Archives de catégorie : Humeur

Pensées en semi-liberté

pensée
Une pensée parmi tant d’autre.

En cette période de confinement, quelques pensées émues, amusées, reconnaissantes, ironiques ou horrifiées, en vrac, à la façon Prévert :

  • pour nos soignants bien sûr, exploités, agressés, épuisés et toujours en première ligne la fleur au stéthoscope. À épines ou non.
  • pour tous les caissiers des supermarchés qui regardent passer sans moufter des caddys aussi déraisonnablement chargés que des sherpas.
  • pour les intermittents du spectacle privés de leurs spectateurs alors que franchement on préfererait en rire de cette ambiance apocalyptique.
  • pour tous les commerçants « non alimentaires » qui se font des ampoules à force de se rouler les pouces. Les pharmacies restent ouvertes heureusement pour les sparadraps.
  • pour les entrepreneurs qui regardent fondre leurs effectifs, leur business, leurs bénéfices comme beurre au soleil.  Il n’y en aura plus pour les épinards. Et des épinards non plus certainement.
  • pour tous les chômeurs qui chôment encore plus. Seule consolation, ils se sentent moins seuls.
  • Pour les binoclards qui cassent leurs lunettes, les malentendants leurs audioprothèses. Pas de chance ! En attendant la  réouverture des opticiens et audioprothésistes, compassion accrue pour les personnes handicapées et respect de tout ce qui leur est indispensable (les trottoirs, les places de parking, les accès réservés…)
  • pour les personnes âgées, privées de visites. La distanciation, un bon prétexte pour s’abstenir, dans un premier temps, du bisou sur une joue qui pique ou sent mauvais. Mais le confinement, c’est raide. Même les prisonniers en quartier de haute sécurité ont droit à un parloir, non ?
  • pour toutes les personnes isolées qui le sont d’autant plus. Parler seul à haute voix, ça ne choque plus personne avec l’invention des oreillettes, c’est l’avantage ! Et ça peut meubler le silence.
  • pour tous les coiffeurs, barbiers, esthéticiens qui couperont, raseront, faucheront du poil quand le déconfinement arrivera. Tendinites assurées !
  • pour les parents qui jonglent entre télétravail et mômes déchainés. Les collègues, sont parfois lourdingues, mais ils ne braillent pas, eux.
  • pour les ados qui restent enfermés avec leurs vieux parents. « Les darons sur le dos toute la journée, c’est l’enfer, j’te dis pas ! », on le sait.
  • pour les couples forcés à cohabiter 7/7, 24/24. Un excellent avant-goût de la retraite. L’âge pivot à 70 ans, c’est finalement pas si idiot…
  • pour ceux qui se feront encore plus martyriser par leur conjoint parce qu’il faut qu’il (ou elle, c’est plus rare) se passe les nerfs sur quelqu’un et que le confinement c’est vraiment trop stressant. Parce que se faire cogner, ça l’est pas ?
  • pour les placards, armoires, bibliothèques, caves et jardins qui n’auront jamais été aussi bien entretenus. En période de guerre (c’est Macron qui l’a dit), on cherche à exterminer l’ennemi en principe, nous à tuer le temps. C’est plus cool.
  • pour les familles si le wifi, la playstation ou la télé a la mauvaise idée de rendre l’âme juste maintenant. Possible d’appeler le 15 dans ces cas-là ?
  • pour toutes les personnes qui étaient en train de sauter le pas (encore une expression bizarre) – déménagement, mariage, changement de boulot, opération médicale… Ils restent en l’air ou ils chutent quand le temps s’arrête ?
  • pour tous les amoureux séparés. Heureusement il y a Skype, WhatsApp, Teams, Facetime, Zoom… il y a quelques années seulement, ils auraient dû sortir du papier, un stylo, une enveloppe, un timbre, froisser trois ou quatre broullons, attendre quelques jours la réponse. Les nouvelles techno, c’est quand même pas mal.
  • pour tous les bouquins de fond de PAL qui vont enfin apercevoir la lumière. Sans cette oisiveté subie, ils s’y trouveraient encore dans dix ans. La pénurie rend moins difficile. Si on pouvait s’en souvenir longtemps…
  • pour les mendiants du métro, des gares et autres lieux habituels de passage. Plus invisibles qu’eux, tu meurs ! Sans aucune ressource aussi…
  • pour tous les migrants que les nations se repassaient comme des patates chaudes et qui sont devenus aussi invisibles que les mendiants précédents. Entre le Covid19 et le camp de réfugiés, vous choisiriez quoi, vous ? Aucun décret n’interdit de cumuler d’ailleurs.
  • pour tous ceux qui cachent l’inavouable à leur conjoint. Plus qu’une seule excuse possible pour gagner un peu de liberté : Aller acheter des clopes (ou des pâtes pour les non-fumeurs, une denrée très courrue en cette période semble-t-il), sans oublier de se munir de son attestation !
  • Pour ceux qui logent dans un dé à coudre, dans un squat, dans leur voiture, s’empilent à douze dans un deux-pièces ou dans un grand appart devenu étroit à force d’y stocker des pâtes (ne pas abuser de l’excuse précédente) et du papier toilette.  La créativité débridée qui va devoir être développée sous peine d’entretuerie ou d’overdose de psychotropes est un softskill qui pourra être valorisé après la crise.
  • pour tous les sportifs et autres agités corporels. Il va y en avoir des colonies de fourmis dans les membres ! Plutôt que d’acheter des pâtes, investissez dans un vélo d’appart ou un stepper. Ah mince, il fallait y penser avant !
  • Et à tous les autres, je souhaite la force du lion et la patience de l’anémone. Une expression asiatique parait-il. Chinoise peut-être…

    PS : Il sera intéressant d’analyser l’influence du confinement sur les taux d’infanticides, de parenticides, de féminicides, d’homicides, de conjointicides, de bellemèricides, de couplicides…, sur la courbe des addictions diverses, de consommation de psychotropes et de fréquentation des cabinets psy, de la hausse de l’obésité… De beaux sujets de mémoires, avis aux étudiants !

Rendez-vous

rencontre-banc
Fotomelia

À la radio, la voix d’Étienne Daho.

Il n’est pas de hasard,
Il est des rendez-vous,
Pas de coïncidence
Aller vers son destin,
L’amour au creux des mains…

Je pense à Marie, l’héroïne de Merci Gary*, le roman que je suis en train de corriger (encore et toujours).

Il n’est pas de hasard, il est des rencontres, pourrais-je écrire à son sujet.

* Actuellement publié sur Kobo sous le nom Merci Gary Plotter.

 

 

Le libraire d’Alger

librarie
 » Da Salah » est bouquiniste depuis des décennies.
Ici, dans son échope où s’accumule des « trésors », une boutique ouverte même le vendredi au haut de la Rue Didouche Mourad Alger.
Source  »page La Kabylie ». Cette publication a été partagée par Pascal Ninot sur le groupe Facebook Auteurs, faites comme chez vous,

Un dimanche matin froid et pluvieux. J’ouvre mon ordinateur, surfe sur mes sites habituels. Sur une page Facebook, un internaute a partagé la photo ci-contre. Elle m’amuse, je la commente.

  • Bonjour monsieur, je voudrais celui qui est sous la pile du fond, s’il vous plaît ?

À peine ai-je cliqué sur Envoyez qu’une réponse suit, postée par l’auteur du partage.

D‘accord Madame, ne bougez pas c’est un très bon choix, voilà. Cet ouvrage « La chieuse qui faisait ses courses chez moi » a connu un grand succès en Europe…

Je lui adresse un émoticone Je pleure de rire, car à défaut d’en pleurer, son à-propos m’a conquise. Puis je réponds.

Merci monsieur, c’est exactement celui que je souhaitais. Je recherche également « Le libraire bordélique qui ne doit pas vendre grand-chose à d’autres que la chieuse », vous l’auriez par hasard ? Peut-être sous la pile, encore ! , au fond à droite…

Un émoticône hilare arrive aussi sec, clôturant notre échange impromptu.

La grise matinée commençait bien finalement, avec cette pincée d’humour et une idée de nouvelle.

feuillesJ’aime balayer les feuilles mortes. Juste avant le petit déjeuner ou juste après selon la température extérieure.

Comme une manière de se débarrasser des petits soucis avant de commencer sa journée, d’ouvrir une page blanche.

 

Douceur de l’automne quercynois. Dans la vallée du Lot, entre vignes et noyers.

Photos prises le 26 octobre 2019 près du village de Douelle.

lavomatic
Image parIgor Saveliev de Pixabay

Une grosse couette à laver m’a valu une visite au Lavomatic. Ça faisait plusieurs mois que je n’y avais pas mis les pieds. Et chaque fois, ce lieu m’émeut.

L’odeur de lessive, si présente, peut-être. Plus certainement, c’est le face à face homme-machine, inconstant, symbolique, qui m’interpelle dans cet espace ouvert.

D’un côté, la déshumanisation : des automates, des hublots, des paniers métalliques, du carrelage gris béton, des murs blancs de morgue, des panneaux aux consignes austères.

De l’autre côté, face à la rangée des hublots, parfois un homme, une femme, seul, seule, qui lit. Ou observe le linge tourner, comme on regarde les boules se mélanger dans la sphère du tirage du Loto, l’espoir infime de gagner en moins. Frêle silhouette perdue, comme désemparée, submergée par cette technologie d’inox.

Souvent, au contraire, des hommes et des femmes qui s’affairent, discutent, échanges quelques anecdotes, des bons plans. Des étudiants, des mal logés, des mères de famille, chacun son linge, chacun ses soucis qui, eux, ne se lavent pas. Dans cette atmosphère tropicale qui sent bon le propre, des humains avant tout. Les machines alors s’effacent.

 

horloge
La grande horloge du musée d’Orsay qui m’impressionne toujours autant !  Image parvalentinsimon0 de Pixabay

Le temps me joue des tours. Il ne peut en être autrement.

Mon agenda m’échappe, me tombe des mains, mes nuits de sommeil s’évanouissent, les minutes s’envolent, les heures me glissent entre les doigts comme du sable sec.

À croire que chaque journée rivalise d’ingéniosité pour grappiller le temps qui me permettrait d’écrire.

Voiture à reconduire au garage trois fois d’affilée pour le même dysfonctionnement (si !), grève des trains inopinée en Occitanie (selon le terme utilisé par la SNCF sur son panneau d’affichage le 18 octobre en gare d’Austerlitz, moins drôle que grève surprise), des documents officiels mystérieusement envolés qu’il me faut remplacer, des points de suture à deux heures du matin pour mon fils… Mais que se passe-t-il ?

Chacun sait la vie surprenante, je la crois fantastique, pour le pire et surtout le meilleur, et ce n’est pas Marie l’héroïne de Merci Gary qui me contredira.

 

 

 

Cahors_pont_valentre_pano (1)Le pont Valentré est l’emblème de Cahors. Il faut dire qu’il en impose ce bâtiment médiéval ! Et comme bien des monuments anciens, une légende lui est attribuée. Pour se convaincre qu’elle est vraie (comme toutes les légendes, évidemment), il n’y a qu’à observer le petit diable agrippé à l’une des pierres de la tour centrale, juste sous le toit. Pas de chance, vous ne le verrez pas sur cette photo, même en loupe 300 000x, il se trouve sur la façade opposée, celle qui regarde le Lot vers l’aval.

J’ai utilisé cette légende dans la nouvelle intitulée Rencontre e-nattendue du recueil Point à la ligne parce qu’elle m’est familière, ayant accompagné mon enfance, et pour entraîner Violette, la geek héroïne de la nouvelle, vers un univers bien différent du sien.

page officielle du Pont Valentré