis selon vous. Ils sont écrivains, tout simplement parce que leur talent d’écriture est reconnu par des lecteurs, de très nombreux lecteurs.

Ah, le lecteur, vous avez tellement tendance à l’oublier…

Auteur ou écrivain, la question d’ailleurs n’a pas vraiment d’importance et je ne la soulève que pour dénoncer vos propos. L’essentiel n’est-il pas de se sentir « écrivain », qu’on vive de sa plume ou non ?

 

 

boite bonheur
Une boîte à bonheur qui aurait pu être celle offerte par Juliette

Aujourd’hui c’est la fête des pères. Trois semaines après la fête des mères (le plus souvent c’est seulement deux semaines), comme dans la nouvelle Les petits mots de mon recueil de nouvelles Point à la ligne. Trois semaines pour que les deux héros, Luce et Charly, soient poussés à une part d’introspection grâce à la boîte à bonheur offerte par Juliette à l’occasion de la fête des mères. Et qu’ils donnent à leur couple un nouvel élan.

Bonne fête à tous les papas !

 

Extrait, quand Charly découvre son cadeau à l’occasion de la fête des pères (et c’est ainsi que se termine la nouvelle) :

Allez, papa, ouvre ton cadeau !

Je fais glisser le ruban, décolle les adhésifs et ouvre en grand le papier. Apparaît un petit cube en plastique transparent, fendu sur la moitié de sa hauteur et garni d’un cadran de montre à l’avant. Devant mon air interrogateur, Juliette précise :

« C’est un porte-photo pour ton bureau, papa. Tu y mettras notre photo, et comme ça, le soir à ton travail, tu regarderas l’heure, tu nous verras tous les trois et tu penseras qu’il est temps de rentrer à la maison et de t’occuper de maman et de moi. »

« Merci Juliette », lui disons-nous en chœur, Luce et moi.

Pourquoi remercions-nous tous les deux, c’est pourtant seulement la fête des pères, non ?

 

 

 

Dois-je déclarer Point à la ligne comme un roman ou un recueil de nouvelles ? C’est la question que je me suis posée et que j’ai partagée avec mes proches une fois le manuscrit bouclé.

Un roman ? Oui, car il y a une unité de temps et une relation entre tous les personnages. Non, car les narrateurs sont différents d’une histoire à l’autre.

Un recueil de nouvelles ? Oui, car les 4 histoires peuvent être lues séparément. Non, car la structure de chaque histoire s’apparente plus à celle d’un mini-roman qu’à celle d’une nouvelle.

Alors, roman choral, polyptyque romanesque ? J’ai opté pour le recueil de nouvelles. Grégoire Delacourt (ou son éditeur ?) a choisi le roman pour Les quatre saisons de l’été, alors que la construction de la narration est semblable à la mienne.

Cette question peut paraître anodine car, franchement, le genre ne change rien à la lecture. Pourtant, un roman et un recueil de nouvelles ne sont ni édités par les mêmes maisons, ni référencés de la même façon par les librairies, ni même abordés pareillement par les lecteurs. Alors bon ou mauvais choix ?

 

8Dans l’association où je travaille, nous mettons nos murs à disposition d’artistes amateurs pour des expos de quelques semaines ou quelques mois. En ce moment, c’est Philippe Ferret qui expose ses oeuvres 3.0 sous le titre Prenez place. Autour des parcs et jardins, sa passion, cet artiste écrit des articles, photographie, et réalise, à partir de ses photos, ces oeuvres numériques. Un régal !

Esprit impressionniste est le titre de cette oeuvre que j’ai choisi d’exposer dans mon propre bureau. Je m’imagine assise sur ce banc-brouette, contemplant la surface de l’eau et les feuillages mouvants, trouvant dans cette quiétude une inspiration foisonnante.

« Prenez place », c’est d’autres sièges, d’autres lieux bucoliques où s’asseoir, se nicher, s’installer pour écrire, penser, méditer, respirer, discuter… Un bonheur simple !

 

Toutes les oeuvres de Philippe Ferret sur ce thème sont visibles ici : Prenez place

plaque-egoutUne initiative à saluer, ces plaques, puisqu’il faut parfois rappeler l’évidence : Ici commence la mer ou le fleuve ou la rivière ou le cours d’eau. Et, non, les bouches-à égouts ne sont pas des poubelles à mégots, à papier et autres joyeusetés pour la nature.

plaque-ici-commence-la mer

marque-pageLes marques-pages, il y en a des tas de modèles, en carton, en tricot, en dentelle, en métal… C’est un support de création qui inspire depuis longtemps et sans faiblir semble-t-il. Chaque lecteur a le sien, les siens, des préférences à ce sujet du moins. Les marques-pages s’offrent et s’égarent. Certains sont recueillis par des bibliothèques collectionneuses, d’autres font le bonheur, ou pas, du lecteur suivant. D’aucuns passent de livre en livre sans jamais changer de main.

Moi, j’utilise pour marque-page un morceau de carton ou de papier du moment, un billet de train (ça, c’était avant !), un ticket de ciné ou de théâtre, une carte postale, une note de resto, une étiquette de vêtement… et je l’y laisse, la dernière page du livre tournée. Ainsi quand je reprends le livre, j’ai le plaisir de redécouvrir une trace de ma lecture passée.

gingembreAlléger ou libérer son style, rendre plus percutants ses textes, trouver sa voix… l’obsession des apprentis écrivains. « Lisez L’homme de gingembre de J.P. Donleavy, m’a conseillé très récemment Jérôme, un éditeur.  Il a été révélateur pour moi. »

Quelle surprise ! Une claque plutôt.  J’ignore tout de cet écrivain (1926-17) et si ses livres postérieurs sont écrits dans le même style, mais quel style !  J’imagine qu’il a été étudié et re-étudié par des générations d’étudiants en littérature. Un mélange d’art brut et d’impressionnisme si je pouvais oser un parallèle avec la peinture.

Extrait : Assise-là, face à moi, allumant des cigarettes. D’habitude, n’aime pas qu’on fume. M’aperçois qu’en ce moment tout me paraît bien. Au bout du tunnel, soudain, la lumière. Très chrétien. Lumière qui indique la voie. A cette pensée, il m’est arrivé d’entrer dans l’église de Clarendon Street, pour prier et parfois voir s’il y faisait plus chaud, et, après un moment d’immobilité, pour me détendre un peu. Je subis d’horribles tensions ; dans cette nostalgie catholique et irlandaise, j’étais pris d’une légère mélancolie et d’apitoiement, à considérer l’après et l’avant. J’y puisais souvent la conviction que j’allais vraiment gagner un peu de fric. Sais pas pourquoi le fric débarrasse de la mélancolie. mais c’est un fait. Ah ! Christine. Comment es-tu là-dessous ?

D’une phrase à l’autre le narrateur change, la pensée oscille, la lecture est compliquée, et le lecteur comme maintenu en apesanteur dans ce bric-à-brac littéraire. Et c’est parfait ainsi car en traitant un sujet aussi plombant, aussi glauque que la vie de débauche du héros et de son ami, l’auteur entraîne son lecteur sur un chemin tourmenté et obscène qui serait certainement plus insoutenable sans ces accents poétiques.

 

 

livre-inconnu« Bienvenue à bord ! », c’est sur ces mots* que se termine la première version de mon prochain roman, Le voisin. Car, enfin, je viens de boucler ce premier jet. Je pourrais m’en réjouir, me dire que le boulot est bien avancé, mais il est trop tôt.

Durant ces mois d’écriture, j’ai fait connaissance avec les personnages de ce roman. Je sais maintenant ce qu’ils ont dans la tête car, croyez-moi ou non, je l’ignorais jusque-là. J’en avais bien une vague idée mais ils m’ont surpris. Surtout Greg, je dois dire, le fameux voisin.

Alors il me reste à réécrire cette version deux, dix ou vingt-cinq fois, qui sait ?, en cherchant la meilleure formule, pour que les personnages trouvent exactement leur place et que toutes les pièces de l’intrigue s’emboîtent parfaitement. Comme lors de la construction d’une maison, c’est les finitions qui prennent le plus de temps.

Seule certitude, le gros oeuvre étant terminé, c’est que l’ouvrage existe déjà. Et dans quelque temps, vous serez les bienvenus à bord, patience !

* Qui seront peut-être réécrits…

meuble-breton2La semaine dernière encore, j’étais en Bretagne et vraiment j’aime cette région. Pourtant, elle a longtemps été pour moi une contrée lointaine, deux noms dans mon arbre généalogique maternel et quelques meubles foncés. Certaines familles ont leur oncle d’Amérique, moi j’ai cet arrière-grand-père vannetais. La seule branche « exotique » de mon double arbre lotois.

La frêle branche n’a pas survécu, plus aucun Guillanton ni Guillevic, dans ma famille, étouffée par le poids de la sécularité lotoise. Il ne reste plus que les meubles, foncés et chargés, ô combien, de motifs sculptés. Absolument typiques dit-on. De Vannes, ils ont émigré à Paris, puis à Prayssac (mon fief lotois maternel)) en suivant mon arrière-grand-père. Ma mère les a pris à Cahors, avec elle, ne pouvant se résoudre à abandonner cette part de son héritage. Et après elle, où iront-ils ?

La Bretagne, c’est, maintenant pour moi, surtout un goût de vacances et de randonnées côtières. Mais à chacune de mes visites, je ne peux éviter de penser à cet arrière grand-père, Louis Guillanton, que je n’ai pourtant jamais connu, et à ses meubles, certainement les derniers vestiges de cette mémoire familiale.