Karitas, L’art de la vie

Je vous ai parlé il y a peu de Karitas, ce roman en deux tomes de Kristin Marja Baldursdottir. Parce que je viens de terminer la lecture du second opus, j’ai envie de vous redire combien j’ai aimé me laisser embarquer dans cette aventure, entre l’Islande, Paris, Rome et New-York. Karitas est une femme libre ô combien, habitée par la nécessité de peindre. Cette impériosité intime la conduit à négliger sa famille, à renoncer au confort matériel, aux conventions, aux convenances. Souvent elle tangue dans ses choix, mais son fil conducteur, l’art, ne la lâche pas.  Une épopée sur plusieurs décennies, merveilleusement contée et un bel hymne à la liberté.

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Extraits 

Lorsqu’il vint nous chercher Silfa et moi, je n’avais pas dormi et étais peu bavarde. J’étais restée debout toute la nuit devant mon chevalet, à écouter la pluie mais avais été incapable de peindre. Un homme était entré dans ma vie, avait soulevé la poussière dans mon esprit, je ne savais plus que faire, étais-je tombée amoureuse, ou bien était-ce le sentiment confus de l’agneau orphelin élevé dans la ferme qui bêle après abri et sécurité ? Je ne pouvais penser à rien d’autre qu’à son regard et à ses mains chaudes lorsqu’il m’avait dit au revoir , cela me procurait une délicieuse satisfaction de me remémorer l’instant encore et encore, et à chaque fois je fabulais avec, nous voyais déambuler ensemble le long de la Seine comme des amoureux, nous asseoir sur un banc dans un jardin et nous embrasser, danser étroitement enlacés dans un restaurant peu éclairé, je venais d’entrer dans un hôtel avec lui lorsque la main du passé agrippa mon épaule et me retourna. – Page 162 éditions Points.

Je tablai sur le fait que sa mauvaise humeur était due à la faim, Bjarghildur n’avait jamais été portée aux grands discours le ventre vide, lui demandai si nous ne devions pas descendre tranquillement la rue d’à côté et nous prendre un déjeuner dans un bon petit restaurant. Elle ne prit pas mal la chose, il fallait par ailleurs tirer Silfa hors de la maison. Celle-ci ne prêta aucune attention à ma soeur et prit un air boudeur. Bjarghildur fit comme si l’enfant ne la concernait pas mais ne dit pas grand-chose en chemin, j’avais l’impression qu’elle était en train d’accumuler des informations dans son jabot comme la perdrix des neiges des graines de bruyère, de concocter une prédication qui serait déclamée à la foule plus tard, elle était silencieuse lorsque nous entrâmes dans la joyeuse salle de restaurant de Pierre. – Page 261 éditions Points.

 

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