Archives mensuelles : juin 2025

La maison qui se déshabille

UN RECIT COURT qui suit Le jardin abandonné

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La maison a été vendue. Il lui faut se dénuder avant de revêtir ses nouveaux atours. Les acquéreurs ont leur propre histoire à écrire. Et déjà des pages et des pages de souvenirs qu’ils vont apporter avec eux et déposer dans ce nouveau lieu.

Déshabillez-moi

La maison est coquette, se déshabille avec lenteur comme une stripteaseuse. Ah ça, elle en a des effets ! En plus de cinquante ans, elle a accumulé des jupons, des brassières, des bijoux en quantité , des accessoires à foison. Conservatrice par nature, elle a tout gardé, ou presque, de ses jeunes années aux plus récentes.

Mouvements de bras et déhanchements ne sont plus pour elle, c’est avec des sourires engageants et des éclats bienveillants dans les yeux qu’elle accorde un fauteuil à Charles, un tapis à Béatrice, un service de vaisselle à Pétra.

Mais pas trop vite

Elle résiste un peu aussi. Chaque meuble retiré laisse des traces comme des sparadraps arrachés.

Se montre facétieuse, dévoilant une photo coincée derrière une étagère, une inscription au dos d’un tableau. La coquine gardait certains menus secrets.

Quelques tours de scène et elle est nue dans son manteau de verdure bruissant et gazouillant. Ah ce jardin ! Avec lui, elle n’est ni seule ni vraiment dévêtue. Les chats et les écureuils veillent sur elle ; les chants des oiseaux et les ramures d’été, chargées à bloc de feuilles et de bourgeons, l’habillent d’un voile de pudeur. Ainsi parée, elle n’a pas froid, même la nuit.

Pour la prochaine danse

C’est une vieille dame couverte de rides, de cicatrices, de tâches. Elle ne serait pas belle à voir en tenue d’Eve sans le jardin qui fait d’elle une reine en toute circonstance. Et bientôt elle dansera dans ses nouveaux habits, et peu importe qu’elle souffre d’un peu d’arthrose.

On laisse un peu de soi

« Comment allez-vous faire, mes filles, pour vider cette grande maison ? »

« On y est arrivés, Maman, on a vidé la maison, emmagasiné des tas de souvenirs, confié des fragments de ta mémoire et de celle de Papa à vos proches et laissé un peu de notre âme à tous entre les pierres. Cette maison est prête pour une autre histoire, maman, tu n’avais pas à t’inquiéter, on te l’avait dit. »

Ainsi passent le temps, la mémoire et les Hommes.

 

Disco

Disco, I’m coming out, une expo à la Philarmonie de Paris qui rappelle aux plus tout jeunes 😧, et présente aux autres, les origines et l’expression de ce mouvement né juste avant l’apparition du Sida.  La revendication de l’inclusion, de la liberté, du droit à l’expression artistique pour tous était le maître mot. Une lutte qui résonne sinistrement à l’ère Trump.

Merci à mon amie Valérie de m’y avoir invitée.

 

 

 

La glycine enfermée

Un rameau de glycine s’est infiltré sous le toit verrière du gymnase. Par frilosité ? Par curiosité ? Désormais il y est enfermé et un jour il sera sacrifié. À moins qu’il ne grille d’ici là sous un soleil ardent.

En dessous des sportifs triment sans même un regard pour lui. On gaine, on gaine à fond ! On tient bon, encore une minute,  courage !

Drôle de situation.

Contraste encore

Après le contraste entre le plafond et les vitres du Palais de Tokyo, un autre qui m’interpelle.

Où se rend donc ce (cette ?) porteur(se) de ballons dans ce paysage de désolation ? A un mariage, un anniversaire ?

Des ballons porteurs de joie, d’espoir là où l’on n’en perçoit pas. Contraste des couleurs, contraste des émotions.

La Vie en Rose, une expo-photos de Véronique de Viguerie (lauréate Photographe 2006), proposée par la Mairie de Vincennes devant la station de RER jusqu’au 16 juin 25.