Archives mensuelles : novembre 2023

Feuilles d’automne

Des monceaux de  feuilles partout, c’est l’automne qui se déshabille pour laisser l’hiver endosser son manteau de givre et de neige.

J’aime marcher sur ces tapis marron mordoré, soulever quelques feuilles à chaque pas, shooter dedans, les entendre craquer. Elles sentent les champignons, la tourbe et les feux de cheminées.

Et parfois aussi les ramasser.

Mais tout le monde ne les aime pas. Je viens de rencontrer un train de marchandises qui ne les appréciait pas du tout. Je vous le raconterai dans quelques jours, promis !

Mauvais coups de dés

Nous connaissons tous des moments galère où rien ne semble fonctionner comme il faudrait. Je vous ai déjà raconté un voyage en train émaillé de péripéties. Il y a quelques jours, j’ai à nouveau connu une paire d’heures embarrassante.

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En panne de drogue depuis une petite semaine, je partis en sifflotant, bravant la pluie et le vent, me réapprovisionner dans le quartier chinois de Belleville. N’ouvrez pas grand les yeux, je n’ai pas dit à Barbès ou La Villette ! Il y a drogue et drogue. Pour ceux qui l’ignorent, mes drogues à moi sont au nombre de trois, au moins, l’optimisme, le chocolat et une décoction de plantes que me prescrit un praticien en pharmacopée chinoise, et que je ne peux acheter que dans une herboristerie spécialisée.

RER plutôt que métro

Premier obstacle de cette virée dans le nord-est parisien, un rideau de fer devant ma station de métro. Coup d’œil à l’appli de la RATP, que j’aurais dû consulter avant de quitter mon domicile, coupure de la ligne sur quelques stations en raison « d’un malaise voyageur ». Reprise du trafic annoncée dans la demi-heure. Jamais encore vu ça, qu’une station ferme pour un simple malaise, c’était louche.

Je revins sur mes pas pour prendre le RER. A Nation, je bifurquai sur la ligne 2. Tout allait bien jusqu’à ce qu’une femme s’assoie face à moi et se mette à tousser par à-coups comme un vieux diesel – c’est du moins l’idée que je me fais de ce type de véhicule. Je crois l’avoir regardée de travers avant de sortir un masque de mon sac. J’aurais dû me protéger avant…

Porte close à Belleville

Dans le 20e asiatique, toujours la même agitation. Il faut supposer ce quartier, comme d’autres, imperméable aux aléas climatiques. En remontant la rue de Belleville, j’observai à nouveau l‘oeuvre de Ben, constatai que l’accrochage de la pancarte n’était toujours pas terminé (c’est fait exprès ? Ah bon !). J’avais encore le nez en l’air quand je me heurtai à une deuxième porte close, celle de l’herboristerie.

En l’absence d’affichage, j’appelai Google à l’aide. Il ne ferme jamais sa porte celui-là. Ouverture réduite cette semaine à quelques heures par jour du lundi au jeudi. Et on était… vendredi ! Pas de chance.

Je repassai devant l’accrocheur velléitaire de pancarte sans le regarder tout à mes pensées sombres.

Ni métro ni RER

Je repris le métro dans l’autre sens sans oublier cette fois de cacher mon visage derrière un masque. En arrivant à Nation, je regardai l’heure et, la demi-heure étant très largement passée, me dirigeai vers la correspondance de métro. Mais  un ruban de plastique rouge et blanc m’arrêta net. Mince. Le « malaise voyageur » n’était pas terminé. Il a dû mal tourner, je me dis, tout en repensant à la grille devant ma station de métro… C’était pas un malaise, c’est tout. Encore un bobard de la RATP.

Quelles que soient les raisons de la fermeture, il me fallait reprendre le RER.

Je rebroussai chemin encore une fois. Mais là encore mes pas furent stoppés par un ruban dont le rouge criait lui aussi Ne me franchissez pas sous peine de  sanction !

Pas d’autre solution que de remonter à l’air libre où le vent et la pluie me fouettèrent le visage. J’aurais dû chausser des baskets plutôt que des mocassins légers. Et me vêtir un peu plus chaudement. Mauvaise appréciation. J’avais faux sur toute la ligne.

Un bus en sauveur

Il me restait un peu plus de deux kilomètres à parcourir pour retrouver la tiédeur de mon appartement. L’arrêt de bus le plus proche était blindé de silhouettes encapuchonnées et gonflées par les épaisseurs de lainage ou le vent. Un bus direction Château de Vincennes était annoncé dans les cinq minutes. Coup de chance.

Les pieds gelés, me cachant derrière des cirés pour éviter les éclaboussures, j’attendis parmi les voyageurs en peine qui s’interrogeaient Mais qu’est-ce qu’il se passe ? Ils ont dit qu’il y avait quelqu’un sur la voie, dit l’un. Un malaise voyageur, non ? dit un autre. Moi j’ai entendu Accident grave, objecta le troisième. Mais le RER et le métro ne passent pas par la même voie, observa le quatrième. Comme moi, ils n’ en savaient rien et toutes les suppositions étaient possibles.

Quand le véhicule se présenta, je jouai des coudes, marchai à petits pas comme un manchot, coincée dans la foule, pour y monter.  Serrée mais au sec, je regardai d’un air compatissant les malheureux  restés sur le trottoir. Un bus suit dans deux minutes, leur lança le chauffeur. Je me réjouis pour eux. Mais je déchantai presque aussi vite. Vous avez bien compris que le terminus est Cours de Vincennes ? Des voix s’élevèrent. On n’avait rien compris du tout, c’était quoi ça encore ! Le prochain bus, c’est pareil. Terminus Cours de Vincennes. Le brouhaha se poursuivit le temps que le bus reprenne sa route. Personne n’était descendu.

Il y a dans le Parisien standard un ressort de cassé, celui de l’indignation du quotidien. Il râle, il bougonne, il est triste, c’est sa façon de résister, lui qui ne trouve même plus anormal de passer une heure dans un bouchon sur le périphérique, deux heures dans le train pour traverser la ville, de rentrer chez lui après 22 heures, de parcourir à pied deux kilomètres pour palier les ruptures de transport en commun. Un quotidien exténuant, des conditions regrettables dont il s’accommode.

Quelques centaines de mètres plus loin, les portes du bus s’ouvrirent. Terminus !

Marcher en dernier ressort

Tous les passagers descendirent sans rechigner, sans même interpeler le chauffeur. Preuve qu’ils digèrent vite. Des têtes se tournèrent, à droite, à gauche, pour tenter de saisir un providentiel moyen de poursuivre la route. Et la foule s’ égrena.

Il me restait un gros kilomètre à parcourir. Je tirai ma capuche en avant, rangeai mes lunettes dans ma poche, acceptai pour de bon que mes chaussures fassent baignoire et  le bas de mon pantalon serpillère, et j’avançai d’un bon pas.

Un détour chronophage

Mouillée pour mouillée, je jugeai préférable de faire un petit détour par ma supérette de quartier pour ne pas avoir à ressortir en fin d’après-midi. Besoin de trois bricoles, et de chocolat aussi, vous l’avez compris, en bonne camée. Ca n’aurait dû me  prendre que cinq minutes, mais c’est toujours pareil, les bricoles s’aimantent. On en saisit deux et y’en a douze qui vous sautent dans les mains ! Pire que des puces.

Je me présentai enfin à une caisse automatique, un miracle qu’elle soit disponible,  les bras chargés et m’appliquai à scanner les articles les uns après les autres avant de les poser sur le plateau, tandis les files s’étiraient aux caisses manuelles. J’étais ravie de ma bonne fortune, j’allais pouvoir rentrer chez moi sous peu.

De file en file

C’est quand il fut question de payer que l’affaire se gâta. Carte refusée. Carte refusée. Hors service. Trois essais et au revoir ! Au-dessus de la caisse, la lumière verte rougit de colère, alertant le vigile. Encore ! dit-il. Elle bugue depuis ce matin, il vous faut changer de caisse, je n’ai pas d’autre solution. Nous balayâmes du regard les autres caisses. Sur les six, cinq étaient désormais en panne. Et une douzaine de personnes attendaient leur tour.

Je fis signe au vigile, quémandant un passe-droit. Placez-vous derrière le monsieur, m’accorda-t-il conciliant.  Mais heu…, vous pouvez payer en espèces ? Cette caisse n’accepte plus les cartes bancaires.

Je crois bien ne pas avoir répondu, même pas cillé, juste adopté un air de chien battu, avoir repris tous mes articles et être allé grossir la file de la caisse manuelle la plus proche. Je ne dis pas que l’envie d’abandonner tous mes achats sur un bout de gondole ne m’a pas effleurée. C’est peut-être le chocolat qui m’a fait tenir ou encore la perspective de rentrer bredouille-de-chez-bredouille. J’ai attendu stoïquement que mon tour arrive en regrettant de ne pas opté pour une caisse manuelle dès le début. Mauvais coup de dés.

Enfin !

Je finis par atteindre la caisse, par rentrer chez moi, aussi fatiguée que trempée. Je fis chauffer de l’eau pour le thé. Et engloutis la moitié de la tablette de chocolat.

Alors seulement je me dis qu’il fallait voir le bon côté des choses. J’avais bien marché, les nappes phréatiques se remplissaient, j’échapperai peut-être à quelconque contamination microbienne, la panne dans le métro n’était certainement que technique et ce goûter avait une saveur bien douce.

Photo : Michael Schwarzenberger de Pixabay

 

 

Mieux que des bonbons

Des livres pour enfant vendus 80 centimes à la sortie des écoles. C’est franchement mieux que des bonbons pour dépenser son argent de poche (et que les parents qui achètent des bonbons revoient leur copie aussi !) !

J’ai lu cette information dans La lettr’Optimiste de la Ligue des optimistes de France. Un rayon de soleil hebdomadaire que cette missive, que je lis depuis des années, porteuses de belles initiatives. Il y est donc question de l’association Lire c’est partir qui propose à la sortie des écoles, en itinérance, des livres pour enfants à tout petit prix pour promouvoir la lecture. L’association compte aussi quelques dépôts en France.

Moins d’un euro, c’est tout juste le prix de fabrication de l’ouvrage si je suis bien le discours de l’association. On pourrait débattre sur ce système. Ne vient-il pas entraver encore un peu plus la vente classique qui fait (mal) vivre auteurs et libraires ? Est-ce que les dentistes ne vont pas faire la gueule ? N’est-ce pas favoriser encore un peu plus le dérèglement climatique que d’utiliser du papier ?

Mais je dis bravo sans réserve. Les bienfaits de la lecture sur les enfants sont si évidents qu’il n’y a qu’à souligner le travail de cette association et souhaiter que les livres, peu importe d’où ils viennent, passent de petites mains en petites mains, se voient usés, cornés, tachés, déchirés… pour déposer dans les esprits de jolis petites graines de curiosité et d’imaginaire prêtes à germer.

Image par 10302144 de Pixabay

Le secret de la manufacture de chaussettes inusables

Il y a quelque temps, dans les rayonnages de l’entrepôt Emmaüs de Cahors, j’ai dégoté ce roman : Le secret de la manufacture de chaussettes inusables. Un drôle de titre et une couverture haute en couleur pour attirer le regard, un coup d’œil à la 4e de couverture – Ah oui, Annie Barrows, l’auteure de Le cercle des amateurs d’épluchures de patates, un roman épistolaire dont je garde un excellent souvenir – et j’ai empoché le roman.

Et je ne le regrette pas ! J’ai avalé les plus de 600 pages de cette saga familiale qui nous plonge dans la vie d’une petite ville d’Amérique lors de l’été caniculaire de 1938. La famille est celles des Romeyn, les anciens propriétaires de la manufacture de chaussettes, incendiée dans d’étranges circonstances. Cette famille pour le moins originale héberge dans sa grande maison une jeune femme de bonne famille forcée de travailler à la rédaction de l’histoire de la ville.

J’ai été littéralement entrainée par le récit, ses personnalités attachantes, le secret qui se dévoile peu à peu, le ton humoristique et l’instructif tableau de la société d’alors.

J’ai laissé ce livre à ma mère, j’espère qu’elle l’appréciera autant que moi !