tenir-la-mainIl la tenait par l’épaule. Ils étaient quasiment de la même taille. Nous étions proches, eux et moi, dans cette rame chargée de fin de journée de travail.

Elle caressait son visage tandis que son autre main était agrippée à la barre. « Ca te va bien un peu de barbe » lui dit-elle en lissant du bout des doigts les quelques poils blonds de ce visage adolescent. « Tu fais moins jeune. Ma tante m’a dit que je t’avais choisi trop jeune ». Il la regarda en souriant, ses yeux bleus pétillaient de malice. Avec son polo porté sous un bomber et sa mèche rebelle, il avait un air de Tintin.   « Comment ça trop jeune ? Pourtant elle était présente à notre mariage ; je faisais pas homme dans mon costume ? » Elle le regarda avec amour.

La rame de métro ralentit. Il la serra plus fort contre lui. Leurs joues se touchèrent. Il déposa un léger baiser au coin de ses lèvres. Elle ferma les yeux un instant. Elle était aussi pâle que lui mais on devinait que sa carnation à elle devait beaucoup à un fond de teint. Ses cils étaient allongés et collés en petits paquets par une couche de mascara noir. Sa bouche était rouge carmin.Elle  n’avait pas d’âge.

Je réalisai alors qu’on ne voyait pas ses cheveux, cachés sous un foulard gris fer bien ajusté sous le cou et qui retombait en cascade sur son blouson en jeans.Ils firent un pas vers la porte et quand ils quittèrent la rame je remarquai sa longue jupe noire informe qui descendait à terre masquant même ses chaussures.

Je regardai songeuse leurs silhouettes s’éloigner sur le quai, main dans la main.

 

Deux nouvelles raisons d’écrire !

cartes

Cartes achetées à La Chaise Longue rue de Rivoli.

 

cat-photosIl n’y a pas que les mots pour raconter des histoires. Avec ses clichés en noir et blanc, mon amie Lydie nous révèle superbement son canal Saint-Martin, dessus et dessous.

Exposition ce week-end à l’Agence du canal, rue Beaurepaire.

http://lydiehacquet.wixsite.com/histoiresdl

118169_couverture_Hres_0Ce livre de Marcello Fois explore les relations entre deux jumelles. Ses propos tout en nuances et suggestions nous révèlent deux femmes tiraillées entre complicité et rivalité, tels des animaux sauvages.

À propos de l’une : « Soudain, elle prenait cet aspect de prédateur qui digère à l’ombre, après avoir nettoyé une carcasse. Fier, indolent, les pattes croisées. »

Au sujet de l’autre : « Elle était furieuse, mais envers elle-même, parce qu’elle savait qu’elle retomberait dans le piège. Qu’elle tenterait encore une fois d’avoir raison. »

Angela et Natacha, les deux jumelles héroïnes de mon premier roman, inabouti, sont ainsi, toujours prêtes à sortir les griffes mais inséparables. J’ai hâte de les retrouver…

Présentation de l’éditeur :

http://www.seuil.com/ouvrage/cris-murmures-et-rugissements-marcello-fois/9782021181692

Ligne 9, ma 13899607833_ac4b9ae863_bligne 5 jours sur 7. Deux femmes viennent s’asseoir à côté de moi tout en poursuivant leur conversation, une aubaine pour elles ces deux places face à face.

Elles parlent fort. « Antony s’est cassé le bras en faisant du skate… »

« République » annonce la sono du train.

« Une méchante fracture ». Je ferme mon livre. « Il ne s’est pas déjà cassé la clavicule l’année dernière ? »- « Oui, c’est un vrai casse-cou, sa mère n’arrive pas à le faire tenir tranquille… »

« Strasbourg-St Denis »

« Il a quel âge maintenant ton petit-fils ? » – « Tout juste dix ans. » – « Mon fils, il s’est cassé pas mal de choses aussi quand il était gamin. Entre le ski et le foot, il avait toujours quelque chose de travers, et aujourd’hui il n’a aucune séquelle.  » – « Mais là c’est différent. Il a fait des examens complémentaires… »

« Bonne Nouvelle »

« … on lui a diagnostiqué un cancer des os. »

 

 

 

Finituen-attendant-bojangles-223x330de, cette petite maison d’édition bordelaise, n’avait édité que 4 romans arrivés par la Poste quand le manuscrit d’Olivier Bourdeaut leur parvient. Coup de coeur. Avant parution, ils le proposent à des éditeurs étrangers. C’est un carton : avant d’être publié le livre est vendu dans huit pays, puis dix de plus… Folio achète les droits du format poche.

Les journalistes s’emballent, les libraires s’enflamment, le succès est au rendez-vous. Des centaines de milliers d’exemplaires vendus…

Le couple gérant la maison d’édition garde la tête froide. Il gère le succès, se débrouille pour produire suffisamment et engrange des capitaux  qui lui donneront la sérénité nécessaire pour éditer peu et bien comme il le souhaite depuis toujours.

Une belle histoire !

« En attendant Bojangles » est désormais dans ma liste des prochaines lectures…

Source : Le magazine littéraire, juin 2016 (Merci à Nicole !)

https://www.finitude.fr/index.php/livre/en-attendant-bojangles-2/

Visite au cimetière marin de Saint-Paul à la Réunion, connu pour sa situation remarquable en bord d’océan et les tombes de quelques personnages célèbres : des pirates, des artistes, des esclaves affranchis…  Dans ses allées bordées de cocoCimetière_Marintiers, il faisait bon se promener et lire les plaques. Des épitaphes, des vers, des prénoms, des noms… Et parmi eux, Elixene et Ariste, des prénoms oubliés qui portent en eux une puissance littéraire attrayante. 

Il ne reste plus qu’à inventer à ce couple une vie pleine de rebondissements.

Les 7 commandements de l’écrivain selon Roald Dahl

par LEXPRESS.fr, publié le 13/09/2016 et repris par Enviedecrire.com

Roald Dahl aurait eu roald-dahl 100 ans ce 13 septembre. Dans Coups de chance et autres nouvelles, paru en France en 2009, l’auteur prodigue quelques règles à celui qui rêve d’embrasser la carrière littéraire.

1. Avoir une imagination débordante

2. Savoir bien écrire

J’entends par là être capable de faire vivre une scène dans l’esprit du lecteur ; tout le monde n’a pas cette faculté. C’est un don, on l’a, ou on ne l’a pas.

3. Avoir de l’endurance

Autrement dit, il faut pouvoir s’attacher à ce que l’on fait, sans jamais abandonner, pendant des heures et des heures, des jours et des jours, des semaines et des semaines, des mois et des mois.

4. Être perfectionniste

Cela signifie qu’on ne doit jamais se satisfaire de ce qu’on écrit tant qu’on ne l’a pas récrit inlassablement, jusqu’à obtenir le meilleur résultat possible.

5. Avoir une grande discipline personnelle

On travaille seul. On n’est au service de personne. Personne autour de vous ne va vous renvoyer si vous ne vous mettez pas au travail ou vous donner un avertissement si vous négligez votre tâche.

6. Avoir un grand sens de l’humour qui vous sera très utile

Ce n’est pas essentiel lorsqu’on écrit pour les adultes, mais quand on s’adresse aux enfants, c’est essentiel.

7. Faire preuve d’une certaine humilité

L’auteur qui pense que tout ce qu’il écrit est merveilleux court au devant de graves ennuis.

 

 

 

Vu dans Les Echos Week-end d’aujourd’hui (17 sept).

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Entre découragement et hésitations, il est vrai que parfois la tentation me prend.

mkqhpmtme3c« Il est  fou ! » s’exclamaient mes amis à qui je confiais mes déboires avec « mon » éditeur.

Comme la plupart des écrivains en herbe j’étais pourtant alertée contre les éditeurs véreux, ceux qui rechignent à verser les droits, ceux qui ne respectent pas les créations…

Mais le primo-auteur, inconnu par ailleurs, doit prendre des risques, n’ayant guère d’autres choix que de s’adresser à de petits éditeurs. Il prie juste qu’il ne soit pas trop mauvais, espérant vendre quelques dizaines de livres (des centaines ?) si l’un d’eux s’intéresse à son oeuvre. J’étais donc préparée.

Quand un éditeur, m’a laissé un message favorable pour « Les écrits, c’est pas comme les paroles », un recueil de nouvelles, j’étais aux anges. J’allais bientôt tenir entre les mains le fruit de mon labeur !

J’ignorais que l’homme n’était qu’un hologramme, quelqu’un qui disparaît des mois « pour se reposer » (c’est ce qu’il a fait après son premier message), qui sait à peine écrire un mail, considère les SMS et les sites web comme des outils d’un monde futur  et qui n’a guère édité que lui-même. « Il faudra réécrire ces textes sous forme de contes » m’a t-il asséné au retour de son hibernation. Puis « J’ai besoin de vous pour superviser la mise en page d’un ouvrage que j’écris » ou encore « Il faudra me changer ce titre, on n’invente pas de mots en littérature ! ». Quand je bronchais, il le prenait de haut. Médusée devant ses demandes incohérentes, je m’accrochais toutefois, pensant que je ne n’avais rien à perdre, juste à gagner que mon livre soit édité.

Eh bien si, j’avais à perdre : du temps (deux ans d’errance tout de même), de la confiance en moi et surtout dans le milieu de l’édition. J’ai fini par prendre les jambes à mon cou. C’était il y a deux ans et « Les écrits » en est resté là.

Je refuse d’écrire le nom de cette créature, tout aussi orgueilleuse et mythomane qu’incompétente, pour ne pas améliorer son référencement sur la toile, mais si vous voyez apparaître un fantôme dont le nom commence par Z tout comme celui de sa boîte d’édition, passez votre chemin !