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tenir-la-mainIl la tenait par l’épaule. Ils étaient quasiment de la même taille. Nous étions proches, eux et moi, dans cette rame chargée de fin de journée de travail.

Elle caressait son visage tandis que son autre main était agrippée à la barre. « Ca te va bien un peu de barbe » lui dit-elle en lissant du bout des doigts les quelques poils blonds de ce visage adolescent. « Tu fais moins jeune. Ma tante m’a dit que je t’avais choisi trop jeune ». Il la regarda en souriant, ses yeux bleus pétillaient de malice. Avec son polo porté sous un bomber et sa mèche rebelle, il avait un air de Tintin.   « Comment ça trop jeune ? Pourtant elle était présente à notre mariage ; je faisais pas homme dans mon costume ? » Elle le regarda avec amour.

La rame de métro ralentit. Il la serra plus fort contre lui. Leurs joues se touchèrent. Il déposa un léger baiser au coin de ses lèvres. Elle ferma les yeux un instant. Elle était aussi pâle que lui mais on devinait que sa carnation à elle devait beaucoup à un fond de teint. Ses cils étaient allongés et collés en petits paquets par une couche de mascara noir. Sa bouche était rouge carmin.Elle  n’avait pas d’âge.

Je réalisai alors qu’on ne voyait pas ses cheveux, cachés sous un foulard gris fer bien ajusté sous le cou et qui retombait en cascade sur son blouson en jeans.Ils firent un pas vers la porte et quand ils quittèrent la rame je remarquai sa longue jupe noire informe qui descendait à terre masquant même ses chaussures.

Je regardai songeuse leurs silhouettes s’éloigner sur le quai, main dans la main.

 

Ligne 9, ma 13899607833_ac4b9ae863_bligne 5 jours sur 7. Deux femmes viennent s’asseoir à côté de moi tout en poursuivant leur conversation, une aubaine pour elles ces deux places face à face.

Elles parlent fort. « Antony s’est cassé le bras en faisant du skate… »

« République » annonce la sono du train.

« Une méchante fracture ». Je ferme mon livre. « Il ne s’est pas déjà cassé la clavicule l’année dernière ? »- « Oui, c’est un vrai casse-cou, sa mère n’arrive pas à le faire tenir tranquille… »

« Strasbourg-St Denis »

« Il a quel âge maintenant ton petit-fils ? » – « Tout juste dix ans. » – « Mon fils, il s’est cassé pas mal de choses aussi quand il était gamin. Entre le ski et le foot, il avait toujours quelque chose de travers, et aujourd’hui il n’a aucune séquelle.  » – « Mais là c’est différent. Il a fait des examens complémentaires… »

« Bonne Nouvelle »

« … on lui a diagnostiqué un cancer des os. »